De nombreuses avancées récentes ont été réalisées sur les différentes options thérapeutiques disponibles dans le cadre du traitement du cancer de vessie. Les scientifiques souhaitent avant tout améliorer la survie et la qualité de vie des patients touchés par un cancer de la vessie de stade avancé.
Lorsque le cancer urothélial est avancé, les possibilités thérapeutiques sont plus restreintes, et la maladie est plus difficile à maîtriser. Chaque année, environ 13 100 nouveaux cas de cancer de la vessie sont diagnostiqués en France. 81 % de ces nouveaux cas concernent les hommes, avec un âge moyen de 70 ans au moment du diagnostic. La plupart des patients diagnostiqués le sont à un stade précoce de la maladie.
L’immunothérapie
L’avelumab
La première piste de réflexion concerne l’immunothérapie. Une étude présentée courant 2020 met en évidence les bénéfices d’une immunothérapie lorsqu’elle est débutée rapidement après la chimiothérapie de première ligne. L’étude a concerné 700 patients atteints d’un cancer de vessie métastatique ou localement avancé, ayant déjà été traités par chimiothérapie et ne présentant pas de signes de récidive. Ces patients ont reçu de l’avelumab avec une bonne réponse sur la survie globale médiane (> 21 mois vs 14 mois sans immunothérapie). La FDA (l’agence américaine responsable de la commercialisation des médicaments) a d’ailleurs approuvé l’avelumab comme traitement d’immunothérapie à délivrer après une chimiothérapie première par platines, chez ce type de patients. L’étude suggère de ne pas faire de pause thérapeutique trop longue après le traitement chimiothérapique de première ligne afin de limiter le risque de récidive.
Le pembrolizumab et l’atézolizumab
Par ailleurs, en juillet 2018, la FDA a apporté des modifications quant à l’approbation de deux médicaments du traitement du cancer avancé de vessie : le pembrolizumab (Keytruda) et l’atézolizumab (Tecentriq). Initialement, ces traitements approuvés en 2017 s’adressaient aux personnes ne pouvant pas recevoir de chimiothérapie par cisplatine en raison de leur état de santé. Après d’autres essais cliniques plus poussés, les chercheurs se sont aperçus que l’utilisation du pembrolizumab et de l’atézolizumab pouvait diminuer la survie face aux personnes ayant bénéficié de la chimiothérapie standard par cisplatine. C’est notamment le cas chez les patients dont la protéine PD-L1 des cellules tumorales était retrouvée en très faible quantité. Ces conclusions ont permis de réduire l’utilisation de ces traitements immunothérapiques en les réservant aux traitements de première ligne de cancer avancé de vessie seulement, et uniquement pour les personnes avec un taux de PD-L1 élevé ne pouvant recevoir une chimiothérapie par cisplatine. Un test a par ailleurs été approuvé en ce sens par la FDA pour mesurer les niveaux de PD-L1.
Les thérapies ciblées
La FDA a validé en avril 2019 le premier traitement ciblé pour le carcinome urothélial métastatique. Elle a par ailleurs autorisé un nouveau test visant à aider les médecins à identifier les patients susceptibles de bien répondre à cette thérapie ciblée.
Le traitement d’erdafitinib (Balversa) entrave l’activité d’un groupe de protéines impliqué dans le développement des cellules cancéreuses. Les premiers essais affirment que 40 % des patients traités par chimiothérapie (lorsqu’elle s’avérait inefficace pour réduire la taille de la tumeur) observaient une réduction tumorale. Le prochain enjeu est de savoir si l’erdafitinib présente des bénéfices plus importants que la chimiothérapie ou le pembrolizumab (un autre traitement ciblé) dans la prise en charge des cancers avancés de la vessie. Les premiers résultats de ces essais devraient être connus en cette fin d’année 2020.
Une association anticorps-médicaments
En fin d’année 2019, la FDA a par ailleurs autorisé l’enfortumab vedotin-ejfv (Padcev) pour traiter le carcinome urothélial de stade avancé qui ne répond pas à la chimiothérapie et l’immunothérapie. Ce traitement est en réalité une association d’une protéine anticorps et d’un médicament de chimiothérapie. La partie anticorps du enfortumab vedotin-ejfv s’accroche à une protéine présente sur la majorité des cellules cancéreuses de la vessie afin d’apporter la chimiothérapie directement à ces cellules.
Un essai clinique de petite envergure (125 patients avec un cancer de vessie métastatique) a démontré le bénéfice de ce traitement : arrêt de la propagation ou diminution de la maladie cancéreuse chez 44 % des hommes concernés et disparition totale de la tumeur chez 15 % d’entre eux. Les études s’intéressent maintenant au bénéfice de l’enfortumab vedotin-ejfv comme traitement de première ligne dans le cancer de vessie de stade avancé.
La chirurgie robotisée
Dans une publication de juin 2018, une étude stipule que la chirurgie robotisée serait aussi efficace que la chirurgie classique pour le cancer de la vessie. Cette étude s’est basée sur l’expérience et le suivi à 24 mois de 302 patients. La moitié des personnes ont bénéficié d’une chirurgie robot-assisté. Les taux de survie, la progression tumorale, et le taux de complication s’avèrent être les mêmes dans les deux groupes. Ce type de chirurgie n’est cependant pas dispensée dans tous les établissements de soins, car elle est plus onéreuse et plus longue que la chirurgie classique. Cependant, elle présente de nombreux avantages comme la réduction des saignements, du temps de convalescence et du séjour hospitalier.
Le test ADN sanguin
En milieu d’année 2020, une étude a été publiée au sujet d’un test ADN sanguin. Elle rapporte que ce test avait 98 % de chance de permettre de distinguer chez une personne une tumeur du rein d’une tumeur de vessie. Certains types de marqueurs chimiques seraient effectivement visibles sur l’ADN, dans les analyses de sang. Les scientifiques se sont appuyés sur l’aide de l’intelligence artificielle pour approfondir leurs recherches. Depuis, ils travaillent sur la possibilité de détection des cancers du rein ou du cerveau au stade très précoce grâce à ces éléments.
Les avancées sur les traitements du cancer de la vessie ne cessent de gagner du terrain. Des études sont toujours en cours pour affiner la prise en charge diagnostique et thérapeutique. Ces perspectives contribuent à donner de l’espoir aux médecins et à leurs patients atteints de formes avancées de cancer urothélial. La qualité de vie et la survie des personnes touchées par un cancer métastatique seront sans nul doute améliorées dans les années à venir grâce aux progrès en la matière et aux recherches incessantes.
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.