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Le cancer de la prostate peut être découvert à un stade indolent, ne mettant pas en jeu le pronostic vital ou fonctionnel du patient.

Dans le cas d’un cancer de prostate indolent, le traitement actif immédiat pourrait ne pas être approprié, responsable deffets secondaires sans amélioration de la survie ou de la qualité de vie.

La SURVEILLANCE ACTIVE pourrait être dans le cas d’un cancer indolent une option intéressante, avec les réserves suivantes :

  • sentourer de toutes les précautions pour confirmer lindolence du CANCER DE PROSTATE et son absence de progression dans le temps ;
  • sassurer de la compréhension et de ladhésion du patient à cette modalité de prise en charge.

Le diagnostic

Le diagnostic du cancer de la prostate ne peut être affirmé que par les biopsies prostatiques. Leur réalisation est indiquée sur un faisceau d’arguments tirés de la confrontation entre :

 

Qu’est ce que la « surveillance active » ?

La surveillance active (active surveillance) consiste à reporter le traitement actif à but curatif chez des sujets ayant un  cancer de la Prostate localisé à très faible risque de progression et une espérance de vie supérieure à  10 ans. En cela, la surveillance active s’oppose à l’abstention-surveillance (Watchful Waiting) qui consiste en une abstention chez des patients incurables, avec mise en oeuvre de traitements palliatifs en cas de symptôme.

 

Cependant en raison du risque d’erreur diagnostique (cancer de prostate considéré à tort comme indolent) et celui de la progression potentielle au cours des années, en particulier chez un sujet jeune au moment du diagnostic, une surveillance active bien codifiée doit être organisée pendant plusieurs années et le patient doit être prêt à envisager un traitement actif dès que les indicateurs de surveillance suggèrent une révision du risque à la hausse. Cette surveillance active fait donc partie des modalités du traitement curatif du cancer de la prostate et consiste à différer le moment où les thérapeutiques actives (chirurgie, radiothérapies) vont être mises en oeuvre.

L’équipe de l’hôpital Universitaire de Toronto a commencé à proposer la surveillance active aux patients appropriés depuis plus de 15 ans avec des résultats encourageants : 97,2 % de survie spécifique avec un recul médian de 6,8 ans sur une cohorte de 450 hommes.

Il faut noter que 30 % de ces patients ont été reclassés à un risque plus élevé et un traitement actif a été alors proposé. Cette proportion d’environ 30 % est retrouvée dans la majorité des programmes de recherche sur la surveillance active, soulignant l’importance de la confirmation et la surveillance dans le temps du statut de « très bas risque ».

Quand recourir à la surveillance active ?

Chez un homme de moins de 75 ans  plusieurs critères doivent être remplis pour déterminer l’indolence du cancer et permettre à l’urologue de proposer la surveillance active plutôt que le traitement à but curatif :

– un taux de PSA  inférieur à 10 ng/ml

– une tumeur non perçue au toucher rectal

– une tumeur dont les dimensions ne dépassent pas 10 mm sur l’IRM

– un score de Gleason  inférieur à 7 (pas de grade 4)

– la biopsie doit prélever au moins  10 carottes, dont aucune ne doit s’avérer envahie sur plus de 3 mm

– pas plus de 2 carottes positives

– une espérance de vie du patient supérieure à 10 ans

– le patient  accepte le protocole de surveillance active et ainsi renonce au traitement immédiat. Il pourrait, afin d’éviter tout risque de développement de son cancer, même minime, préférer démarrer le processus de soin.

 

En quoi consiste le protocole de surveillance active ?

Pour éviter le risque de considérer a tort comme indolente une tumeur qui ne l’est pas , une biopsie de confirmation est nécessaire 3 à 12 mois après la première biopsie.

Le protocole comprend ensuite des biopsies régulières (tous les deux ans)  et des contrôles cliniques (toucher rectal) et biologiques (PSA) à intervalles réguliers, tous les 6 mois.

L’intégration dans le protocole de l’IRM en lieu et place des biopsies est à l’etude pour limiter son caractère vulnérant, le rendre moins anxiogène et en permettre une meilleure acceptation par le patient.

 

Quand arrêter la surveillance active et déclencher le traitement ?

Une tumeur stable peut évoluer à tout moment, ce qui impose une surveillance stricte des patients non traités. L’urologue évaluera la situation et l’expliquera au patient, au vu des résultats des examens.

En cas de situation stable, il proposera la poursuite de la surveillance active.

Par contre, si la tumeur montre des signes d’evolutivité, il convient de mettre en œuvre l’une des options du traitement curatif du cancer de la prostate, selon le choix du patient.

Les résultats carcinologiques des hommes chez lesquels la surveillance active a du être abandonnée au profit d’une prostatectomie radicale sont identiques à ceux des hommes qui ont été opérés d’emblée au moment du diagnostic du cancer.

 

Quelques éléments bibliographiques

Dépistage du cancer de la prostate

http://www.hopital-dcss.org/soins-services-hopital/informations-medicales/item/235-cancer-prostate.html

Protocole français de lAssociation Française dUrologie (UFO)

http://urofrance.org/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/place-de-la-surveillance-active-dans-le-cancer-de-la-prostate-presentation-du-protocole-francai.html

Description synthétique du protocole de surveillance active

http://www.bichat-larib.com/revue.presse/revue.presse.resume.affichage.php?numero_etudiant=84&numero_resume=373