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Lablation de la prostate entraîne des problèmes de libido, d’érection et d’éjaculation susceptibles daltérer la vie sexuelle du couple. Il convient souvent de recourir à des traitements (exposés dans un autre dossier) pour faciliter les rapports sexuels, et le retour à une sexualité normale peut prendre plusieurs mois. La réussite des traitements suppose la motivation du patient et de sa partenaire, ainsi que la plupart du temps un soutien médical.

Le patient

Il peut se résigner à une absence de vie sexuelle en se concentrant sur la guérison de son cancer, notamment quand il y avait déjà avant le diagnostic du cancer des difficultés sexuelles sérieuses.

Il peut aussi culpabiliser vis-à vis de sa partenaire. Il ne va alors plus prendre l’initiative de rapports sexuels, par crainte de montrer ses problèmes ou de mettre en œuvre des solutions qu’il peut juger gênantes. Il peut aussi utiliser comme alibi les effets secondaires des traitements et laisser sa vie sexuelle rapidement se désagréger.

Pour éviter cela, il doit communiquer sans tabou avec sa partenaire et n’être gêné, ni par ses difficultés à avoir des érections ou des éjaculations, ni par les solutions qu’il adopte à cet effet. Il doit les mettre en œuvre le plus tôt possible mais, avant toute chose, être motivé pour retrouver une vie sexuelle épanouie.

La partenaire

Elle peut se désintéresser de  la dimension sexuelle et réorienter son amour sur un mode uniquement affectif ou se concentrer sur l’aide qu’elle apporte. Elle peut aussi se sentir impuissante face aux problèmes du conjoint.

Au contraire, elle doit l’aider à mettre en œuvre les traitements prescrits en restant patiente, discrète et en persistant pour exciter son désir. Il importe qu’à cet effet, elle joue un rôle proactif en prenant des initiatives inhabituelles notamment lors de la période de reprise de l’activité sexuelle qui peut parfois être longue. Elle peut aussi être amenée à se contenter de façon temporaire ou définitive de rapports incomplets.

Cependant, elle doit également veiller à son propre bonheur sexuel, sans que ses propres besoins ne s’effacent devant le bien-être de son conjoint. Il ne faut pas perdre de vue que, selon une référence de 2009 fournie par l’Association Française d’Urologie, 59% des femmes disent renoncer à leur sexualité lorsque leur partenaire se révèle atteint d’un cancer de la prostate. Cette situation doit être corrigée, pour le bien-être de la femme, et pour le rétablissement d’une vie sexuelle du couple. En effet, le plaisir de l’homme n’est pas uniquement lié à sa propre jouissance mais également à la satisfaction qu’il tire du plaisir que peut prendre sa compagne.

Le couple

Il peut y avoir des tensions au sein du couple en raison de divers problèmes physiques ou psychiques, avec l’apparition de  problèmes de communication et de compréhension.

Le couple doit au contraire s’investir pour mettre en œuvre les traitements proposés afin de reprendre une vie sexuelle aussitôt que possible après l’intervention, et par étapes progressives.

Cela est important pour :

a) psychologiquement, éviter qu’il ne renonce à une sexualité normale

b) physiquement, conserver une bonne élasticité des tissus érectiles des corps caverneux et ainsi éviter que la fonction érectile ne « se rouille».

Il doit, peu à peu et par un travail commun, développer de nouvelles formes de sensualité et de sexualité adaptées à la situation du patient, et souvent inventer de nouveaux types de rapports sexuels (parfois sans pénétrations sexuelles), avec de nouveaux moyens d’excitation ou d’obtention de l’orgasme.

Soutiens médicaux

Les difficultés du patient à jouir d’une vie sexuelle épanouie sont souvent vécues comme une atteinte à sa virilité. La partenaire et le couple lui-même sont affectés psychologiquement et, dans la plupart des cas,  la consultation d’un sexologue est vivement recommandée. Ce dernier, agissant en équipe avec l’urologue, met en oeuvre les méthodes permettant d’atténuer au maximum les problèmes d’éjaculation et d’érection, et prend en compte les problèmes sexuels de la partenaire.

Un dialogue s’établit ainsi entre le sexologue et le couple, où chaque participant exprime ses difficultés et ses questions et où le médecin apporte les réponses et le soutien psychologique qui conviennent.

Plus ce recours est sollicité précocement, plus le couple va éviter les possibles blocages devant les premières difficultés et bien comprendre les limites des traitements. En cas de difficulté persistante, il pourra recourir à un suivi psycho-sexuel de soutien.

Un réconfort psychologique atténue les problèmes sexuels, mais, dans l’autre sens, le retour d’un niveau satisfaisant de sexualité contribue à améliorer le confort psychique du patient, notamment en lui faisant retrouver son sentiment d’identité virile.

Quelques éléments bibliographiques

Rôle-clé du patient

http://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/brochures/sexualite-cancer-homme.pdf

Rôle-clé de la partenaire

http://aihus.fr/prod/data/publications/cancer-sexualite/BenNaoum.pdf

Soutien médical et rôle de la partenaire

http://urofrance.org/nc/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/sexualite-et-cancer-de-la-prostate.html

Rôle-clé du couple

http://www.e-cancer.fr/cancerinfo/aider-un-proche-malade/les-relations/relations-de-couple/relations-sexuelles

Prostate et sexualité du couple

http://urofrance.org/fileadmin/medias/journee-prostate/2007/dossier-presse.pdf

citant notamment l’étude Krisis 2007 AFU/IPSOS « Exploration des discours masculins sur la sexualité »