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Si le surpoids et l’obésité sont souvent cités comme étant des facteurs probables de risque du cancer, leur lien direct est encore à l’étude. Une équipe de chercheurs britanniques a dans ce contexte mis en évidence une corrélation entre surpoids et augmentation du risque de décès par cancer de la prostate au cours d’une étude menée sur plus de 200 000 patients. Les résultats ont été présentés cette année et montrent que les hommes présentant une adiposité élevée avaient des risques de décès par cancer de la prostate également plus hauts. On rappelle que le cancer de la prostate est le premier cancer masculin en France.

 

Facteurs de risque du cancer de la prostate

Certains facteurs sont connus comme étant susceptibles d’augmenter le risque de voir apparaitre un cancer de la prostate et d’augmenter les risques de décès par cette maladie. On peut notamment citer l’âge des patients, les antécédents familiaux de cancer de la prostate, certaines origines ethniques, des facteurs génétiques ou les hormones endogènes. En dehors des hormones, aucun de ces facteurs n’est modifiable.

Certaines tumeurs prostatiques évoluent lentement. Mais certaines sont mortelles, et leur origine reste encore mal connue. L’identification des facteurs de risque de ces cancers de la prostate est donc très importante pour pouvoir choisir une prise en charge thérapeutique efficace et adaptée à chaque patient.

 

Surpoids et cancer de la prostate

Si l’on connaît déjà le lien entre surpoids et cancer de prostate (et plus généralement, le lien entre l’adiposité et cancer de la prostate), il semble que cette relation varie selon le comportement de la tumeur.

De précédentes études ont en effet mis en évidence une association inverse entre obésité et tumeurs non agressives de la prostate, qui pourrait résulter d’un diagnostic plus tardif chez les patients obèses. Toutefois, une corrélation entre adiposité plus élevée et risque de cancer prostatique agressif (et potentiellement létal) a été révélée. On ne sait pas avec certitude si ce lien positif est dû à un diagnostic tardif (et donc, à une tumeur découverte à un stade plus avancé et de mauvais pronostic) ou si l’adiposité très importante agit sur le fonctionnement métabolique et hormonal de la tumeur en favorisant son évolution. Il est possible que les deux cas de figure coexistent de manière simultanée.

Lire aussi notre article sur les cancers agressifs de haut grade et leur occurence chez les diabétiques sous traitement

La graisse présente au niveau de la cavité abdominale a été citée comme facteur pouvant être impliqué dans les formes de cancer agressif de la prostate à un niveau plus important que l’adiposité générale répartie sur le corps humain. Mais peu de décès ont été relevés au cours des études prospectives. Ce paramètre a donc été peu étudié et des recherches supplémentaires sont indispensables.

 

La surcharge pondérale augmente le risque de décès par cancer de la prostate

Les scientifiques ont donc dans ce contexte analysé les données de la UK Biobank (une étude prospective portant sur environ 500 000 adultes britanniques âgées de 40 à 69 ans entre 2006 et 2010) ainsi que les conclusions de toutes les études prospectives publiées à ce sujet. Après exclusions d’un certain nombre de patients, l’analyse s’est concentrée sur 218 237 hommes à travers l’Angleterre, L’Écosse et le Pays de Galle.

Etude sur le cancer

L’IMC (indice de masse corporelle) et le pourcentage de graisse corporelle totale ont été recueillis au cours du recrutement des patients. Des modèles de risques ont permis de modéliser le risque de mourir du cancer de la prostate selon différentes mesures de leur adiposité. Les résultats de cette étude et d’autres études prospectives ont été regroupés au sein d’une méta-analyse-dose-réponse.

D’après les données de la UK Biobank, 661 hommes sont décédés par cancer de la prostate après un suivi moyen de 11,6 ans. Chez un sous-groupe de patients ayant bénéficié d’une IRM de prostate et d’une absorptiométrie à rayons X à double énergie, l’IMC, le pourcentage de graisse corporelle et le tour de taille étaient grandement corrélés aux estimations du taux d’adiposité générale et centrale (graisse viscérale) retrouvées en imagerie.

Il est notamment indiqué que les rapports de risque de décès par cancer de la prostate étaient de :

  • 07 (intervalle de confiance à 95 %) pour un IMC supérieur de 5 kg/m2
  • 1 pour une augmentation de 5 % du pourcentage d’adiposité corporelle générale
  • 06 en présence d’une augmentation de 10 cm du tour de taille

La méta-analyse des études prospectives a regroupé 19 633 décès du cancer de la prostate pour l’IMC, 670 décès pour le taux de graisse corporelle, 3181 décès pour le tour de taille…

En conclusion, l’équipe de chercheurs britannique a révélé que les patients porteurs d’une adiposité totale et d’une adiposité concentrée sur la région abdominale plus importantes que la moyenne avaient des risques plus élevés de mourir d’un cancer de la prostate. Cette constatation peut être d’origine biologique ou liée à une différence de détection initiale du cancer. Des études plus poussées sont encore nécessaires pour déterminer la nature de cette association adiposité – cancer de la prostate. Mais il est d’or et déjà recommandé de conserver un poids de forme sain pour maximiser ses chances de rester en bonne santé.

 

Bibliographie: