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La prostatectomie radicale (PR) n’est pas dépourvue d’effets indésirables et de séquelles grevant la qualité de vie ; aussi, dans les cancers de prostate à bas risque (KPBR), propose-t-on d’y surseoir en se « contentant » d’une surveillance active (SA). Cependant, beaucoup craignent de laisser passer l’heure d’un traitement curatif, arguant qu’un tiers des KPBR évoluent défavorablement. Afin de préciser les éventuels « dangers » d’une simple surveillance active, une équipe du Maryland a décidé de comparer les données histologiques concernant des patients atteints  de KPBR selon qu’ils avaient été opérés dès le diagnostic ou après un délai. Ils se sont basés sur l’analyse rétrospective d’un registre prospectif concernant la période de 2004 à 2014. Parmi 1 298 hommes faisant l’objet d’une surveillance active ont été identifiés 89 patients chez lesquels une prostatectomie a été pratiquée secondairement ; ils étaient représentatifs de la cohorte entière en ce que la décision opératoire n’était pas seulement liée à une reclassification en « haut risque » : il y avait 57 opérés pour convenance personnelle et 32 pour modifications de taille ou du score de Gleason. Les résultats anatomopathologiques les concernant (stade, score de Gleason, berges de résection envahies ou non, atteinte ganglionnaire) ont été comparés avec ceux des 3 788 hommes opérés dans l’année ayant suivi le diagnostic de KP.

 

Un peu plus de facteurs histologiques péjoratifs mais sans significativité

Les 89 malades (G1) étudiés avaient 7 ans de plus en moyenne que ceux de l’autre groupe (G2), et ont été opérés en moyenne 2 ans après le diagnostic (vs 3 mois) ; en moyenne, ils n’avaient qu’1 carotte positive (vs 2 pour G2) et 5 % de celle-ci avaient un foyer de KP (vs 30 %).Il y avait aussi significativement plus de KP à très bas risque enG1 qu’enG2 (71 vs 43 %). La proportion de patients avec un Gleason ≥ 4 (17 % vs 20 % ; p = 0,11), un envahissement des vésicules séminales (3,3 % vs 3,2 % ; p = 0,53) et des ganglions (2,3 % vs 1,2 % p = 0,37 est similaire entre les deux groupes. On a trouvé un peu plus de facteurs histologiques péjoratifs dans le groupe G1 (berges de résection ou ganglions envahis) mais sans que cela soit significatif. Malgré ses limites (petite taille de la cohorte de malades opérés secondairement), cette étude semble confirmer que, dans les cancers de prostate à bas risque, la surveillance active n’est pas associée à un risque d’aggravation du pronostic.

Références Tosoyan JJet coll. :

Pathologic outcomes in favorable-risk prostate cancer: comparative analysis of men electing active surveillance and immediate surgery.

Eur Urol., 2016; 69: 576-581