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Des chercheurs du Jonsson Comprehensive Cancer Center de l’UCLA et d’autres institutions aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et à Singapour ont identifié 1178 biomarqueurs présents dans le génome masculin qui pourraient prédire comment le cancer de la prostate va évoluer chez les patients.

Les résultats évoquent la possibilité que la prédiction de la croissance du cancer d’une personne réside dans son ADN héréditaire.

 

Tumeur cancéreuse : comprendre le processus de méthylation de l’ADN

Les travaux se sont focalisés notamment sur la méthylation de l’ADN : un processus biologique naturel utilisé par les cellules saines pour l’activation ou la désactivation des gènes, de façon à encourager les modifications physiologiques normales. C’est le cas lorsque le groupe méthyle (un composé chimique) se fixe sur des parties de l’ADN. Certaines parties de l’ADN sont responsables du fonctionnement et du contrôle de certaines fonctions cellulaires, comme la production de protéines.

Dans le cadre de la formation des tumeurs cancéreuses, ces dernières réussissent à empêcher le processus normal de méthylation de l’ADN afin de faciliter le développement et la propagation des cellules cancéreuses, tout en inhibant les fonctions cellulaires standards.

Les scientifiques ont découvert lors de leurs essais que l’utilisation de la méthylation de l’ADN par une tumeur peut être conditionnée par des variations de l’ADN d’une personne à la naissance, rendant ainsi plus facile ou difficile son mécanisme sur le développement des gènes du cancer. Ces premiers résultats offriraient aux médecins la possibilité de prédire l’évolution du cancer de la prostate chez les patients.

 

Cancer de prostate : des recherches sur les profils ADN

Les chercheurs ont réalisé une étude sur 589 patients porteurs de cancer de prostate et dont la tumeur ne s’était pas propagée. Les patients avaient tous bénéficié au préalable d’un traitement : soit par chirurgie ablative soit par radiothérapie. Afin de réaliser des tests comparatifs, des échantillons de tissu tumoral ont été prélevés avant les traitements.

Les scientifiques ont ensuite compilé les données présentes dans les échantillons prélevés, couplées aux logiciels de séquençage informatique spécialisés, afin de comparer les profils ADN des patients. Les recherches ont notamment été faites sur des variantes d’ADN spécifiques, qui pourraient influencer le processus de méthylation, versus des échantillons de patients ne présentant aucune variante d’ADN.

Ils ont ainsi pu mettre en évidence 1 178 indicateurs qui seraient susceptibles d’altérer la méthylation et d’agir sur le contrôle des gènes du cancer, le rendant plus facile ou plus difficile. Parmi ces résultats, plusieurs variations de l’ADN seraient en cause dans le développement de la croissance tumorale.

 

Tumeur prostatique : L’impact d’une telle découverte

Les résultats ont été publiés par Nature Medicine et ont été révélés à la conférence Biology of the Genomes de Cold Spring Harbor en mai et au Cancer Genome Atlas Legacy Symposium en 2018. L’auteur principale de l’étude est Kathleen Houlahan, de l’Université de Toronto, son coauteur correspondant est Robert Bristow, de l’Université de Manchester.

Ces résultats pourraient notamment permettre d’effectuer un « triage » des patients, en prédisant les risques de rechute après un traitement d’une première tumeur prostatique, ou encore en identifiant chez les patients les risques de contracter une forme agressive de cancer de prostate en fonction de leur ADN.

Ces données pourraient ouvrir la voie vers de nouveaux tests de dépistage dans le cadre du cancer de prostate. Comprendre l’évolution d’un cancer de la prostate chez chaque personne pourrait également aider l’équipe médicale à diagnostiquer plus rapidement le cancer chez un patient, et choisir le traitement optimal en fonction de la tumeur.

 

Cancer de prostate : le dépistage actuel

Pour mémoire, il n’existe pas aujourd’hui de test de dépistage systématique pour tous les hommes, mis en place par les autorités de santé du cancer de prostate, en France ou dans le monde. Le bénéfice du dépistage du cancer prostatique n’a pas encore été démontré, et ne permet pas d’engendrer clairement un impact réel sur le nombre de décès des patients.

Le diagnostic repose aujourd’hui essentiellement sur un toucher rectal et sur l’analyse du taux de PSA par une prise de sang, un marqueur tumoral de la prostate présent dans le sang.

 

Sources :

  1. Des indices tirés de l’ADN pourraient aider à prédire la croissance du cancer de la prostate, Mémoire de recherches de l’UCLA : http://newsroom.ucla.edu/releases/dna-clues-gauge-growth-prostate-cancer
  2. Résultats de l’étude sur les variations de l’ADN dans le cadre du cancer de prostate : https://www.nature.com/articles/s41591-019-0579-z