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La maladie de Lapeyronie est une atteinte du pénis qui se caractérise par une déformation ou courbure de la verge en érection. Elle peut être très invalidante au quotidien, entraînant de possibles douleurs et des difficultés à avoir des rapports sexuels. Elle peut être aussi à l’origine d’un retentissement psychologique très important chez les hommes touchés.

 

Qu’est-ce que la maladie de Lapeyronie ?

La maladie de Lapeyronie se caractérise par une déformation ou courbure de la verge provenant d’une fibrose (ou cicatrice) localisée de l’albuginée du corps caverneux, la membrane élastique qui recouvre les corps caverneux et qui leur permet de s’allonger et d’augmenter de volume. Elle devient rigide à l’endroit où se développe la maladie lorsque la verge se remplit de sang.

Cette affection entraîne une courbure progressive du pénis, qui survient le plus souvent au niveau dorsal ou dorso-latéral. Cette déformation devient ensuite acquise et ne se résorbe pas spontanément sans l’intervention d’un traitement adapté.

Chez un grand nombre de patients, la maladie de Lapeyronie peut provoquer des douleurs en érection et une perte de rigidité de la verge.

La maladie de Lapeyronie évolue selon plusieurs phases et la période pendant laquelle le pénis se déforme peut varier d’un patient à l’autre. La déformation peut survenir immédiatement après un traumatisme ou se constituer sur plusieurs mois. La phase active ou aiguë, caractérisée par une réaction inflammatoire et des douleurs peut durer quelques jours ou plusieurs mois. Généralement, elle n’excède pas un an. Durant cette phase, la déformation n’est pas encore stabilisée et peut soit s’aggraver soit, de façon plus rare, s’améliorer. Lorsque cette phase active est terminée, la phase froide survient durant laquelle la plaque se stabilise.

 

Quelles sont les causes de la maladie de Lapeyronie ?

fumer facteur de risque de Lapeyronie

Plusieurs causes peuvent favoriser l’apparition de la maladie de Lapeyronie :

  • Les chocs : un traumatisme direct au niveau d’un corps caverneux ou des chocs répétés de faible intensité peuvent entraîner à terme une courbure du pénis. La cicatrisation induite par les traumatismes active des facteurs de croissance du collagène de type 3, responsable de la fibrose. Ces chocs peuvent résulter de l’activité sexuelle ou de la pratique sportive comme le vélo ou l’équitation.
  • Le tabac : Fumer régulièrement provoque un stress oxydatif capable d’entraîner la formation de tissu cicatriciel dans la verge.
  • La prostatectomie radicale : environ 15 % des patients ayant subi une prostatectomie radicale ont un risque accru de voir apparaître la maladie de Lapeyronie. En cause : des lésions sur des nerfs durant l’opération qui provoquent des troubles de l’érection et qui impactent la qualité de la vie sexuelle postopératoire. Il est donc vivement recommandé de prendre en charge les troubles de la fonction sexuelle en postopératoire pour réduire le risque.
  • Les causes métaboliques : le diabète, l’hyperglycémie, l’hypercholestérolémie, la consommation de sucre ou d’alcool peuvent entraîner un dérèglement métabolique favorisant l’état inflammatoire.

 

La dysfonction érectile liée à la maladie de Lapeyronie peut quant à elle être imputable à la présence de la plaque dans la verge causant :

  • un effet sablier (la plaque de collagène gêne le remplissage des corps caverneux) ;
  • un effet charnière (possibilité de plier la verge malgré l’érection) ;
  • une sensation d’érection incomplète si la plaque est située à mi-longueur ou plus loin
  • une répercussion psychologique.

Consulter également notre article sur l’impact de l’adénome de la prostate sur la sexualité

Lapeyronie : les conséquences de cette pathologie

dysfonction erectile du a Lapeyronie

La maladie de Lapeyronie a des conséquences sur le pénis et sur la sexualité des patients touchés, mais elle a aussi un impact sur la confiance en soi et l’humeur.

La déformation de la verge rend gênants, difficiles ou douloureux les rapports sexuels. L’érection est moins rigide, avec un possible effet charnière qui induit une sensation d’inconfort voire de crainte face au risque de blessure évident. La peur de se faire mal contribue aux troubles de l’érection.

L’aspect psychologique est fortement impacté : perte de confiance en soi, humeur dépressive, repli sur soi… Cet aspect peut par ailleurs être renforcé par l’efficacité parfois tardive des traitements.

Un suivi médical adapté peut aider à gérer toutes les conséquences induites par la maladie de Lapeyronie.

Lire également notre article sur les troubles de l’érection dus à l’ablation de la prostate

 

Diagnostic de la maladie de Lapeyronie

Le diagnostic repose avant tout sur l’examen clinique du pénis à la recherche d’une plaque de fibrose.

Une échographie ou une IRM de la verge ne sont pas indispensables pour diagnostiquer la maladie de Lapeyronie, surtout à un stade précoce.

Il est possible de montrer des photos de la verge en érection à votre médecin pour aider à repérer la localisation de la fibrose si celui-ci vous le recommande.

 

Traitement de la maladie de Lapeyronie

Le traitement dépend de l’atteinte et de la gêne ressentie par les hommes atteints. Cette pathologie ne nécessite pas toujours d’être traitée, notamment si le trouble se limite à la palpation d’un nodule par le patient, sans courbure ou presque. Une surveillance est cependant nécessaire pour repérer tout signe d’évolution.
Il est recommandé de prendre en charge l’affection pendant la phase aiguë, le plus rapidement possible, pour éviter une aggravation.

 

Traitement médical de la Lapeyronie

La traction thérapie peut aider à redresser le corps caverneux. Un traitement médicamenteux à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens permet de soulager les douleurs et l’inflammation en phase active.

Des injections au niveau de la plaque fibreuse peuvent aussi être envisagées pour assouplir la zone. Le PRP permet de régénérer les tissus, et notamment la tunique albuginée, pour lui redonner sa souplesse. Il implique cependant plusieurs séries d’injections.

Les injections de Xiapex ne font plus partie des traitements actuellement disponibles en France.

Les ondes de choc de faible intensité peuvent parfois être envisagées pour soulager la douleur. Elles ne sont cependant pas efficaces pour traiter la courbure.

 

Traitement chirurgical de la Lapeyronie

Le traitement de la maladie de Lapeyronie par chirurgie pénienne peut être envisagé chez les hommes qui présentent une maladie stabilisée, lorsque la déformation n’évolue plus.

Différentes techniques sont disponibles en fonction de chaque patient. Les plus courantes sont :

  • la fragmentation de la plaque à l’aiguille (technique moins invasive) suivie d’une injection de PRP puis d’une rééducation tissulaire avec une pompe ou un extendeur pour redresser la verge ;
  • la plicature des corps caverneux pour raccourcir la partie de la verge saine afin de la redresser pendant l’érection ;
  • L’ablation de plaque avec greffe qui consiste à retirer la plaque développée sur les corps caverneux puis de réaliser une greffe de tissus pour allonger le côté touché.