Le cancer de la vessie est le 7e cancer le plus répandu, avec une prédominance significative chez les hommes.
Lors du congrès 2020 de l’ASCO – American Society of Cancer Oncology (Association Américaine d’Oncologie Clinique) – de nouvelles avancées en matière de lutte contre cette maladie ont été mises en lumière. L’immunothérapie, qui en est encore à ses débuts en oncologie, a confirmé son grand potentiel à travers des résultats prometteurs dans le cadre du traitement contre le cancer de la vessie et du cancer du côlon.
Le cancer de la vessie en France
Le cancer de la vessie est une maladie qui se manifeste par une multiplication anarchique des cellules de la vessie engendrant la formation de tumeurs malignes. Avec le temps, le cancer de la vessie est susceptible de se généraliser, c’est-à-dire de former des métastases colonisant d’autres zones de l’organisme. La forme la plus commune de cancer de la vessie est le carcinome urothélial, qui atteint la muqueuse de la paroi interne de l’organe (urothélium).
Plus rarement, on rencontre des cancers touchant d’autres zones de la vessie, ainsi que d’autres formes de cancer (épidermoïdes, adénocarcinome…).
En France, le cancer de la vessie se manifeste le plus souvent chez les hommes de plus de 50 ans, avec une plus grande fréquence des diagnostics entre 70 et 84 ans. Cette incidence s’explique en partie par le tabagisme, facteur de risque important de la maladie, qui concernait davantage les hommes que les femmes au 20e siècle. Une statique susceptible d’évoluer au 21e siècle.
Traitement actuel du cancer de la vessie
Lorsqu’il est diagnostiqué à temps et prend sa forme la plus commune, à savoir le carcinome urothélial, le cancer de la vessie se présente sous la forme d’une tumeur localisée qui peut être retirée par chirurgie endoscopique (résection trans urétrale de tumeur de vessie).
Il s’agit d’un traitement conservateur de la vessie.
Une chimiothérapie locale intra vésicale peut compléter cette résection endoscopique notamment en cas de récidive de tumeur superficielle de bas grades.
Une immunothérapie locale réalisée par des instillations intra-vésicales de BCG peut être indiquée en cas de risque de récidive de tumeur superficielle de haut grade. Si le cancer ne répond pas au traitement conservateur ou se trouve à un stade avancé, le traitement privilégié consiste généralement une ablation chirurgicale totale de la vessie et des ganglions, éventuellement complétés par une chimiothérapie adjuvante.
Aux stades les plus avancés de la maladie, lorsque le cancer a déjà évolué vers une forme métastatique ou est inextirpable, le traitement chirurgical est impossible ou n’offre plus de perspectives satisfaisantes.
Dans ce cas, seules la chimiothérapie et l’immunothérapie peuvent être mises en place pour contrôler l’évolution de la maladie et ralentir sa propagation. Ce type de traitement ne vise pas à éliminer le cancer de la vessie, dès lors trop étendu, mais à allonger la durée de vie du patient.
Les avancées de la médecine en immunothérapie présentées lors de l’ASCO 2020 offrent de nouvelles perspectives dans le traitement de ces cancers agressifs, pour lesquels il n’existe pas d’alternatives curatives.
L’immunothérapie dans le traitement du cancer de la vessie
L’immunothérapie est couramment utilisée dans le traitement de différents cancers depuis les années 2010, mais a connu des avancées significatives depuis 2015 seulement. Cette thérapie innovante repose sur le principe que le système immunitaire est capable de déceler et de détruire les cellules cancéreuses présentes dans l’organisme. Cependant, les cancers peuvent mettre des freins au système immunitaire, soit en se dissimulant, soit en altérant son fonctionnement.
L’immunothérapie vise à renforcer ou à restaurer le fonctionnement du système immunitaire pour lui permettre de lutter contre le cancer, ce qui lui vaut parfois le nom de « thérapie biologique » ou « thérapie naturelle ». Actuellement, l’immunothérapie est généralement utilisée en seconde intention, lorsqu’une première thérapie a échoué et que l’on assiste à une récidive du cancer.
L’ASCO de 2020 a mis en exergue l’évolution des immunothérapies qui s’avèrent de plus en plus efficaces, et tendent à se diversifier, offrant une utilisation plus large et plus ciblée. Au cœur des innovations médicales de l’année, le laboratoire Merck et son partenaire Pfizer, qui ont présenté une nouvelle thérapie prometteuse ciblant le cancer de la vessie. Ce traitement, le Bavencio, est un inhibiteur de check-point anti-PD-L1 qui permet de réactiver la réponse immunitaire face aux cellules cancéreuses.
Les résultats des essais cliniques menés par Merck et Pfizer sont encourageants, permettant notamment d’allonger la durée de vie des patients atteints de cancers de la vessie stabilisés par chimiothérapie de près de 50%.
Les nouvelles avancées dans le domaine de l’immunothérapie présentées lors de cet ASCO 2020 permettent donc d’envisager des traitements très prometteurs dans le futur. L’augmentation de la durée de survie constatée lors des essais cliniques est, à ce jour, la plus longue jamais observée, toutes thérapies confondues.
À l’avenir, l’immunothérapie pourrait s’imposer comme une étape standard du protocole de traitement de la plupart des cancers agressifs.
Bibliographie
- https://www.rtflash.fr/asco-2020-avancees-importantes-dans-lutte-contre-cancer/article
- https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-vessie/Les-points-cles
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.