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Se baser sur la cinétique du PSA dans la surveillance active du cancer prostatique ? L’introduction du dosage du PSA en pratique courante a modifié considérablement le diagnostic du cancer prostatique. Dans la majorité des cas, le diagnostic est fait à un stade précoce auquel le traitement n’est pas forcément bénéfique. Mais comme il est actuellement impossible de prévoir formellement l’évolution naturelle d’un cancer, le risque de surtraitement est élevé. Deux solutions se présentent alors. L’une d’elles est de ne plus réaliser de dosages de PSA, comme le préconisent les recommandations. La seconde est de ne proposer de traitement qu’aux patients dont le cancer est «significatif», tandis que les autres, qui présentent un cancer à bas risque, bénéficient de la surveillance active. Ces patients sont étroitement surveillés, pour détecter le moindre changement dans les caractéristiques biologiques de la tumeur, et la plupart des protocoles prévoient des biopsies de prostate répétées.

 

La nécessité de repérer des facteurs prédictifs de la progression tumorale

Considérant que la majorité des hommes chez qui est diagnostiqué actuellement un cancer de prostate a plus de 20 ans d’espérance de vie, un patient présentant un cancer non évolutif devra se soumettre à plus de 10 biopsies au cours de sa vie. Ce chiffre laisse entrevoir une probabilité élevée d’abandon par un certain nombre de candidats à la surveillance active, sans compter le risque de complications.  C’est pourquoi il est désormais essentiel d’identifier des facteurs prédictifs associés avec le risque de progression de la tumeur. Certains d’entre eux, présents dès le diagnostic ont déjà été reconnus. Restait à repérer les facteurs se manifestant plus tard au cours du suivi, et associés à un risque de progression du cancer. C’est ce à quoi s’est attachée une équipe états-unienne. L’étude inclut 314 patients en surveillance active chez lesquels a été analysée l’association entre le PSA et ses « dérivés » (densité du PSA, sa vélocité et son temps de doublement), la présence d’une tumeur bilatérale, le nombre de biopsies négatives successives et enfin le risque de progression au cours de la surveillance, entre la 1ère et la 4ème biopsie.

 

La vélocité et le temps de doublement du PSA sont utiles dès la 4ème biopsie

Au cours d’un suivi médian de 3 ans, les patients ont eu en moyenne 2,4 biopsies. Entre la 1ère et la 3ème biopsie, aucun des éléments analysés ne fournit d’information supplémentaire concernant le risque de progression. En revanche, la cinétique du PSA, c’est-à-dire le temps de doublement et la vélocité, sont des éléments prédictifs significatifs de la progression tumorale à partir de la 4ème biopsie. C’est ainsi qu’aucune progression tumorale n’est retrouvée pour 23 patients chez qui la vélocité du PSA est négative. Parmi 54 patients dont le temps de doublement est de plus de 3 ans, 2 seulement auront une progression tumorale, tandis que pour 6 sur les 9 patients ayant un temps de doublement inférieur à 3 ans la tumeur aura progressé à la 4ème biopsie. Ces résultats apportent des informations essentielles pour la surveillance active. Ils montrent en effet que la cinétique du PSA est associée à la progression tumorale relativement tard dans la surveillance active, au moment où les paramètres initiaux perdent de leur valeur prédictive, en assurant en quelque sorte le relai. Les auteurs estiment qu’au cours de la surveillance active, le délai entre les biopsies est fixé au début par les caractéristiques initiales du patient et de sa tumeur, alors que par la suite, la cinétique du PSA serait donc un guide plus utile. Ils admettent toutefois que cette donnée relativement nouvelle devra être validée par d’autres travaux avant d’être adoptée en pratique courante.

Références:

Iremashvili V et coll. : Is It Time to Revisit the Role of Prostate-Specific Antigen Kinetics in Active Surveillance for Prostate Cancer? Urology, 2016; publication avancée en ligne le 26 avril. doi: 10.1016/j.urology.2016.04.016.