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Le score de risque polygénique basé sur la présence de 54 polymorphismes nucléotidiques (SNP) associés au cancer de la prostate a été développé puis validé auprès de deux larges cohortes pourrait permettre de prédire les hommes à risque de développer une tumeur agressive et préconier ainsi l’âge auquel le dépistage devrait être mis en place.

En quoi cette découverte pourrait être une mini révolution?

  • Le dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA reste très controversé en population générale face à la fréquence des faux positifs et au risque de surdiagnostic et de surtraitement de tumeurs souvent indolentes. Dans ce contexte, serait-il possible de disposer d’un outil plus précis permettant d’identifier un sous-groupe d’hommes à haut risque qui bénéficierait, lui, d’un dépistage ?
  • Parce que des gènes spécifiques ont été associés au risque de cancer de la prostate, des chercheurs ont voulu développer un score polygénique pertinent capable de prédire le risque de tumeur prostatique agressive.
  • Ces données montrent qu’il serait possible d’orienter les sujets les plus à risque de cancer et notamment de tumeur agressive en fonction du score de risque polygénique en médecine de premier recours. Une unique évaluation du score permettrait de déterminer à quel moment au cours de la vie un dépistage serait pertinente.

Principaux résultats

  • À partir de la cohorte de développement, le risque fondé sur 54 SNP est apparu associé au risque de cancer de la prostate et permettait de prédire avec précision l’âge de diagnostic d’une tumeur prostatique agressive (z=11,2, p<10-16)
  • Dans la cohorte de validation, les hommes pour lesquels le score était supérieur au 98e percentile avaient un risque de développer un cancer agressif multiplié par 2,9 par rapport à ceux du même âge ayant un score compris entre le 30 et le 70e percentile. Au total, 76% des tumeurs agressives étaient recensées chez des hommes qui avaient un score supérieur au 50e percentile.
  • Lorsqu’ils étaient connus (chez 1.405 cas et 4.298 contrôles), les antécédents familiaux pris isolément ne permettaient pas de prédire le risque de tumeur agressive et, combinés au score polygénique, ils n’amélioraient pas sa qualité prédictive (z=0 ,9 p=0,37 ; z=2,0, p=0,05).
  • La valeur prédictive d’un taux élevé de PSA était augmenté avec l’usage du score de risque polygénique.

Méthodologie

L’étude a comporté deux volets, l’un de développement, l’autre de validation du score de risque.
Dans le premier volet, l’âge, le stade tumoral et le génotype de 31.747 hommes ayant des ancêtres européens issus du consortium PRACTICAL ont été collectés, parmi lesquels 18.868 cancers prostatiques (dont 10.635 tumeurs agressives, 5.406 tumeurs très agressives) et 12.879 contrôles.
Dans le second volet, la validation a été réalisée à partir des données collectées de 6.411 sujets issus de l’étude ProtecT ayant bénéficié d’un dosage du PSA, dont 1.583 cancers prostatiques (dont 632 tumeurs agressives, 220 tumeurs très agressives) et 4.828 contrôles.
Limitations : La validation du score n’a pas été conduite auprès de sujets d’origine non européenne.

Référence
Seibert TM et al. Polygenic hazard score to guide screening for aggressive prostate cancer: development and validation in large scale cohorts.

BMJ 2018; 360. Published 10 January 2018. doi: https://doi.org/10.1136/bmj.j5757