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Bien que de diverses origines, l’incontinence urinaire d’effort, fréquente chez les sujets féminins, serait liée à une altération de l’intégrité des muscles et du fascias pelviens. Il s’avère que des récepteurs androgéniques sont positionnés au niveau du muscle releveur de l’anus et du fascia pubocervical, ces mêmes androgènes possédant un effet anabolique sur le plancher pelvien.

La question se pose donc de déterminer si les femmes souffrant d’incontinence urinaire d’effort sont celles présentant les taux les plus faibles de testostérone ?

Une récente étude permet de faire la lumière sur ce sujet, cette étude est basée sur les données de l’enquête NHANES de 2012 qui avait été conduite chez les femmes de plus de 20 ans qui avaient bénéficié d’une investigation spécifique, comportant notamment l’évaluation du taux sérique de testostérone et des questions permettant d’identifier une incontinence urinaire d’effort, une urgenturie ou une incontinence mixte.

Méthodologie de l’étude:

  • L’étude a été conduite à partir de la cohorte américaine en population NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) et qui fait l’objet régulier investigations médicales.
  • Les taux normaux de testostéronémie n’étant pas clairement définis chez les femmes, les auteurs ont conduit une analyse logarithmique des taux circulants considérant le quartile le plus bas comme correspondant à un déficit en testostérone.
  • L’analyse statistique univariée et multivariée visait à déterminer la relation entre faible testostéronémie et incontinence.

Résultats :

  • Au total, l’étude a porté sur 2.321 femmes, dont 50,9% se plaignaient d’incontinence, avec 37,5% (n=870) se plaignaient d’une incontinence urinaire d’effort, 29,8% (n=692) d’une urgenturie et 16,4% (n=380) d’une incontinence urinaire mixte.
  • Les femmes qui étaient concernées par les troubles urinaires, quelle que soit la nature de l’incontinence, présentaient plus fréquemment des taux de testostéronémie faibles (p<0,001). Elles étaient le plus souvent âgées, présentaient un IMC plus élevé que la moyenne et étaient plus souvent diabétiques que les autres.
  • Le taux de testostérone était maximal dans la trancche d’âge 20-29 ans, puis déclinait progressivement avec l’âge. Le quartile le plus bas était défini par un seuil de 6,54 ng/dL.
  • Après analyse multivariée, les femmes appartenant au plus faible quartile de testostérone étaient celles qui avaient le plus fort risque d’incontinence liée à l’effort ou d’incontinence mixte (OR : 1,51 et 1,60 respectivement, significatif). La même association n’a pas pu être observée pour les urgenturies.

Limites:

  • Les symptômes urinaires étaient autodéclarés par les participantes à cette étude.
  • La méthode utilisée pour le dosage de la testostérone (tandem LC-MS) était la plus sensible mais représente un risque  de variabilité.

Ce qu’il faut retenir:

Il semble que l’incontinence urinaire d’effort et l’incontinence urinaire mixte soient liées à des taux de testostérone faibles. Cette relation a pu être confirmée après ajustement multivarié mais n’était pas dose-dépendante.

Si cette étude conforte l’idée du rôle des androgènes sur la fonction du plancher pelvien, elle incite aussi à intensifier les travaux pour déterminer le rôle des androgènes chez les femmes.