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L’étude PEACE-1, dont les résultats ont été publiés dans la revue The Lancet en avril 2022, conclut que l’ajout d’une hormonothérapie de nouvelle génération à la prise en charge thérapeutique standard des patients touchés par un cancer de la prostate métastatique hormono-dépendant permettrait de réduire les risques de décès de 25 % et ferait gagner deux ans et demi sans récidive de la pathologie.

Il s’agit de la première étude comparative multicentrique de phase III à s’être penché sur les bénéfices et risques d’une association de médicaments combinant l’abiraterone (une hormonothérapie de nouvelle génération) et le docetaxel (un médicament d’hormonothérapie classique). PEACE-1 est une étude européenne coordonnée par le Pr  Karim Fizazi de l’Hôpital Gustave Roussy, et menée en France par le GETUG (Groupe d’Étude des Tumeurs Uro-Génitales).

 

Cancer de prostate : traitement et prise en charge thérapeutique classiques

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Le cancer de la prostate est le cancer le plus courant chez l’homme et représente plus de 50 000 nouveaux diagnostics chaque année en France. Il est aussi la 3e cause de décès par cancer.

Environ 10 % des tumeurs prostatiques hormono-dépendantes sont découvertes à un stade avancé métastatique qui est plus agressif, ce qui constitue alors un pronostic moins favorable pour les patients.

Le traitement standard du cancer de la prostate hormono-sensible métastatique a longtemps consisté à utiliser des médicaments d’hormonothérapie classique basés sur la suppression androgénique (ils empêchent la fabrication de l’hormone testostérone).

Depuis plusieurs années, d’autres traitements ont vu le jour pour améliorer le pronostic des patients atteints par cette maladie, comme l’utilisation concomitante de médicaments d’hormonothérapie de nouvelle génération comme l’enzalutamide (XTANDI), l’acétate d’abiraterone (ZYTIGA), l’apalutamide (ERLEADA) ou d’une chimiothérapie par docetaxel (TAXOTERE), avec de bons résultats. Par ailleurs, la radiothérapie a également connu des améliorations majeures avec un réel bénéfice pour le traitement de ces hommes atteints de tumeurs agressives.

Le but majeur de l’étude PEACE-1 était d’évaluer l’efficacité de l’association de ces deux différentes thérapeutiques.

 

Cancer de la prostate espérance de vie : des résultats encourageants

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L’étude PEACE-1 est une étude ouverte multicentrique réalisée par un groupement européen de 2013 à 2018, conduite sur 77 sites au sein de 7 pays, dont la France. Il s’agit d’une étude randomisée de phase III qui a concerné 1 173 hommes touchés par un cancer de la prostate avec métastases dès le diagnostic. Les groupes de patients ont été désignés de manière aléatoire.

Son but était d’évaluer les bénéfices et l’innocuité d’une association de traitements dans le cadre d’un protocole thérapeutique :

– un traitement hormonal de nouvelle génération (abiraterone)

– une hormonothérapie classique +/– associée à une chimiothérapie (docetaxel) et à une radiothérapie prostatique.

Le suivi médian a été de 42 mois en se focalisant sur deux critères majeurs : le taux de survie du cancer de la prostate pour les patients sans évolution de la pathologie, et le taux de survie globale.

Les résultats sont encourageants puisqu’ils ont montré un allongement de la durée de vie sans récidive du cancer de la prostate de 2 ans et demi (4,5 ans vs 2 ans avec le protocole de traitement standard).

Il existait donc une baisse du risque de récidive de la maladie de 50 % dans le groupe d’hommes ayant bénéficié de l’association des trois thérapeutiques (abiraterone + hormonothérapie classique + chimio par docetaxel).

De plus, le risque du cancer prostatique hormono-sensible métastatique lié aux décès était réduit de 25 %. Les chercheurs précisent par ailleurs que la tolérance aux médicaments était inchangée par rapport à l’association habituelle de deux traitements : l’hormonothérapie classique + la chimiothérapie par docetaxel.

Il s’agit de la première étude à démontrer que l’association des trois thérapeutiques comprenant un traitement classique d’hormonothérapie et de chimiothérapie, associé à l’abiraterone (un inhibiteur de la voie de signalisation androgénique) augmente la survie sans progression du cancer de la prostate, ainsi que la survie globale des hommes touchés par une tumeur prostatique métastatique, avec une tolérance quasiment identique à l’association classique de deux traitements.

L’association thérapeutique va pouvoir se faire une place dans l’arsenal thérapeutique pour sans doute devenir le nouveau standard et ainsi, augmenter l’augmenter l’espérance de vie des patients atteints de cancers prostatiques avec métastases, lorsqu’ils sont capables de bénéficier d’une chimiothérapie.