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La difficulté à aborder le sujet de l’ncontinence urinaire pour les patients est amplifiée lorsqu’il s’agit de manifestations impactant la qualité des rapports sexuels.

Le diagnostic consistera à identifier l’implication de perte de sécrétions, de diverticule urétral ou de  fistule vésico-vaginale. Le moment de survenue des fuites doit être précisé, il permettra d’orienter le praticien vers une étiologie spécifique.

En fonction du sexe et de l’étiologie, les symptômes peuvent être traités avec une prise en charge globale de l’incontinence, grâce à une rééducation pelvi-périnéale ou des stimulations électriques, la chirurgie affichant un taux de succès proche des 80% en cas de fuites survenant pendant la pénétration et de 60% pour les anticholinergiques en cas de fuites durant l’orgasme.

Les particularitées liées au sexe :

  • La définition de l’incontinence coïtale est  « une perte involontaire d’urines lors du coït, dont se plaint la patiente ». On  distingue la perte d’urines survenant à la pénétration et celle se produisant lors de l’orgasme.  24 à 67% des femmes seraient concernées par l’incontinence, elle reste tourtefois peu rapportée de façon spontanée. La prévalence de l’incontinence coïtale isolée est évalué dans la fourchette de 7% à 20%.
  • Chez la femme, le moment de survenue de l’incontinence coïtale durant l’acte peut être varié suivant les symptômes spécifiques:
    • Les fuites des femmes présentant une incontinence urinaire à l’effort surviennent plus souvent au moment de la pénétration,
    • Tandis que celles liées à l’incontinence détrusorienne se manifestent plutôt au moment de l’orgasme.
    • Selon des travaux ayant étudié les caractéristiques vésicales à l’échographie, l’incontinence coïtale serait un marqueur de la sévérité de l’hyperactivité détrusorienne souvent en corrélation avec une paroi vésicale épaissie. Une autre a décrit une association entre l’incontinence coïtale et la sévérité de l’incontinence liée à l’effort, à la parité ou à l’existence d’un prolapsus vaginal.
  • Chez l’homme, l’incontinence coïtale est le plus souvent observée chez les patients ayant subi une prostatectomie, on l’associe à une incontinence à l’effort. Différentes publications évoquent le fait que l’intensité de ce type d’incontinence diminue dans le temps à mesure qu’on s’éloigne de la chirurgie. Cette incontinence coïtale serait liée à une insuffisance sphinctérienne consécutive à une lésion du sphincter lui-même ou de son innervation.

Comment la traiter?

  • Chez les femmes, la rééducation pelvi-périnéale, ou la combinaison de biofeedback avec une stimulation électrique et des exercices musculaires du plancher pelvien réduiraient la fréquence des fuites urinaires coïtales, avec une amélioration de la fonction sexuelle pour la seconde approche. La pose de bandelettes sous-urétrales est réputée améliorer de façon significative les fuites urinaires durant les rapports, selon plusieurs études.
  • Chez les hommes, son traitement passe par une rééducation périnéale, l’utilisation d’une boucle pénienne et la pose de bandelettes sous-urétrales ou d’un sphincter artificiel qui sont les alternatives capables de réduire la fréquence des manifestations.

Bibliographie

  • Moutounaïck M, Miget G, Teng M, Kervinio F, Chesnel C, Charlanes A, Le Breton F, Amarenco G. L’incontinence coïtale. Prog. Urol.2018 Jun 01