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Une protéine nommée kinase 2 a été récemment identifiée par une équipe de chercheurs du Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles, aux États-Unis, et pourrait jouer un rôle dans le traitement des cancers de la prostate. On la retrouve notamment dans les formes agressives de tumeurs prostatiques métastatiques.

 

L’identification d’une nouvelle protéine du cancer de la prostate

Une étude préclinique réalisée sur des souris a identifié la protéine kinase 2 comme étant liée au récepteur RIPK2 des cellules tumorales du cancer de la prostate. Dans près de 65 % des tumeurs létales prostatiques, cette protéine est surexprimée. L’équipe de scientifiques responsables de l’étude évoque de nouvelles perspectives grâce à cette découverte, puisqu’elle pourrait permettre d’élaborer et d’administrer des traitements capables d’inhiber le récepteur porteur de cette protéine pour empêcher le cancer de la prostate avancé de progresser. Un inhibiteur de la protéine kinase pourrait en effet prendre la forme d’une thérapie ciblée pour élargir l’arsenal thérapeutique dans cette pathologie.

Selon l’auteur principal de l’essai, le Docteur Wei Yang, professeur agrégé de chirurgie et de biomédecine, cette découverte serait en mesure de prévenir le développement d’un cancer de la prostate avec métastases, ce qui pourrait augmenter les chances de survie des patients tout en améliorant la qualité de vie des hommes touchés par ce type de tumeurs.

 

Rôle du récepteur RIPK2 dans l’évolution tumorale

biopsie prostateL’équipe de chercheurs américains a ainsi analysé les profils moléculaires d’après des échantillons de tissu provenant de biopsies prostatiques de patients touchés par un cancer de la prostate de stade avancé. Ils ont pu mettre en évidence une amplification du récepteur RIPK2 dans près de 65 % des cas de cancers létaux prostatiques. Un récepteur RIPK2 amplifié favorise la progression de la maladie.

Forts de ces constatations, les scientifiques ont émis l’hypothèse d’une corrélation entre la protéine identifiée et l’évolution du cancer de la prostate. Le cancer de la prostate métastatique implique que des lésions secondaires apparaissent dans d’autres zones du corps humain. Il peut s’agir d’un cancer de la prostate avec métastases osseuses, des métastases pulmonaires, des métastases hépatiques, ou même une atteinte des ganglions lymphatiques.

Le rôle du récepteur RIPK2 dans la progression des tumeurs et l’apparition des métastases est encore mal connu, même s’il a déjà fait l’objet de recherches dans un contexte de troubles inflammatoires. Au sein de l’étude, il a été montré que ce récepteur active une autre protéine, qui elle-même déclenche un processus nommé c-Myc, capable d’alimenter l’évolution du cancer et la naissance des métastases dans de nombreux types de tumeurs, dont fait partie le cancer de la prostate.

Les scientifiques ont cherché à inhiber le récepteur RIPK2 chez les rongeurs avec des médicaments (petits inhibiteurs moléculaires), mais aussi avec un système d’édition du génome CRISP/Cas9. Les résultats sont encourageants puisque l’envahissement tumoral était amplement diminué et le volume de la tumeur considérablement réduit. La FDA a par ailleurs approuvé un médicament inhibiteur de RIPK2, le ponatinib. Celui-ci diminue massivement les lésions secondaires (métastases) du cancer prostatique (environ 92 %) chez les souris.

 

Particularités du cancer prostatique métastatique

On sait en effet que 90 % des décès imputables au cancer sont dus à des formes particulièrement agressives et métastatiques.

On rappelle par ailleurs que le cancer de la prostate est le type de cancer le plus courant chez l’homme. Bien que de bon pronostic, avec un taux de survie supérieur à 90 %, il existe des formes plus agressives létales, et parfois des diagnostics réalisés tardivement, à un stade alors évolué de la maladie. Les tumeurs prostatiques découvertes à un stade localement avancé ou métastatique présentent des chances de survies plus réduites.

En présence d’un cancer de la prostate localement avancé, impliquant un envahissement des vésicules séminales ou d’organes voisins comme la vessie, le rectum ou le sphincter externe, l’espérance de vie des patients à 5 ans s’élève à plus de 95 %. Face à un cancer de la prostate de stade IV avec envahissement ganglionnaire ou présence de métastases à distance, les chances de survie à 5 ans sont d’environ 50 % (dans 90 % des cas, ce type de cancer de prostate a des métastases osseuses).

Dans ce contexte, les scientifiques sont en quête perpétuelle pour mieux comprendre les déclencheurs de la formation du cancer de la prostate au niveau génétique, de manière à identifier de potentielles cibles thérapeutiques.

De nouveaux essais cliniques vont avoir lieu pour obtenir le plus de confirmations possibles sur ces découvertes de façon à élaborer et utiliser les petits inhibiteurs de RIPK2 dans le traitement du cancer de la prostate métastatique. Ces premières conclusions sont cependant très encourageantes et constituent un véritable espoir pour les patients porteurs de ce type de tumeurs. De nouvelles recherches vont de plus avoir lieu pour réussir à identifier des marqueurs biologiques de manière à aider les médecins à choisir les bons candidats pour un tel traitement.

Bibliographie

Nature Communications – Receptor-interacting protein kinase 2 (RIPK2) stabilizes c-Myc and is a therapeutic target in prostate cancer metastasis