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La radiothérapie est un traitement communément utilisé pour venir à bout du cancer de la prostate, le plus répandu des cancers masculins en France.

Si elle est souvent efficace, cette thérapie très agressive est aussi susceptible de provoquer des effets secondaires importants, survenant parfois en différé, alors que le traitement est terminé depuis plusieurs mois. Parmi ces effets secondaires, on trouve les dysfonctionnements intestinaux, des troubles pouvant affecter grandement la qualité de vie des patients durant et après leur traitement.

 

Radiothérapie et troubles intestinaux

Radiothérapie cancer prostate

La radiothérapie consiste à irradier les cellules cancéreuses pour les détruire et altérer leur ADN, les empêchant ainsi de proliférer. Malgré les avancées de la recherche dans ce domaine et le développement de techniques de radiothérapie toujours plus précises et ciblées, il arrive que les rayons touchent et détériorent les tissus sains entourant les cellules cancéreuses.

Dans le cas du cancer de la prostate, le rectum, organe proche, peut être irradié, provoquant une fragilisation et une inflammation des tissus intestinaux. Les dysfonctionnements intestinaux associés au traitement du cancer de la prostate se manifestent par un panel de symptômes pouvant varier d’un patient à l’autre : diarrhées, crampes, douleurs, sang dans les selles, incontinence, envies pressantes…

Il convient de noter que les atteintes du rectum consécutives à un traitement par radiothérapie de la prostate ne sont pas systématiques, et que les troubles en découlant sont généralement temporaires. Néanmoins, dans certains cas, ces dysfonctionnements intestinaux peuvent s’avérer permanents. C’est notamment le cas de la rectite radique chronique, qui peut survenir plusieurs mois ou années après la radiothérapie.

Enfin, d’autres traitements contre le cancer de la prostate sont également susceptibles de détériorer le rectum du patient, bien que cela demeure plus anecdotique. C’est le cas de la prostatectomie (ablation de la prostate), qui peut engendrer des lésions intestinales dans environ 1% des cas, le plus souvent lorsque le cancer s’est déjà étendu aux tissus avoisinants.

 

Rectite post-radique et cancer de la prostate

La rectite radique chronique est une complication fréquente du traitement par radiothérapie. Cette inflammation du rectum peut survenir durant ou après le traitement, et provoquer un inconfort et un mal-être important chez le patient.

La rectite post-radique peut prendre deux formes : chronique, auquel cas elle survient souvent tard et ne concerne que 5% à 10% des patients, et aiguë, sa forme la plus répandue, qui apparaît généralement pendant ou rapidement après le traitement. Dans le cas de la rectite aiguë, un traitement symptomatique suffit généralement à contrôler les troubles jusqu’à leur disparition complète. La rectite chronique, en revanche, est plus complexe à soigner et peut nécessiter une intervention chirurgicale.

La rectite post-radique, surtout dans sa forme chronique, peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie du patient, tant en termes de confort physique que d’interactions sociales. En effet, outre les douleurs et les gênes que ce type d’affection peut provoquer, le patient peut craindre de souffrir d’incontinence et d’envies irrépressibles, s’isolant alors de son entourage et du reste de la société.

Pour autant, la rectite, même chronique, n’est pas une fatalité, et il est important d’évoquer d’éventuels troubles intestinaux avec l’équipe médicale, même des années après un cancer de la prostate, pour mettre en place un traitement efficace.

 

Traitement des dysfonctionnements intestinaux dû au traitement du cancer de la prostate

Les traitements envisagés pour soulager une personne manifestant des troubles intestinaux dépendent de la cause de leurs symptômes et de l’intensité de ces derniers, ainsi que du profil du patient. En première intention, le patient se voit généralement prescrire des antalgiques et anti-inflammatoires oraux ou locaux pour contrôler les symptômes et soulager les douleurs intestinales.

Une opération chirurgicale ou une intervention au laser peuvent être envisagées lorsque l’inconfort du patient perdure, afin de détruire les tissus cicatriciels ou vaisseaux en cause. Outre les options médicales possibles, l’alimentation a une place de premier ordre dans la santé intestinale. Une modification du régime du patient est donc souvent recommandée pour contrôler ou éliminer les dysfonctionnements consécutifs à une détérioration des tissus intestinaux.

Il est notamment conseillé d’éviter les produits laitiers, les fibres et les matières grasses, des nutriments pouvant s’avérer irritants et peu digestes. Un apport en eau accru est également nécessaire pour amoindrir les risques de déshydratation pouvant survenir en cas de diarrhées répétées. Les dysfonctionnements intestinaux font partie des effets secondaires du traitement du cancer de la prostate les plus redoutés par les patients.

De fait, ils peuvent avoir des impacts conséquents sur la qualité de vie des patients au quotidien, et sont susceptibles d’engendrer un isolement social et un important mal-être psychologique. Heureusement, les traitements existants pour soigner et contrôler ces troubles sont, dans la plupart des cas, très satisfaisants, même en cas de désordres chroniques.

Il convient donc de ne pas négliger d’éventuels symptômes intestinaux survenant suite à un cancer de la prostate et d’en parler avec votre équipe soignante, et ce même des années après la fin de votre traitement.

Bibliographie :
  1. https://www.procure.ca/cancer-de-la-prostate/effets-secondaires/troubles-intestinaux/ ;
  2. https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-prostate/Radiotherapie-externe/Effets-indesirables-possibles