Une étude récente comparant les bénéfices d’une nouvelle association médicamenteuse et ceux de la chimiothérapie ont mis en avant l’efficacité d’un conjugué Enfortumab Vedotin dans le cadre du traitement du cancer de la vessie. Les résultats avancés par les chercheurs font état d’une réduction de 30 % du risque de décès de la maladie par rapport aux patients traités avec une chimiothérapie.
Cancer de la vessie : généralités
Chaque année, près de 549 000 personnes sont diagnostiquées d’un cancer urothélial de la vessie à travers le monde. Chaque année, cette pathologie est responsable de 200 000 décès. Le traitement de référence du cancer de la vessie est généralement la chimiothérapie. Cependant, la chimiothérapie n’est pas un traitement ciblé et présente le désavantage d’endommager aussi des cellules saines. Les associations de traitements d’anticorps et de médicaments ciblés permettent de délivrer le traitement des agents de chimiothérapie aux cellules tumorales.
Déroulé de l’étude
Ce sont les chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres et du Barts Health NHS Trust qui ont présenté les résultats de cet essai de phase III comparatif entre l’association anticorps-médicament enfortumab-vedotin face à la chimiothérapie pour des patients touchés par un cancer de la vessie. Les résultats ont montré une survie globale plus longue chez les patients traités avec le nouveau conjugué, avec une réduction du risque de décès de 30 %.
L’étude a porté sur 608 patients adultes porteurs d’un cancer urothélial localement avancé ou métastatique. Tous ces patients avaient été précédemment traités par une chimiothérapie par platine et par un inhibiteur PD-1 ou PD-L1.
La moitié des patients, répartis au hasard, ont reçu l’association enfortumab-vedotin. L’autre moitié des patients ont reçu une chimiothérapie. L’évaluation a essentiellement porté sur la survie globale. Le suivi a duré en moyenne 11,1 mois.
Au cours de la surveillance, les scientifiques se sont aperçus que les patients traités par enfortumab-vedotin présentaient une survie globale plus longue que ceux traités par chimiothérapie (12,88 mois vs 8,97 mois). Par ailleurs, la survie sans progression de la maladie était aussi plus longue avant que les patients ne reçoivent le nouveau médicament (5,6 mois vs 3,7 mois chez les patients traités par chimiothérapie).
Une réponse complète ou partielle était obtenue chez 40,6 % des patients du groupe enfortumab-vedotin (vs 17,9 % dans le groupe chimiothérapie). Les effets secondaires ont été évalués comme étant quasiment similaires pour les deux groupes de patients et gérables.
Cancer de la vessie : vers un arsenal thérapeutique plus étendu ?
Ce nouveau type de médicaments associant anticorps et médicaments ciblés a montré des capacités de survie accrues chez les patients touchés par un cancer de la vessie. Ces résultats sont assez remarquables étant donné la difficulté de prise en charge de cette maladie. Les résultats obtenus ont dépassé ceux de la chimiothérapie, avec notamment un taux de mortalité réduit de 30 %, ce qui est très encourageant.
Ce nouveau type de thérapie anticancer pourrait potentiellement changer la manière de traiter les patients atteints par un cancer de la vessie s’il était proposé de manière systématique à l’avenir, ou du moins, comme alternative à la chimiothérapie. C’est particulièrement le cas pour les patients porteurs d’un cancer urothélial de stade avancé.
Les auteurs de cet essai clinique de phase III se félicitent des résultats obtenus. Ils rappellent que pendant des décennies, il n’existait que très peu d’options thérapeutiques disponibles pour prendre en charge cette pathologie, et que celle-ci comportait un pronostic vital mauvais. Des progrès ont déjà été réalisés quelques années auparavant avec l’apparition des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires.
Une expérience clinique plus poussée permettra d’évaluer le bénéfice de l’association enfortumab vedotin en termes de survie dans le monde réel. Par ailleurs, l’analyse des toxicités et l’impact sur la qualité de vie en dehors d’un essai clinique aidera à mieux comprendre ses possibilités futures dans la prise en charge thérapeutique du cancer de vessie.
Le médicament est déjà disponible aux États-Unis suite à une autorisation accélérée de la Food and Drug Administration. Au Royaume-Uni, il est en attente d’autorisation réglementaire. Il pourrait donc potentiellement, selon les chercheurs, être mis à la disposition des patients dans un futur proche.
Bibliographie (en anglais) :
The pharmaceutical journal – New drug cuts the risk of death in bladder cancer by 30% compared with chemotherapy, study suggests
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.