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Les traitements du cancer de la prostate ont des impacts sur la vie sexuelle des patients, affectant à des degrés divers leur libido ainsi que leurs capacités d’érection et d’éjaculation. Ces problèmes peuvent être accessibles à des traitements  qui seront décrits dans un autre article.

Principaux traitements et effets

Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme de plus de 50 ans avec en France 70 000 cas et 9 000 décès par an. Les chances de guérison sont grandes s’il est soigné précocement.

Il existe deux traitements principaux à visée curatrice indiqués pour les cancers localisés :

– La prostatectomie, traitement le plus fréquemment proposé, désigne l’ablation de la prostate et des vésicules séminales (glandes débouchant dans la prostate et rendant le sperme liquide).

– La radiothérapie utilise les rayons X pour éliminer les cellules cancéreuses de la prostate. Il peut s’agir d’une irradiation externe ou d’une curiethérapie interstitielle avec introduction de grains d’Irridium radioactif dans la prostate.

La fonction sexuelle est habituellement évaluée avant de proposer ces traitements. C’est ainsi qu’on s’aperçoit  que plus d’un tiers des patients  présentent  déjà des difficultés dans leur vie sexuelle.

Elles sont liées au vieillissement, à des facteurs de risque vasculaire, à des problèmes psychologiques ou sont encore conséquences de traitements suivis pour d’autres affections .

Les traitements à visée curatrice du cancer de la prostate  sont susceptibles d’altérer la vie sexuelle des patients, notamment leur libido, la solidité de leurs érections ou leurs capacités d’éjaculation, mais une prise en charge adaptée permet de limiter de tels effets.

Problèmes de libido

Le désir sexuel ou « libido » désigne l’attirance vers le ou la partenaire et l’intérêt porté à la relation sexuelle. Cette libido est susceptible d’être affectée par les conséquences physiques et psychologiques de la maladie ainsi que par les traitements qui ont été nécessaires.

Les conséquences psychologiques en résultant ainsi que celles liées aux difficultés et interruptions de la vie sexuelle du couple obligent celui-ci à des efforts de dialogue, de compréhension, de complicité et, le cas échéant, à la consultation d’un sexologue.

Problèmes d’érection

L'anatomie moderne de la prostate avec les bandelettes vasculo-nerveuses de l'érection.

L’anatomie moderne de la prostate avec les bandelettes vasculo-nerveuses de l’érection.

P: prostate

Rec.: rectum

LPF: fascia oéri-prostatique

LA: muscle releveur de l’anus

PF: fascia pelvien

BVN: bandelette vasculo-nerveuse

 

Après prostatectomie

Ces troubles sont fonction de l’extension du cancer.

– Si celui-ci n’est pas trop étendu, l’intervention chirurgicale  peut épargner les nerfs impliqués dans le mécanisme physiologique de  l’érection, en préservant  les deux « bandelettes » neurovasculaires les contenant et situées de part et d’autre de la prostate, ou au moins une de ces bandelettes . Dans ce cas, la fonction érectile est récupérable totalement  ou en partie : chez 75 -85% des patients en cas de préservation des 2 « bandelettes », et chez 40-70% en cas de préservation unilatérale . Cependant, la récupération des érections n’est pas conditionnée uniquement par la préservation nerveuse. Les altérations vasculaires – artérielles et veineuses – induites par la dissection de la prostate et des vésicules séminales peuvent également participer aux difficultés érectiles puisque l’érection est un phénomène physiologique complexe : c’est un mécanisme vasculaire, à commande neurologique qui doit intervenir dans  un certain climat hormonal.

Cette « réhabilitation » de la fonction sexuelle intervient dans les deux années qui suivent la prostatectomie.

Il s’agit d’abord de la réapparition d’érections « faibles » dans les premières semaines ou les premiers mois qui suivent l’ablation. Par la suite, spontanément ou grâce à  des traitements, le  patient va récupérer progressivement  ses fonctions érectiles et la jouissance  d’une sexualité.

– Quand le cancer est trop étendu, les bandelettes vasculo-nerveuses doivent être sacrifiées pour passer au large des lésions cancéreuses, en tissu sain, avec des marges d’exérèse négatives et espérer ainsi guérir le patient.

Cette nécessité d’exérèse large ne signifie pas obligatoirement l’abandon de toute vie sexuelle. En face d’un couple très motivé  l’urologue pourra prescrire des traitements pour pallier souvent en grande partie à ces problèmes.

Au global, malgré des difficultés d’érection chez 30 à 80 % des patients opérés, au moins 80% d’entre eux peuvent avec ou sans traitements, récupérer des capacités érectiles compatibles avec une sexualité satisfaisante.

Après radiothérapie externe ou curiethérapie

Les rayons administrés sur la prostate et le bulbe du pénis (à sa base) peuvent altérer les nerfs érectiles contenus dans les bandelettes neurovasculaires, et également les vaisseaux sanguins.

Les troubles de l’érection dépendent de la dose de rayons administrée, de l’âge et de la qualité de la sexualité du patient avant l’intervention.

A l’inverse de la chirurgie où les troubles de l’érection  sont en règle présents dans les suites immédiates de l’intervention mais où les possibilités de récupération de la fonction sexuelle se développent dans les deux ans qui suivent la prostatectomie, les patients irradiés n’ont souvent pas de troubles sexuels à la fin du traitement. Cependant ces troubles s’installent chez eux dans les mois qui suivent ce traitement et  augmentent par la suite durant les  années  suivant le traitement.

De 30 à 60% des patients (selon les doses de rayons délivrées) constatent des problèmes d’érection 1 an après l’irradiation .

Globalement  près de la moitié des patients conservent tout ou partie de leurs capacités érectiles quelques années après l’irradiation.

Pour les autres, l’urologue pourra conseiller des traitements pour pallier souvent en grande partie à ces problèmes.

Problèmes d’éjaculation

Après prostatectomie

L’opération supprime définitivement et irrémédiablement l’éjaculation externe du sperme mais si des érections sont récupérées permettant la reprise de relations conjugales complètes les possibilités pour le patient et sa partenaire de ressentir l’orgasme sont préservées.

Les capacités de procréation directe sont définitivement  atteintes et il convient de recourir à d’autres méthodes en cas de volonté de reproduction, ce qui est rare aux âges où survient le cancer de la prostate.

Le sperme est composé de la sécrétion des testicules –  les spermatozoïdes – et de celle des vésicules séminales et de la prostate.

Dans la mesure où l’intervention chirurgicale- la prostatectomie radicale –  retire la prostate entièrement ainsi que les vésicules séminales, et puisque les canaux déférents qui  acheminent les spermatozoïdes sont également coupés, il est facile dès lors de comprendre pourquoi il n’y a plus de sperme après prostatectomie.

Cette disparition du sperme est différente de l’éjaculation rétrograde qu’on observe après la chirurgie de l’hypertrophie bénigne de la prostate avec laquelle on la confond souvent.

La chirurgie de l’hypertrophie bénigne de la prostate élargit le col de la vessie et celui-ci ne peut dès lors plus se refermer durant l’éjaculation : ceci conduit à l’expulsion du sperme dans la vessie plutôt qu’à l’extérieur du pénis.

Après radiothérapie

Parce qu’une radiothérapie externe ou une curiethérapie délivre des doses importantes de rayons a la prostate, des troubles plus ou moins importants de l’éjaculation peuvent survenir après ces traitements : réduction de volume ou disparition de l’éjaculation, éjaculation douloureuse, détérioration de la qualité de l’orgasme.

L’information aux patients présentant un cancer de la prostate localisé doit prendre en compte la dimension andrologique dans sa globalité (notamment l’éjaculation et l’orgasme), et ne pas se limiter à la seule fonction érectile.

Quelques éléments bibliographiques

Synthèse résumée :

http://www.e-cancer.fr/cancerinfo/les-cancers/cancers-de-la-prostate/la-sexualite

Cancer et vie sexuelle :

http://www3.ligue-cancer.net/files/national/article/documents/bro/sexualite_homme.pdf

Effets de la prosatectomie :

http://www.cancer-de-la-prostate.fr/comprendre-cancer-prostate/sexualite-risque-operatoire-cancer-prostate.html

http://urofrance.org/lurologie-grandpublic/urologie-expliquee-aux-patients/interventions-urologiques/prostatectomie-totale-flash.html

Effets de la radiothérapie :

http://urofrance.org/lurologie-grandpublic/urologie-expliquee-aux-patients/interventions-urologiques/curietherapie-prostatique-flash.html

http://www.e-cancer.fr/cancerinfo/les-cancers/cancers-de-la-prostate/la-radiotherapie-externe/les-effets-secondaires

Cas concrets d’impacts sur la sexualité (en Anglais):

http://prostatecanceruk.org/media/1689186/prostate-cancer-and-your-sex-life-booklet.pdf