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La prostatectomie (qu’il s’agisse d’une prostatectomie robotisée ou classique) effectuée dans le cadre du traitement du cancer de la prostate entraîne des effets secondaires comme l’incontinence urinaire immédiate. Cette complication se résorbe peu à peu au cours des deux années qui suivent le geste opératoire pour ne concerner que 5 à 20 % des patients opérés. Habituellement, une rééducation de renforcement musculaires est proposée aux patients après la chirurgie. Cependant, elle n’est pas efficace sur tous les patients. Dans ces conditions, une kinésithérapie de relaxation après ablation de la prostate permettrait d’améliorer la continence urinaire chez certains hommes, notamment ceux qui sont porteurs d’une hyperactivité musculaire.

 

Récupérer après une prostatectomie : les Bénéfices de la kinésithérapie de relaxation

En règle générale, les patients qui ne voient pas d’amélioration sur leur incontinence urinaire bénéficient d’un programme de rééducation standardisée pour renforcer les muscles du plancher pelvien. Mais une étude de l’Université du Texas suggère que les hommes souffrant d’incontinence urinaire après une prostatectomie ne sont pas tous concernés par une faiblesse musculaire. Il faut donc adapter la rééducation à chaque patient après l’intervention.

Pour arriver à leurs conclusions, l’équipe de scientifiques a analysé les données de 126 hommes traités par une ablation de la prostate et faisant face à une incontinence urinaire d’effort (fuites urinaires durant un effort physique, un mouvement brusque, un éternuement…). Tous ces patients ont suivi une thérapie de rééducation entre 2009 et 2014.

Les chercheurs ont observé que la majorité des hommes participant à cette étude présentaient une hyperactivité musculaire (ou contraction musculaire), et pas uniquement une faiblesse des muscules du plancher pelvien. Sur les 126 participants, 25 hommes étaient atteints de faiblesse des muscles du plancher pelvien et ont été traités par thérapie de renforcement, 13 étaient porteurs de muscles tendus ou hyperactifs et ont été traités par une kinésithérapie de relaxation post-prostatectomie, et 98 présentaient les deux troubles simultanément et ont donc été traités par une association de rééducation de renforcement et de relaxation.

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L’auteur principal de cette étude, le Docteur Kelly M. Scott, professeur agrégé au Département de médecine physique, précise que recourir à une rééducation ciblant le renforcement des muscles est contre-productif en présence d’une hyperactivité musculaire. Elle rendrait les muscles encore plus tendus au lieu de les renforcer.

Douleurs incontinence urinaire

La prise en charge standard de l’incontinence urinaire cible précisément le renforcement des muscles du plancher pelvien. Elle se base notamment sur la réalisation des exercices de Kegel qui comporte des répétitions d’alternance de contractions et relâchement des muscles. Ce protocole de renforcement musculaire n’a été évalué que récemment. C’est dans ce contexte que l’étude a mis en évidence les divers dysfonctionnements musculaires dont les hommes étaient atteints après la prostatectomie.

Dans ce contexte, les auteurs de l’étude suggèrent qu’un traitement adapté, basé sur une thérapie de détente (plutôt qu’un traitement de renforcement), serait plus bénéfique à certains patients porteurs de muscles hyperactifs. Cette kinésithérapie de relaxation après prostatectomie serait en mesure de diminuer l’incontinence urinaire dans 87 % des cas et de diminuer l’intensité des douleurs chez plus de 50 % des hommes traités.

Cette étude est la première à se pencher sur la question de la rééducation après ablation de la prostate et à démontrer une réduction de la douleur postopératoire avec la kinésithérapie de relaxation.

 

Traitement standard de l’incontinence urinaire après prostatectomie

La prise en charge d’une incontinence urinaire après une ablation de la prostate peut comprendre des traitements non invasifs et des traitements plus invasifs.

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Traitements non invasifs de l’incontinence urinaire

Généralement, ils impliquent une rééducation pelvi-périnéale dans un premier temps visant à renforcer les muscles du plan pelvien, améliorer le contrôle vésico-sphinctérien et traiter une éventuelle inversion de commande. Cette rééducation est parfois proposée avant l’ablation de la prostate afin d’accélérer le retour à la continence après l’intervention.

La thérapie comportementale avec diminution des facteurs aggravants est aussi recommandée. Elle comporte notamment des règles hygiénodiététiques telles que la diminution des boissons au pouvoir irritant (café, épices), et des recommandations du quotidien (uriner à des heures régulières, etc.). En présence d’une hyperactivité détrusorienne, un traitement par anticholinergiques peut être envisagé en première intention. Des injections intradétruriennes de botox sont possibles en traitement de deuxième ligne.

Le traitement médical principal de l’insuffisance sphinctérienne urétrale (première cause de l’incontinence urinaire après prostatectomie) est la Duloxétine, un traitement antidépresseur capable d’accroître l’activité du nerf pudendal et d’augmenter l’activité sphinctérienne tout en relâchant le détrusor. Cependant, ce traitement a des effets similaires à la rééducation standard.

 

Traitements plus invasifs de l’incontinence urinaire

En présence d’une incontinence modérée, il est possible de proposer des injections endoscopiques intrasphinctériennes de collagène ou de macroplastique. Toutefois, ces composants ne sont pas stables dans la durée. Certaines techniques, comme la pose de bandelettes sous-urétrales ou le ballon Pro-ACT, apportent de bons résultats face à une incontinence légère à modérée.

Face à une incontinence sévère, le traitement standard consiste à implanter un sphincter urinaire artificiel.

Enfin, certains traitements cellulaires ont fait leur apparition et nécessitent une analyse des effets à long terme.

 

Bibliographie