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En présence d’un prolapsus, et lorsque celui-ci concerne l’utérus (prolapsus utérin), le traitement de référence consiste souvent à réaliser une chirurgie d’ablation de l’utérus : l’hystérectomie.

Or, cette intervention n’est pas obligatoire, et de plus en plus de femmes manifestent leur désir de conserver leur utérus.

 

Prolapsus génital : définition

Le prolapsus génital correspond à une descente d’organe dans le vagin (vessie, utérus ou rectum) résultant d’un relâchement des muscles et des ligaments du périnée à la suite d’un événement de santé particulier (accouchement, intervention chirurgicale ou encore ménopause). Le plancher pelvien est alors fragilisé.

Son traitement, outre la rééducation périnéale, consiste en général à retirer l’utérus : on parle d’hystérectomie. Une autre technique de chirurgie, l’hystéropexie combinée à une fixation de l’utérus au ligament sacro-spinal, avait été étudiée en 2015. Les travaux permettent de souligner l’efficacité de ce geste chirurgical à 12 mois vs l’hystérectomie face au risque de récidive du prolapsus utérin ou de la voûte vaginale, et donc au risque de devoir pratiquer une seconde chirurgie.

 

Bénéfices de la chirurgie conservatrice utérine

Les scientifiques à l’origine de cette étude ont récemment publié les résultats obtenus après 5 ans de surveillance de 204 sur 208 patientes impliquées dans l’essai. Ces femmes avaient toutes obtenu un diagnostic de prolapsus utérin de stade 2 ou plus, qui nécessitait la réalisation d’un geste chirurgical. Par ailleurs, aucune n’avait subi dans le passé d’intervention de chirurgie au niveau du plan vaginal.

Afin de comparer les risques de récidive du prolapsus de la voûte vaginale ou de l’utérus à un stade supérieur ou égal à 2, les patientes ont été réparties en deux groupes. Le premier groupe a bénéficié d’une hystérectomie avec fixation des ligaments utéro-sacrés à la voûte vaginale, le second, d’une hystéropexie avec fixation de l’utérus au ligament sacro-spinal droit. Le suivi a été instauré de façon annuelle.

 

Hystéropexie : les résultats après 5 ans de suivi

Après 5 ans de suivi rapproché, les auteurs de l’étude sont en mesure de confirmer l’efficacité de l’hystéropexie avec fixation sacro-spinale dans le cadre du traitement du prolapsus utérin. Les résultats dévoilent même un risque moins élevé de récidive du prolapsus vs un traitement par hystérectomie avec fixation des ligaments utéro-sacrés.

Les risques de bombement gênant ou de nécessité de retraiter le compartiment apical sont également inférieurs.

Les statistiques évoquent une amélioration de la symptomatologie gênante des suites d’une cure de prolapsus pour 87 % des patientes du groupe traité par hystéropexie (pas de bombement ou de symptômes persistants pouvant induire une gêne, pas de nécessité de reprise chirurgicale) vs 76 % pour celles du groupe traité par hystérectomie.

Pour les deux groupes, les scientifiques ne notaient pas de différences sur la qualité de vie, la vie sexuelle ou le résultat fonctionnel global.

 

L’hystérectomie en tête des traitements du prolapsus

L’hystérectomie par voie vaginale reste pourtant le traitement de référence pour soigner le prolapsus utérin. Une enquête britannique a d’ailleurs révélé que 75 % des chirurgiens établis au Royaume-Uni privilégient l’hystérectomie pour prendre en charge cette pathologie.

Les auteurs de l’étude réalisée en 2015 avaient constaté lors de la publication des résultats à un an une conception bafouée face à la décision de conservation utérine, qui ne reflétaient pas le désir des femmes de conserver leur utérus.

La chirurgie conservatrice de l’utérus gagne cependant des adeptes. L’hystéropexie connaît actuellement une augmentation de prescriptions. Des variantes de l’intervention sont à l’étude afin de comparer l’efficacité de toutes les techniques.

Les auteurs de l’étude rappellent par ailleurs l’importance d’une prise de décision conjointe entre le corps médical et les patientes, après avoir informé les femmes des bénéfices et risques de toutes les techniques, selon leur cas personnel.

 

Références :

  • Schulten S F M et coll. : Sacrospinous hysteropexy versus vaginal hysterectomy with uterosacral ligament suspension in women with uterine prolapse stage 2 or higher: observational follow-up of a multicentre randomised trial BMJ 2019; 366:l5149 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31506252
  • Detollenaere R J et coll. : Sacrospinous hysteropexy versus vaginal hysterectomy with suspension of the uterosacral ligaments in women with uterine prolapse stage 2 or higher: multicentre randomised non-inferiority trial BMJ 2015; 351:h3717 – https://www.bmj.com/content/351/bmj.h3717