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L’urètre masculin est un conduit qui va de la vessie à l’extrémité de la verge et qui achemine le sperme et l’urine. Du fait de sa fragilité, des lésions locales risquent, à plus ou moins long terme, de provoquer son rétrécissement. Cette pathologie dénommée « sténose urétrale » est de plus en plus fréquemment observée ; il convient de la traiter afin d’en éviter les complications. Ses causes sont surtout iatrogènes, ou traumatiques. Elles peuvent également être infectieuses (mais bien davantage dans les pays en voie de développement), ou, plus rarement, congénitales. La cause d’un certain nombre de ces rétrécissements de l’urètre demeure inconnue.

NB : La terminologie relative à l’anatomie de l’urètre est définie dans l’article consacré à ce sujet.

1) Sténoses de causes iatrogènes

Elles sont en France les plus fréquentes (de 30 à plus de 40%), car c’est par l’urètre, fragile et sensible aux agressions, que se pratiquent les interventions chirurgicales endoscopiques portant sur le bas comme le haut appareil urinaire. Les fausses routes au cours des sondages urétraux (notamment les auto-sondages pratiqués dans le cadre du cathétérisme vésical intermittent) sont également un facteur important de survenue d’une sténose urétrale ultérieure.

Ces sténoses siègent le plus souvent au niveau du méat urétral ou des portions les plus fixes ou étroites du conduit.

Il convient de noter que les possibles vices de cicatrisation liés au traitement de ces rétrecissements sont susceptibles d’en favoriser les récidives.

2) Sténoses de causes inconnues

Ces cas sont en France assez fréquents (de 30 à 40%) ; ils pourraient parfois être reliés indirectement à de petits traumatismes physiques locaux survenus dans l’enfance.

3) Sténoses traumatiques

Les traumatismes représentent une cause moins fréquente de rétrécissement urétral, de l’ordre  15% des cas (jusqu’à 35% dans certaines séries).

Les sténoses traumatiques sont souvent observées en association avec des fractures du bassin (par effet du déplacement des os du bassin), souvent dans le cadre de polytraumatismes de la voie publique.

Elles peuvent également être consécutives à un traumatisme direct sur le périnée comme on l’observe dans la classique chute à califourchon.

Rupture de l'urètre par fracture du bassin

 

Il arrive, mais plus rarement, que ces sténoses soient liées à des traumatismes du fait du patient, par suite de pratiques sexuelles ou de troubles psychiatriques particuliers. Dans ce cas, le siège est habituellement au niveau de l’urètre antérieur. Ici le piercing  « Prince Albert » :

 

Prince albert

 

Le fracture du bassin est associée à la rupture de l’urètre postérieur, tandis que le traumatisme périnéal touche plutôt la portion membraneuse ou bulbaire de cet organe.

4) Sténoses infectieuses ou résultant de maladies

L’urétrite (inflammation avec écoulement anormal par le méat urétral) provoque rarement une sténose, sauf lorsqu’elle résulte d’une infection gonococcique (ou blennorragie) mal soignée.

Les infections représentent une cause peu fréquente dans les pays industrialisés, car elles y sont plutôt rares et bien soignées. Elles sont beaucoup plus fréquentes dans les pays en voie de développement, du fait de leurs problèmes d’accès aux soins. Elles demeurent ainsi la première cause de sténose en Afrique, du fait de la fréquence des infections génito-urinaires mal traitées : ces pathologies y sont majoritairement infectieuses (45%), puis iatrogènes et de causes inconnues (20% chaque), et enfin traumatiques (15%).

Les maladies inflammatoires de la prostate ou l’infection du prépuce sont plus rarement des facteurs possibles d’infection.

Toute tumeur urétrale, cancéreuse ou pas, est également susceptible de causer un rétrécissement urétral.

Les sténoses infectieuses affectent l’urètre antérieur (pénien ou bulbaire). Elles peuvent être aggravées par les traumatismes locaux liés aux gestes endoscopiques qu’elles suscitent.

5) Sténoses de causes congénitales

Ces sténoses sont très rares et se situent le plus souvent dans l’urètre postérieur, ou dans le méat urétral. Elles peuvent se révéler tardivement à l’âge adulte et sont plutôt bien tolérées.

On distingue notamment trois formes de sténoses congénitales :

  • l’hypospadias (quand le méat urétral s’abouche anormalement à la face ventrale de la verge),

Hypospadias

  • les valves de l‘urètre postérieur sous la forme de deux replis de muqueuses urétrales se déplissant au moment de la miction qu’elles bloquent
  • la duplication urétrale (malformation urologique très rare siégeant au niveau de l’urètre antérieur bulbaire).

 

Quelques éléments bibliographiques

En français

http://documentation.ledamed.org/IMG/html/doc-10378.html

http://www.dematice.org/ressources/DCEM2/urologie/D2_uro_008/co/document.pdf

http://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2002/FleuryN/these_body.html

http://www.revmed.ch/rms/2012/RMS-365/Sondage-transuretral-chez-le-sujet-masculin-prevention-et-traitement-de-l-iatrogenie

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:Y95THvUOJKwJ:revue-uroandro.org/index.php/uro-andro/article/download/18/17+&cd=8&hl=fr&ct=clnk&gl=il

En anglais

http://www.urethralcenter.it/English_version/pagine/eziologia_stenosi.html

http://www.amepc.org/tau/article/viewFile/3755/4696

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1110570412000100