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Au fur et à mesure que le volume de la prostate augmente, la glande exerce sur l’urètre et la vessie une pression, tel qu’illustré sur le schéma ci dessous, comparable à celle d’un pied écrasant un tuyau d’arrosoir ou des doigts pinçant une paille. Cette pression peut entraîner une gêne à l’évacuation du flux des urines, contraignant la vessie à se contracter plus fortement pour chasser l’urine dans le canal de l’urètre.  Mais pousser pour uriner, bien que devenant rapidement inévitable, n’aboutit qu’à faire empirer la situation.

Comme tout les muscles de l’organisme, la paroi vésicale s’hypertrophie et s’épaissit quand elle travaille plus. Cet épaississement réduit la capacité du réservoir vésical : la vessie peut contenir une moindre quantité d’urines et sa paroi se contracte même lors-qu’elle contient de faibles quantité d’urines entraînant des mictions plus fréquentes . A un stade ultérieur l’altération de la paroi vésicale est telle qu’elle a perdu son élasticité et que le réservoir vésical est incapable d’assurer sa vidange complète.

Quand la prostate augmente de volume elle comprime l’urètre, le canal par lequel l’urine s’évacue hors du corps humain, et elle gêne le flux mictionnel. La vessie doit travailler plus pour se vider de l’urine qu’elle contient. A la longue, la paroi vésicale s’épaissit entraînant une réduction de la capacité vésicale.

Le rétrécissement du calibre de l’urètre et la vidange partielle de la vessie sont responsables de la majeure partie des troubles entraînés par l’adénome de la prostate (ou HBP=hyperplasie de la prostate). Le patient à l’impression de devoir uriner immédiatement après en avoir ressenti le besoin et il doit faire des efforts pour se retenir.

La force du jet s’affaiblit et le patient urine en plusieurs temps. La fin du jet n’est pas nette et des gouttes continuent à couler après la miction.

Le patient à l’impression de mal vider sa vessie après la miction. Il a besoin d’aller uriner fréquemment, parfois après un délai de quelques minutes. La nuit l’envie incessante d’aller aux toilettes l’empêche de dormir correctement et cette insomnie peut avoir un certain nombres de conséquences défavorables sur sa santé.

Certains hommes souffrent même d’incontinence urinaire du fait de fuites d’urines incontrôlables .

Il n’y a pas de parallélisme entre le volume de la prostate et le gêne ressentie par les patients. Dans certains cas la prostate atteint une certaine taille et la gêne mictionelle est modérée, se stabilise et ne s’accentue plus. Dans d’autres cas, l’accroissement de volume de la prostate ne se produit plus dans à la région de l’urètre et de la vessie mais en arrière vers le rectum, ce qui ne gêne pas la miction. Notamment au début du développement du processus, on peut assister à une rétrocession spontanée de la gêne avant qu’elle ne s’aggrave à nouveau. Chez d’autres hommes la gêne s’accentue en parallèle avec l’accentuation de l’HBP, année après année. La prostate, dont la taille est normalement celle d’une noix, peut grossir jusqu’à atteindre celle d’une orange, voir plus encore.

L’hypertrophie bénigne de la prostate (Adenome)

L’hypertrophie bénigne de la prostate (Adenome)

Beaucoup d’urologues évitent de traiter médicalement et a fortiori chirurgicalement lorsque la gêne est discrète car les effets indésirables des traitements peuvent être supérieurs aux avantages escomptés dans ces situations. Mais quand la gêne s’accentue, la poursuite des activités personnelles et professionnelles habituelles peut devenir largement compromise. Tel patient ne peut plus rester assis longtemps dans des réunions professionnelles ou au spectacle. Tel autre ne s’habille plus qu’avec des vêtements sombres pour masquer les fuites d’urine, ou doit se garnir et porter des couches.

L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) peut également entraîner des complications graves.

Une vidange vésicale incomplète peut exposer le patient â des infections urinaires plus fréquentes. Le risque de développement de calculs dans la vessie augmente.

L’augmentation du volume de la prostate dans l’urètre peut favoriser la rupture de vais-seaux sanguins dans l’urètre et des hématuries. Un bilan urologique complet est indispensable chez tout patient présentant des hématuries.

Si l’HBP obstructive n’est pas traitée à temps, la vessie s’altère durablement. Ses parois s’épaississent et perdent leur élasticité. La force de contraction des fibres du muscle vésicale diminue et le réservoir vésical n’est plus capable d’assurer sa vidange complète au terme de la miction.

La vessie n’a plus la force suffisante pour éjecter l’urine qu’elle contient dans le canal de l’urètre.

Cette situation aboutit à une rétention vésicale. Bientôt cette vessie devient si distendue qu’elle ne peut plus recevoir l’urine élaborée en permanence par les reins. Il y a une rétention d’urines dans le haut appareil urinaire et une insuffisance rénale se développe pouvant mettre en jeu la vie du patient.

Les complications surviennent parfois brutalement et de façon aiguë et le patient n’arrive plus du tout à uriner. C’est la rétention vésicale complète, une situation particulièrement douloureuse traduite par un signe d’examen clinique pathognomonique, le globe vésical, arrondi, mat et très douloureux.

C’est une urgence et il faut rapidement évacuer le globe en drainant la vessie par une sonde introduite soit par l’urètre, soit directement mise en place par une ponction de la vessie au dessus du pubis.

Cette éventualité désagréable peut être prévenue si le patient se fait surveiller avant que des problèmes graves n’interviennent.