3.6/5 - (52 votes)

La résection transurétrale de la prostate (TURP) est encore largement utilisée et reste considérée comme la technique chirurgicale de référence (gold standard) dans le traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Jusqu’à un passé récent, cette résection transurétrale et l’adénomectomie par voie ouverte étaient les seules alternatives chirurgicales pour le traitement de lHBP.

 

La résection transurétrale de la prostate (TURP) est une intervention qui nécessite environ une heure et se déroule dans une salle d’opération sous anesthésie générale ou spinale (rachianesthésie). Cette technique permet d’éviter de recourir à des incisions chirurgicales sur la paroi abdominale en découpant le tissu prostatique excédentaire à l’aide d’un résecteur endoscopique ou résectoscope.

 

resecteur endoscopique ou resectoscop

 

Il s’agit d’un appareil qui comporte 3 éléments.

  1. La chemise qui est une longue gaine cylindrique de faible diamètre que le chirurgien insère dans l’urètre du patient jusqu’à atteindre sa portion prostatique ;
  2. L’optique grand champ relié à un câble de lumière froide et à une caméra. Le chirurgien visualise ainsi le champ opératoire sur un moniteur et bénéficie d’une excellente vision en deux dimensions.
  3. La poignée du résecteur dans laquelle est insérée l’anse de résection. Cette poignée est actionnée par la main du chirurgien qui déplace l’anse d’arrière en avant. Elle est reliée par un câble au courant électrique qui permet la section pour découper les tissus, et la coagulation pour éteindre les saignements.

Pour que le courant électrique puisse circuler en milieu liquide, une solution qui conduit l’électricité (le Glycocolle) est irriguée dans l’urètre et la vessie de manière continue.
Les copeaux de prostate sont retirés par lavages à travers la chemise et transmis au laboratoire pour être analysés.

Retrait de copeaux de prostate par resection transuretrale

 

La TURP demeure la forme la plus courante de chirurgie de la prostate et reste généralement plus efficace que les thérapies médicamenteuses. Elle soulage l’obstruction urinaire chez au moins 85 à 90% des patients, le plus souvent de manière durable. Cependant, les problèmes urinaires peuvent réapparaître si le tissu prostatique se reforme. C’est la raison pour laquelle plus le patient est jeune, plus il y a de risques d’avoir malheureusement à recourir à une nouvelle intervention par la suite.

Après l’intervention, l’opéré reste hospitalisé une à deux nuits. Pendant cette période, les urines sont drainées par une sonde placée dans la vessie, à travers le canal de l’urètre. A l’ablation de cette sonde le patient reprend des mictions spontanées par les voies naturelles. Il peut reprendre ses activités habituelles rapidement. Toutefois la résolution des troubles mictionnels post opératoires peut prendre quelques semaines et en tout état de cause, le résultat définitif de l’intervention n’est acquis qu’après un délai de convalescence de trois mois.

La conséquence habituelle de la TURP est l’apparition chez la plupart des patients d’une éjaculation rétrograde, c’est-à-dire que le sperme est excrété vers la vessie au lieu d’être conduit dans l’urètre à travers la verge (dans le sens inverse de l’éjaculation normale dite antégrade). Bien que le sperme finisse par être évacué avec l’urine et qu’il ne cause aucun dommage, la perspective de ne pas ressentir une éjaculation normale, et bien évidement la difficulté dans ces conditions d’avoir des enfants, dissuadent certains hommes de recourir à cette technique.

Par ailleurs, entre 5 et 10% des patients ayant eu recours à la TURP sont victimes de complications telles que des pertes de sang, une impuissance, une incontinence urinaire à des degrés plus ou moins importants, une infection ou des complications consécutives à l’anesthésie. De tels risques doivent être pris en compte lors du choix des options de traitement.

Il convient également de noter qu’environ 2% des opérés développent au cours de l’intervention ou en post opératoire immédiat un «  TURP  syndrome » caractérisé par une confusion mentale, des nausées, des vomissements, de l’hypertension artérielle ou des distorsions visuelles. Ce syndrome spécifique est une complication liée à l’absorption anormale dans la circulation sanguine du liquide d’irrigation employé afin de garder le champ opératoire clair pendant l’intervention. Le liquide d’irrigation  utilisé dans la TURP est une solution de glycocolle qui permet la conduction du courant électrique.

L’emploi d’une solution saline (utilisée dans de nombreux autres types d’opérations) représente une alternative plus sûre. Néanmoins, ce type de solution ne peut être employée dans la TURP « monopolaire » classique que nous venons de voir mais elle est compatible avec les résecteurs « bipolaires » plus récents abordés dans un autre article.