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Cancer de la vessie et intelligence artificielle ? C’est aujourd’hui une possibilité pour améliorer la prise en charge. Si elle ne peut se substituer au diagnostic précoce du cancer de la vessie par un médecin spécialiste, l’intelligence artificielle connaît aujourd’hui des progrès tels qu’elle pourrait bien être utilisée comme « second avis », et accompagner les médecins dans l’étude des caractéristiques d’une tumeur avec l’objectif d’optimiser la prise en charge thérapeutique du cancer de la vessie.

 

Intelligence artificielle : le cancer de la vessie au crible

Une équipe de cancérologues de l’Université du Michigan aux États-Unis a élaboré un nouvel outil d’apprentissage automatique capable d’analyser de manière plus précise la réponse de patients aux traitements (notamment la chimiothérapie) dans le cadre du traitement du cancer de la vessie.

Cette petite étude a été menée sur plusieurs sites, et met en lumière l’efficacité d’un système élaboré à partir de l’intelligence artificielle (IA). Celui-ci permet d’optimiser l’évaluation clinique de la réponse thérapeutique d’un patient traité par chimiothérapie pour un cancer de la vessie avant d’envisager une chirurgie d’ablation de la vessie (cystectomie radicale). Le Dr Lubomir Hadjiyski, auteur principal de cette étude et professeur de radiologie à l’Université du Michigan, parle d’une aide précieuse apportée par ce modèle si on l’utilise de manière intelligente.

 

Cancer et intelligence artificielle

L’intelligence artificielle ne pourra pas se substituer à l’expertise d’un professionnel de santé habilité, spécialisé dans le cancer de la vessie, comme le rappellent les auteurs de cette étude. Toutefois, elle pourrait bien apporter une aide précieuse et améliorer la prise en charge de ce type de tumeurs. On sait en effet que le traitement de référence du cancer de la vessie est la chirurgie d’ablation totale pour éviter toute récidive de la maladie ou un envahissement à d’autres organes ou parties du corps pour former des métastases. Mais depuis quelques années, des éléments ont permis de révéler que la chirurgie n’était peut-être pas la seule alternative, notamment si le patient n’a plus de trace du cancer après une chimiothérapie.

Intelligence artificielle et cancer

C’est dans ce contexte que l’intelligence artificielle s’avère très intéressante : utiliser l’IA pour réaliser une analyse post-chimiothérapie.

Après une chimiothérapie, il peut être difficile de déterminer la nature de la lésion qui persiste après un traitement. S’agit-il de tissu nécrotique ? Du cancer qui reste dans le corps ? Les scientifiques se sont alors posé la question de l’aide que pouvait apporter l’IA dans cette configuration, sans toutefois entraver le jugement du médecin.

Pour cela, ils ont demandé à une équipe pluridisciplinaire de 14 médecins (urologue, oncologue, radiologue, et même des étudiants en médecine…) d’observer les analyses de 157 tumeurs de la vessie avant et après le traitement. Les différents professionnels ont pu noter trois mesures de niveau de réponse pour la chimiothérapie et partager leur avis quant à la suite de la prise en charge thérapeutique de chaque homme inclus dans l’étude (en l’occurrence : une chirurgie de la vessie ou de la radiothérapie externe).

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Dans une seconde étape, les médecins ont pu bénéficier des résultats calculés par le système informatique. Les scores les plus faibles montraient une chance plus réduite de réponse complète à la chimiothérapie, et les scores plus élevés indiquaient une probabilité plus forte de réponse complète. Grâce à ces données, les médecins ont pu modifier leurs notations initiales ou les laisser telles quelles.

Tous les médecins qui participaient à l’étude s’accordent à dire que leur évaluation a été améliorée par le système de l’intelligence artificielle, peu importe leur spécialité et leur niveau d’expérience. Les professionnels moins expérimentés en retirent même une valeur ajoutée très marquée puisqu’ils arrivent aux mêmes conclusions diagnostiques que les médecins plus expérimentés. Le système de l’IA apporte également un appui notable aux professionnels de santé moins spécialistes ou moins orientés « soins cliniques seuls ».

L’équipe de chercheurs responsables de cette étude travaille depuis plus d’une vingtaine d’années sur les possibilités et promesses de l’intelligence artificielle pour évaluer divers types de maladies cancéreuses, ainsi que les réponses thérapeutiques des patients. Aujourd’hui, ils sont assurés de l’efficacité et de l’utilité de tels systèmes d’apprentissage automatique pour seconder les médecins et jouer un rôle de « second avis ».

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Bien sûr, un tel système (tout comme l’humain) n’est pas infaillible, et des erreurs peuvent se produire. Il faut donc utiliser l’intelligence artificielle de manière éclairée, car celle-ci ne pourra jamais remplacer le jugement d’un professionnel de santé. Elle pourra en revanche apporter des améliorations efficaces, notamment dans la lutte contre le cancer.

 

Bibliographie :

Tomography March, 2022 – Computerized Decision Support for Bladder Cancer Treatment Response Assessment in CT Urography: Effect on Diagnostic Accuracy in Multi-Institution Multi-Specialty Study