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L’adénome de prostate (ou hypertrophie de la prostate) est fréquent chez les hommes âgés. Cette maladie bénigne peut entraîner des signes cliniques urinaires handicapants dans la vie de tous les jours. Plusieurs méthodes existent pour traiter l’adénome de prostate. Une nouvelle étude a récemment évalué les bénéfices d’une thermothérapie à radiofréquence bipolaire chez les hommes porteurs d’un cathéter urinaire.

 

Qu’est-ce qu’un adénome de prostate ?

L’adénome (ou hyperplasie) de la prostate est une augmentation en taille de la partie située au centre de la prostate. Au milieu de cette zone circulent les urines, lorsqu’elles sortent de la vessie, avant d’entrer dans l’urètre, le canal d’évacuation. L’adénome de prostate est une pathologie bénigne. Il ne s’agit donc pas d’un cancer de la prostate.

Lorsque la prostate est ainsi augmentée de volume, l’écoulement des urines devient difficile, provoquant une gêne chez les patients et une rétention urinaire. Des signes cliniques urinaires peuvent alors apparaître, tels que l’envie fréquente d’uriner, la faiblesse du jet durant la miction, ou encore l’apparition de gouttes retardataires.

Lorsque ce phénomène se produit, plusieurs options thérapeutiques sont possibles. La première option consiste à administrer un traitement médical. En cas d’échec des médicaments, le chirurgien urologue peut proposer plusieurs procédures chirurgicales pour élargir le canal. Bien souvent, il s’agit de réaliser une résection transurétrale de prostate (RTUP).

Or, la chirurgie n’est parfois pas la meilleure option pour certains patients, notamment chez les hommes âgés. Dans ces conditions, il existe une option qui consiste à poser un cathéter urinaire permanent afin de soulager la rétention des urines.

 

Quels étaient les objectifs de cette nouvelle étude ?

Une étude menée par des chercheurs du Département d’urologie à l’Hôpital de formation et de recherche Mehmet Akif Inan, Sanliurfa, en Turquie, a été publiée en septembre 2020. L’évaluation a porté sur des patients porteurs d’un adénome bénin de prostate ayant subi une pose de cathéter urinaire permanent pour soulager la rétention urinaire.

Ces hommes ne pouvaient bénéficier de chirurgie, notamment en raison de risques trop élevés liés à l’anesthésie. Ils ont donc été traités par thermothérapie par radiofréquence comme traitement alternatif.

Le but majeur de cet essai était de recueillir les données post-traitements de ces patients en termes d’efficacité rétrospective du traitement, des taux d’absence de cathéter et de l’estimation de la qualité de vie.

 

Comment s’est déroulé l’essai clinique ?

62 patients porteurs d’un cathéter permanent au cours des 3 derniers mois ont été traités par thermothérapie par radiofréquence. Une analyse rétrospective des données de suivi de ces hommes a été menée. Plusieurs paramètres comme la qualité de vie, le résidu post-mictionnel, le débit maximal (Qmax) et l’IPSS (évaluation des symptômes) ont été suivis sur 24 mois. Toutes ces données ont été comparées avec celles des patients non porteurs de cathéters, et de ceux qui en avaient besoin.

 

Quels sont les résultats de la thermothérapie par radiofréquence bipolaire ?

L’étude a montré un succès du traitement chez 52 patients évalués. Ces derniers n’avaient plus besoin de sonde urinaire. De nombreux changements sur les valeurs suivies (Qmax, résidu post-mictionnel, symptômes, etc.) ont eu lieu chez 38 des patients qui n’avaient plus besoin d’un cathéter urinaire.

Les scientifiques auteurs de l’étude en concluent donc que le traitement de thermothérapie par radiofréquence bipolaire a été bénéfique chez les patients atteints d’hypertrophie bénigne prostatique et porteurs d’un cathéter urinaire permanent. Cette méthode pourrait donc être envisagée comme alternative peu invasive chez les patients ne pouvant bénéficier d’une chirurgie de résection prostatique.

 

Qu’est-ce que la radiofréquence prostatique ?

La radiofréquence est une option thérapeutique située à mi-chemin entre le traitement médical et la résection prostatique. Elle est destinée à des patients qui ne peuvent bénéficier d’une chirurgie, et chez qui le traitement médical est bénéfique, mais entraînant des effets secondaires. Elle peut aussi être proposée aux patients qui ne répondent pas assez au traitement médical, sans toutefois devoir envisager l’intervention chirurgicale.

 

Le geste consiste, grâce à la radiofréquence, à chauffer la prostate. Ce phénomène va produire une diminution de volume de la prostate, ainsi que la destruction de certaines fibres nerveuses. Il permet de conserver des éjaculations antégrades. Cependant, l’effet peut être limité dans le temps. La radiofréquence prostatique est généralement effectuée en ambulatoire ou lors d’une hospitalisation de courte durée.

 

Source :

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/luts.12352