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Une étude publiée début 2021 vante les mérites d’un nouveau médicament expérimental pour traiter les patients atteints de cancer de la prostate avancé résistant aux traitements. Selon les auteurs, le CCS1477 utilisé seul ou en association médicamenteuse pourrait être capable de limiter et de prévenir la résistance aux traitements.

 

Comment le cancer de la prostate résiste-t-il aux traitements ?

La prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate de stade avancé a pour objectif d’influer sur la signalisation des récepteurs des androgènes. Cette action permet de bloquer les hormones mâles, la testostérone, afin que celles-ci ralentissent la croissance des tumeurs. On parle aussi de blocage androgénique.

Cependant, lorsque le cancer prostatique évolue, il peut opérer des changements au niveau des récepteurs des androgènes. La croissance est alors stimulée et passe outre les effets des traitements visant à la bloquer. De ce fait, la tumeur peut cesser de répondre à des traitements comme le ZYTIGA ou le XTANDI, fréquemment prescrits. On dit alors que le cancer est hormono-résistant.

 

L’enjeu des recherches : contrer la résistance thérapeutique

L’auteur de l’étude, le Dr Adam Sharp, chef d’équipe en thérapeutique translationnelle à l’Institute of Cancer Research de Londres et consultant en oncologie médicale au Royal Marsden NHS Foundation Trust, a testé le mode d’action du CCS1477. Le but majeur des essais était de réussir à contrer la résistance du cancer aux traitements.

Ce nouveau médicament fonctionne en se liant à deux protéines : p300 et CBP. Celles-ci sont des régulateurs de gènes du cancer et aident à activer la signalisation des récepteurs des androgènes. Le CCS1477 bloque leur activité pour stopper la croissance de la maladie. Il serait également possible que ce médicament retarde ou empêche la résistance aux traitements médicamenteux.

L’étude a été menée en laboratoire sur des biopsies de 43 patients atteints de cancer de la prostate. Les résultats révèlent que la survie globale de ces malades était augmentée lorsque leur taux de protéine p300 était plus faible (21 mois vs 10 mois chez les hommes avec un taux élevé). Les essais ont ciblé chaque protéine une à une, séparément puis de manière combinée. Les deux sont bien influencées par l’action du médicament.

Des tests ont par ailleurs été conduits sur des souris. Ils montrent un effet biologique du CCS1477 sur la signalisation des récepteurs des androgènes, capable d’arrêter la croissance tumorale. Il serait aussi capable de cibler les adaptations génomiques opérées par le cancer prostatique afin d’échapper aux thérapies médicamenteuses.

De nouveaux essais cliniques sont actuellement en cours chez des hommes atteints d’un cancer de la prostate hormono-résistant, mais aussi chez des patients atteints d’autres pathologies qui mutent, comme le myélome multiple ou encore le lymphome.

 

Des résultats très prometteurs pour traiter le cancer prostatique avancé

Les chercheurs et auteurs des essais cliniques se félicitent de cette découverte qui permettrait d’augmenter les chances de survie des patients atteints. Ils espèrent que ce nouveau traitement soit bientôt utilisable, notamment en association avec une hormonothérapie qui est efficace pour augmenter la survie des malades.

L’auteur principal de l’étude a déclaré que ces découvertes constituaient une grande réussite pour le traitement des cancers de la prostate métastatiques.

Non seulement le médicament est capable de bloquer la signalisation des récepteurs des androgènes, mais aussi ses formes altérées qui résistent aux traitements. Il peut aussi bloquer un autre gène du cancer, qui à un rôle important (le c-Myc).

Ces résultats offrent des perspectives réjouissantes pour contrer la résistance des tumeurs aux traitements d’hormonothérapie actuels.

Ces avancées pourraient bien marquer un tournant dans le traitement des pathologies cancéreuses qui résistent aux prises en charge thérapeutiques médicamenteuses. Si les tests se sont surtout focalisés sur le cancer de la prostate de stade avancé, on peut aisément imaginer les possibilités dans d’autres maladies cancéreuses qui subissent des mutations fréquentes et qui restent, malgré tout, difficiles à traiter.

 

Source :

Promising new treatment strategy for men with drug-resistant prostate cancer