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Une étude menée sur trois ans a été publiée récemment dans JAMA Surgery. Les résultats démontrent les bénéfices de la réalisation conjointe de biopsies de prostate guidées par IRM et par échographie, dans le cadre du diagnostic du cancer de la prostate, ainsi que ses possibles champs d’application.

Cette méthode offrirait aux médecins la possibilité de détecter jusqu’à 33 % de tumeurs malignes prostatiques en plus. Certaines lésions ne sont en effet décelées qu’en échographie, alors que d’autres ne sont visibles qu’en l’IRM. Mener une action conjointe, couplant ces deux examens à la réalisation de biopsies, permettrait la mise en évidence d’un plus grand nombre de cancers de prostate. Ces conclusions offrent un aperçu des avancées possibles en matière de dépistage et de traitement des cancers prostatiques.

 

Biopsie de prostate guidée par IRM et échographie prostatique

Les biopsies prostatiques sont habituellement réalisées sous guidage échographique. Mais l’échographie à elle-seule ne permet pas une localisation très précise des tumeurs au sein de la glande prostatique. Le recours à une IRM prostatique est déjà utilisé pour certains patients dans le cadre du bilan d’extension, afin de situer précisément l’emplacement des lésions. Cependant, à l’IRM, certaines tumeurs ne sont pas identifiées comme étant suspectes de malignité. Elles ne peuvent être détectées que par l’échographie (ou un autre examen complémentaire).

La fusion des clichés de ces deux examens permet aujourd’hui de mieux situer la tumeur dans le but de la biopsier ensuite avec l’aide du guidage échographique.

La biopsie guidée par IRM possède de nombreux bénéfices dans le diagnostic de cancer, comme l’ont montré de précédentes études. Cependant son utilisation n’a pas encore été encadrée de façon bien définie. Les deux méthodes de biopsies sont rarement utilisées ensemble, ce que déplorent les médecins du département d’urologie de l’UCLA (University of California, Los Angeles), auteurs de l’étude. Ces derniers suggèrent de combiner la réalisation de biopsies de prostate guidées par IRM à la méthode classique sous guidage échographique, afin d’augmenter le taux de détection du cancer de la prostate tout en maximisant la précision de la biopsie prostatique.

Pour Dr Leonard Marks, auteur principal de l’étude, les patients devraient systématiquement bénéficier d’une IRM avant la biopsie lorsque l’on soupçonne la présence d’un cancer de prostate. Si l’IRM révèle bien la présence d’une tumeur, les médecins devraient pratiquer des biopsies de manière systématique et ciblée. Si l’IRM revient négative, les patients à risque (taux de PSA élevé, présence de nodule prostatique, antécédents familiaux) devraient quand même pouvoir bénéficier de biopsies systématiques selon le schéma habituel.

 

Biopsie guidée par IRM : détecter plus de cancers de la prostate

Selon le Docteur Marks, les résultats de cette étude permettraient d’adopter un changement dans le processus du dépistage de cancer de la prostate. C’est la première étude réalisée à cette échelle qui compare ces différentes méthodes de prélèvements. Les recherches se sont focalisées sur la disposition des deux procédés à identifier différents types de tumeurs cancéreuses.

L’essai a porté sur 300 patients porteurs d’un cancer de la prostate, sur une durée totale de trois ans. 248 de ces patients inclus au sein de l’étude présentaient une lésion prostatique visible en IRM. Le cancer de prostate a pu être identifié chez 70 % d’entre eux. Pour les 52 patients restant, la lésion n’était pas retrouvée à l’IRM. L’échographie prostatique traditionnelle a permis de révéler la lésion de prostate chez 15 % d’entre eux. L’IRM ne peut donc pas identifier toutes les tumeurs, et doit être associée à l’échographie. Le Dr Marks précise par ailleurs que la mise en place des deux techniques de façon conjointe surpasse les capacités de chacune d’entre elles effectuées individuellement.

Les résultats de  cette étude ouvrent la voie à de nouvelles hypothèses, comme le souligne Le Dr Marks. Si l’on est capable de réaliser des biopsies de prostate sous IRM, on peut imaginer les futures possibilités en terme de plans de traitement, par exemple la capacité à détruire la tumeur directement au stade de l’IRM. Identifier la localisation précise des cellules malignes au sein de la prostate grâce à l’IRM rend envisageable la réalisation de traitements plus ciblés, de façon à conserver les tissus sains. Cela permettrait potentiellement d’éviter la prostatectomie (ablation de la prostate).

 

Bibliographie

  1. Study shows more effective method for detecting prostate cancer (news release). University of California, Los Angeles (UCLA), Health Sciences; June 11, 2019. http://newsroom.ucla.edu/releases/prostate-cancer-detection-study
  2. Elkhoury FF, Felker ER, Kwan L, et al. Comparison of targeted vs systematic prostate biopsy in men who are biopsy naïve: The Prospective Assessment of Image Registration in the Diagnosis of Prostate Cancer (PAIREDCAP) Study. JAMA Surg. (Published online June 12, 2019.) doi:10.1001/jamasurg.2019.1734. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31188412