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Les formes héréditaires ou familiales du cancer du rein sont rares et ne représentent que 3 % environ des carcinomes à cellules rénales. Cependant, ces tumeurs du rein impliquent des prédispositions génétiques qui nécessitent un suivi adapté, en raison de leurs caractéristiques cliniques et évolutives.

Le cancer du rein héréditaire, lorsqu’il est identifié chez un patient, doit faire l’objet d’une enquête génétique pour identifier si des gènes de prédisposition sont présents chez des membres de la famille proche. Ce dispositif permet de déterminer l’étiologie de la maladie, d’établir un diagnostic précoce et d’assurer une prise en charge thérapeutique optimale.

 

Cancer du rein héréditaire : les différents types

On distingue deux catégories de tumeurs rénales héréditaires en fonction de leurs caractéristiques histologiques : le carcinome rénal à cellules claires et le carcinome tubulo-papillaire.

 

Carcinome rénal à cellules claires

La forme la plus courante est la maladie de Von Hippel-Lindau (VHL), qui représente la majorité des carcinomes rénaux à cellules claires induits par la transmission de gènes présentant des anomalies. Dans la maladie de VHL, cette anomalie est située sur le chromosome 3 et touche le gène VHL. Son incidence reste cependant rare au sein de la totalité des tumeurs rénales. La maladie de VHL peut parfois survenir en l’absence d’antécédent familial, si le patient est porteur d’une mutation génétique appelée « de novo ».

Il existe d’autres formes de carcinome rénal à cellules claires, telles que le cancer du rein commun familial à cellules claires, ou les cancers rénaux impliqués dans les syndromes tumoraux familiaux en dehors du VHL.

Le cancer du rein commun familial à cellules claires apparaît généralement à un âge plus précoce (autour de 45 ans). Sa survenue est corrélée à une prédisposition génétique à transmission autosomique dominante. Cela signifie que la maladie se transmet dans le contexte familial par des parents, et que le cancer peut se développer à partir d’une anomalie portant sur un seul gène. D’autres anomalies génétiques ont pu être identifiées chez certaines familles. Ces formes de carcinome rénal à cellules claires nécessitent toutefois une recherche de mutation génétique du VHL associée.

Dans des cas plus exceptionnels, des tumeurs rénales peuvent se développer en dehors d’une mutation du gène VHL. C’est le cas du Syndrome de Birt-Hugg-Dube, de la sclérose de Bourneville et de la léiomyomatose cutanée. Ces formes rares demandent des recherches de mutations génétiques sur certains gènes particuliers afin de poser un diagnostic.

 

Carcinome tubulo-papillaire

Ces tumeurs rénales sont très rares puisqu’elles ne représentent que 10 % environ des formes familiales de cancer du rein. Elles se développent également à un âge plus précoce que les tumeurs rénales “classiques”, comme c’est le cas dans plusieurs formes de carcinome héréditaire du rein. Cependant, le volume de ces tumeurs est souvent de petite taille (inférieure à 3 cm) ce qui permet une chirurgie partielle moins invasive pour le patient.

 

Diagnostic du cancer du rein héréditaire

Les cancers du rein héréditaires présentent plusieurs particularités communes. Ils se développent en général à un âge plus précoce que les autres formes de cancer du rein (avant 30 ans), de façon bilatérale (la tumeur touche les deux reins), et multifocale (présence de plusieurs foyers tumoraux dans le rein). Ils peuvent être associés à d’autres tumeurs présentes dans d’autres parties du corps (bénignes ou malignes). Cependant, le diagnostic d’un cancer du rein familial reste complexe.

Concernant la maladie de VHL, plusieurs signes cliniques sont observés, notamment l’apparition de tumeurs : des hémangioblastomes de la rétine et du système nerveux central (tumeurs vasculaires bénignes qui se développent lentement), des kystes des reins ou des adénocarcinomes rénaux (tumeurs d’origine glandulaire), des tumeurs du pancréas, du sac endolymphatique, des surrénales… Ces tumeurs peuvent survenir successivement, à plusieurs localisations.

Dans le cas des carcinomes tubulo-papillaires, la tumeur est également souvent bilatérale et multifocale.

 

Génétique et cancer du rein

Ces formes héréditaires de tumeurs rénales doivent faire l’objet d’une surveillance spécifique, en raison de leurs difficultés de prise en charge.

Un réseau de centres spécialisés PREDIR est présent à travers la France, afin de proposer un test génétique et un suivi adapté pour les patients. Lorsque l’on suspecte une origine génétique, une équipe médicale peut proposer au patient ainsi qu’aux membres de sa famille une consultation d’oncogénétique afin de confirmer le diagnostic et évaluer les risques de cancer. En raison de la complexité de prise en charge, des traitements spécifiques sont ensuite envisagés afin de limiter au maximum l’altération de la fonction rénale.

 

Bibliographie

  1. Réseau National de Référence pour Cancers Rares de l’Adulte PREDIR (PREDIspositions aux tumeurs du Rein) : http://www.predir.org/View/index.aspx
  2. En savoir plus sur la maladie de Von Hippel-Lindau : Association VHL France https://www.vhlfrance.org/