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Le cancer de la prostate accompagné de métastases est d’un pronostic très pessimiste et la survie moyenne du patient ne dépasse guère que quelques années. Un traitement pour prolonger l’espérance de vie est habituellement proposé avec des approches différentielles. Les auteurs suédois ont comparé les cancers de la prostate à haut risque de dissémination (KPHRD) la survie après un traitement à visée locale initial (prostatectomie radicale ou radiothérapie) et un traitement premier par anti-androgènes.

Ils ont utilisé un registre national en analysant l’année du diagnostic, l’âge, le stade, le grade, le taux d’antigène spécifique de la prostate (PSA), les pathologies associées, et la date de décès.

Sur plus de 100 000 cancer de la prostate diagnostiqués entre 1996 et 2010, ils ont retenu 18 352 cancers prostatiques à haut risque de dissémination définis par un taux de PSA > 50 ng/ml.

Parmi ceux-ci, 17 602 ont été traités par traitement anti-androgènes et 750 par traitement à visée locale (630 radiothérapie et 120 prostatectomie radicale).

Pour calibrer ces deux groupes hétérogènes (Groupe ‘traitement à visée locale’ et Groupe ‘anti-androgènes’), 575 cancer de la prostate traités par le groupe ‘traitement à visée locale’ et 575 traités par Groupe ‘anti-androgènes’ont été appariés un à un sur le stade, le grade, l’âge, l’année de diagnostic, les pathologies associées, et le taux de PSA.

Pour le grade, 3 catégories ont été considérées : scores de Gleason < 7, 7 et > 7.

Les principales différences, dans la cohorte totale, sont un âge, un PSA, un stade, un grade, plus élevés et des pathologies associées plus nombreuses dans le Groupe ‘anti-androgènes’.

Ces différences, quoiqu’atténuées, persistent pour les malades appariés en ce qui concernait le taux de PSA, le stade ganglionnaire N et l’existence de métastases M.

Supériorité de la prostatectomie/radiothérapie VS traitements anti-androgènes

Dans la cohorte totale, il y a eu 76 % de mortalité (dont 51 % spécifiques au cancer de la prostate dans le Groupe ‘anti-androgènes’ vs 20 % (dont 11 % spécifiques) dans le Groupe ‘traitement à visée locale’.

Parmi les malades appariés, la mortalité par « autres causes » est similaire dans les 2 groupes, mais il persiste une surmortalité spécifique au cancer de la prostate  (31 % dans le Groupe ‘anti-androgènes’ vs 12 % dans le Groupe ‘traitement à visée locale’).

Le risque de décès est multiplié par 3 pour les malades traités par anti-androgènes, ceci étant surtout vrai lorsque le taux initial de PSA dépassait 100 ng/ml, mais faux pour les PSA entre 50 et 100 ng/ml.

Bien que cette étude ait certainement inclus des malades déjà porteurs de métastases, elle semble démontrer la supériorité sur la survie des patients traités par prostatectomie radicale ou radiothérapie (sans avoir distingué l’une de l’autre) sur un traitement reposant uniquement sur les anti-androgènes.

SOURCE:

Sooriakumaran P et coll. : Survival among men at high risk of disseminated prostate cancer receiving initial locally directed radical treatment or initial androgen deprivation therapy. Eur Urol., 2017; 72: 345-351.