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L’hormonothérapie est un traitement fréquent du cancer de la prostate. Mais la maladie peut réapparaître, ce qui rend difficile sa prise en charge pour le rendre moins résistant au traitement. Des chercheurs américains ont pu obtenir de bons résultats dans le traitement des cellules cancéreuses récurrentes grâce à une thérapie à base de fer.

Cancer de la prostate et risques de rechute : le rôle du fer dans le sang

le fer dans le sang

Le fer joue un rôle essentiel dans le transport de l’oxygène et d’autres composants importants de l’organisme par les globules blancs. En trop forte dose, il peut toutefois être létal pour les cellules. En revanche, les cellules tumorales de la prostate sont imperméables au fer, comme l’explique le Docteur Yan, auteur principal de l’étude et biologiste moléculaire au Georgia Cancer Center et au Médical College of Georgia.

Pour remédier à cet obstacle et réussir à provoquer la mort des cellules cancéreuses de la prostate, le Dr Yan a élaboré une stratégie basée sur le processus de ferroptose. La ferroptose est un phénomène de mort cellulaire programmée (ou nécroptose).

Bien que le fer soit indispensable à l’organisme, il implique également des taux élevés de radicaux libres toxiques capables d’endommager les lipides (graisses), composants essentiels à la fonction cellulaire et importantes réserves d’énergie pour les cellules et leur signalisation interne.

Lorsque le fer est absorbé par une cellule, elle passe par divers états qui entraînent beaucoup de radicaux libres toxiques. Lorsque les taux de fer et de radicaux libres toxiques sont élevés, ils interagissent entre eux ce qui provoque une atteinte des lipides essentiels aux membranes cellulaires.

 

Rechute du cancer de la prostate : comment l’éviter par la thérapie du fer

Les chercheurs ont alors tenté de profiter de ce processus complexe pour réussir à traiter le cancer de la prostate résistant à l’hormonothérapie. Par un processus nommé peroxydation lipidique, les lipides s’unissent, perdant ainsi leur pouvoir flexible et leur efficacité. In fine, la cellule meurt sans que l’on ne puisse encore identifier avec précision la cause exacte de ce phénomène.

Les changements apportés aux cellules lipidiques sont destructeurs, mais le cancer de la prostate peut rester insensible à ces effets et aux traitements élaborés pour induire cette altération ferreuse excessive. Les cellules tumorales ont en effet déjà assimilé ce type de modifications semblables des lipides de la membrane cellulaire pour être capables de disposer de l’énergie suffisante pour vivre, grandir et se propager.

C’est alors que l’équipe de scientifique à découvert le gène ATF3, identifié comme un régulateur du stress cellulaire capable de supprimer le cancer prostatique et qui rend les cellules tumorales de la prostate plus sensibles à un nouveau composé baptisé JKE-1674. Ce dernier est en mesure de provoquer une ferroptose.

L’auteur principal explique qu’en réduisant la capacité des cellules tumorales prostatiques à ignorer le stress, elles se détruisent.

 

Cancer de la prostate rechute : les autres éléments de l’étude du fer

Detruire les cellules cancereuses de la prostate par le fer

Un agent chimiothérapeutique utilisé dans le cadre du traitement du myélome multiple, le bortézomib, serait par ailleurs un excellent complément, car il est capable d’accroître l’expression du gène ATF3. Ce gène induit alors l’expression de HMOX1, une enzyme et un antioxydant déjà connu qui, de façon très schématique, libère le fer contenu dans certaines structures (hémoglobine) pour créer une accumulation directement dans les cellules pour les détruire.

L’autre élément pris en compte est le processus naturel de l’organisme à assumer cette association de fer et de radicaux libres toxiques pour empêcher qu’un grand nombre de cellules saines ne soient détruites. On parle aussi de glutathion peroxydase 4 (GPX4), un antioxydant et inhibiteur de la ferroptose. L’un des modes d’action du nouveau composé JKE-1674 est l’inhibition de la GPX4, permettant ainsi de réparer en partie les lésions causées aux lipides qui rendent les cellules tumorales de la prostate insensibles à la destruction par ferroptose.

Ce type de traitements inhibiteurs a déjà montré une bonne efficacité dans la prise en charge thérapeutique de la ma, comme le souligne le Dr Yan. Il rappelle aussi que les essais cliniques ont permis d’observer que le bortézomib n’apporte pas une grande efficacité dans le traitement du cancer de la prostate, sauf lorsqu’il est combiné avec le JKE-1674, où sa capacité à combattre la maladie se décuple.

Afin d’identifier une thérapie qui pourrait être étudiée en essais cliniques, en dehors du laboratoire, le Dr Yan et son équipe se focalisent sur les médicaments et plans de traitement déjà existants sur le marché. Puisque le bortezomib est administré par une injection aux patients atteints de myélome multiple, le Dr Yan respecte ce calendrier pour réaliser ses analyses et espère pouvoir transposer ses travaux des souris aux hommes et ainsi, continuer ses recherches de façon plus poussées pour permettre d’ajouter une option efficace pour traiter le cancer de la prostate résistant aux traitements actuels.