Une étude récente met en lumière une nouvelle alternative thérapeutique pour les patients touchés par un cancer de la prostate oligométastatique ne souhaitant pas bénéficier en permanence d’une hormonothérapie, sans toutefois augmenter le risque de propagation du cancer.
Qu’est-ce qu’un cancer de la prostate oligométastatique ?
Un cancer de prostate oligométastatique définit un cancer prostatique qui présente un nombre limité de localisations secondaires (métastases). Ce stade est de plus en plus couramment identifié, notamment grâce aux progrès technologiques de l’imagerie médicale et à l’utilisation de nouveaux produits de contraste (comme la Choline, utilisée lors d’un TEP-scan).
Pour l’heure, il n’existe pas de définition bien déterminée quant au nombre et à la localisation des métastases dans ce type de cancer.
On sait que le stade dit oligométastatique peut être retrouvé lors du diagnostic (de novo) ou dans après un traitement le cadre d’une rechute du cancer de la prostate primaire.
Cette nouvelle étude a analysé les effets d’une radiothérapie associée à une hormonothérapie intermittente sur un groupe de patients avec des résultats très encourageants, puisque les hommes traités avec cette combinaison vivaient plus longtemps sans progression de la maladie. Ils ont par ailleurs pu stopper plus longtemps leur traitement médicamenteux.
Le traitement habituel de ce type de cancer repose sur la privation androgénique par hormonothérapie, puisque le cancer de la prostate est hormono-sensible ou hormono-dépendant à la testostérone. L’hormonothérapie est un traitement efficace pour lutter contre le cancer de la prostate et permet de prolonger la survie des patients touchés par un cancer de la prostate métastatique. Mais elle provoque souvent des effets secondaires indésirables difficiles à supporter. Une diminution drastique de la testostérone peut provoquer une perte d’énergie, des troubles de la fonction érectile et des bouffées de chaleur (on parle parfois de « ménopause masculine »), ainsi qu’une augmentation du risque d’ostéoporose et de pathologies cardio-vasculaires.
Thérapies locales et cancer oligométastatique de la prostate
De plus en plus d’études cliniques indiquent que des thérapies locales, comme la chirurgie du cancer de la prostate et la radiothérapie externe, associées à l’hormonothérapie, sont en mesure d’améliorer l’espérance de vie des patients et la réponse au traitement.
L’essai EXTEND est le premier à l’avoir mis en évidence au cours d’un essai randomisé. Les résultats de la phase II de l’essai sont en cours de parution. Il s’agit de la première étude randomisée à analyser les bénéfices d’un ajout de radiothérapie externe à une hormonothérapie chez les hommes atteints par un cancer de la prostate oligométastatique.
Délivrer une radiothérapie dans le cadre du traitement du cancer de la prostate oligométastatique offrirait un meilleur contrôle de la maladie, ainsi que de bons résultats sur le long terme. Cette option thérapeutique permet aux patients de faire de longues pauses dans l’hormonothérapie.
Déroulement de l’essai EXTEND pour le cancer de la prostate oligométastatique
L’essai EXTEND a porté sur 87 patients touchés par un cancer de la prostate oligométastatique avec 5 métastases ou moins, et différents types de tumeurs solides. Les chercheurs ont administré une hormonothérapie intermittente, avec, selon le groupe, une thérapie locale (radiothérapie, chirurgie ou cryothérapie sur toutes les lésions de la pathologie).
L’hormonothérapie a été délivrée à ces patients pendant au moins deux mois avant de débuter l’essai clinique, et chacun de ces hommes a arrêté l’hormonothérapie à l’occasion d’une pause planifiée 6 mois après le début de l’étude. L’hormonothérapie a ensuite été reprise au moment de la progression de leur pathologie.
Les scientifiques ont mesuré le laps de temps avant l’apparition des signes de progression du cancer (comme l’augmentation du taux de PSA sanguin), ainsi que la durée pendant laquelle les taux de testostérone étaient normaux après le traitement et avant de devoir reprendre l’hormonothérapie.
Le suivi médian s’est étalé sur 21,1 mois, période au cours de laquelle 41 patients ont vu leur maladie progresser.
Cancer oligométastatique de la prostate : une survie sans progression tumorale plus longue
Les hommes qui ont bénéficié d’un traitement local associé à l’hormonothérapie avaient une survie sans progression du cancer plus longue (médiane non atteinte, vs 15,8 mois avec l’hormonothérapie seule).
Dans le groupe de patients qui a reçu l’association thérapeutique, on observait moins de nouvelles lésions deux ans après le traitement (33 % vs 41 %). Dans ce même groupe, les taux de testostérone des patients étaient également normaux plus longtemps que dans le groupe de patients qui n’a reçu que de l’hormonothérapie. Dans chaque groupe d’hommes, trois effets secondaires graves ont été observés.
La radiothérapie de la prostate stimulerait par ailleurs le système immunitaire des patients, avec notamment une augmentation de l’activation des cellules T.
L’équipe de recherche a ainsi insisté sur la synergie entre la radiothérapie et l’hormonothérapie, déjà mise en évidence au cours de nombreuses études.
Cette étude pourrait donc bien introduire un nouveau standard thérapeutique pour tous les hommes touchés par un cancer de prostate oligométastatique. Leur qualité de vie serait alors conservée plus longtemps, et la pathologie mieux contrôlée.
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.