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Le nombre de jeunes patients atteints de cancer de la prostate a augmenté un peu partout à travers le monde. C’est ce que révèle l’étude de données récentes recueillies au sein du programme « Surveillance, Epidemiology, and End Results » du US National Cancer Institute et de la base de données « Global Burden of Disease » de l’Institute for Health Metrics and Evaluation.

 

Plus de patients jeunes touchés par le carcinome prostatique ?

Les chercheurs ont pu observer que l’incidence du cancer de la prostate avait augmenté, notamment depuis 1991, chez les hommes âgés de 20 à 49 ans.

Des résultats plus anciens publiés en 1998 dévoilaient que la tendance était visible dans plusieurs pays. 50 % des hommes touchés étaient âgés de 30 à 44 ans, et 26 % des patients étaient âgés de 30 à 39 ans. Toutefois, les études sur le cancer de la prostate réalisées antérieurement ne portaient habituellement que sur de jeunes patients, âgés de moins de 30 ans.

L’augmentation des diagnostics chez les adolescents et les jeunes adultes (AJA) (âgés de 15 à 39 ans) mérite cependant d’être évaluée afin de mieux comprendre les causes, la nature des tumeurs, les moyens diagnostiques à mettre en place et la stratégie thérapeutique à adopter.

 

Incidence et pronostic du cancer de la prostate

Selon l’analyse des chercheurs, il apparaît que les patients les plus jeunes porteurs d’un carcinome prostatique aux États-Unis entre 2000 et 2015 étaient respectivement de 13 et 16 ans. Les tumeurs non stadifiées de la prostate retrouvées chez les patients AJA sont inversement proportionnelles à leur âge. En somme, plus les patients sont jeunes, plus les diagnostics de tumeurs non stadifiées sont nombreux.

Celles diagnostiquées chez les patients âgés de 25 à 40 ans étaient métastatiques pour 9 % d’entre eux (vs 4 % chez les 40 – 80 ans). Par ailleurs, l’incidence a augmenté chez les patients âgés de plus de 30 ans. Cette tendance s’observe à travers le monde puisque l’incidence du cancer prostatique a augmenté chez les hommes âgés entre 15 et 40 ans.

D’autre part, on peut observer que la proportion d’hommes afro-américains touchés est plus importante que chez les patients asiatiques et des îles du Pacifique. Les scientifiques ont également mis en évidence le fait que les cancers invasifs de la prostate chez les AJA étaient généralement liés à un moins bon taux de survie à 5 ans. Ce taux de survie étant également inversement proportionnel à l’âge.

Aux États-Unis, le taux de survie est de :

  • 30 % chez les hommes diagnostiqués entre 15 et 24 ans ;
  • 50 % chez les hommes diagnostiqués entre 20 et 29 ans ;
  • 80 % chez les patients âgés entre 25 et 34 ans ;
  • 95 à 100 % chez les patients diagnostiqués entre 40 et 80 ans.

Malgré les problèmes scientifiques en matière de dépistage et de traitement, l’amélioration du taux de survie des AJA âgés de 15 à 29 ans n’a pour l’heure pas été observée.

Les chercheurs précisent que selon leurs constatations, plus les patients sont jeunes au moment du diagnostic de carcinome prostatique, plus il y a de chances que la maladie ait été mal évaluée et incorrectement stadifiée. Ce qui complique la prise en charge thérapeutique. Les AJA ayant été correctement stadifiés ont par ailleurs plus de chance de présenter des métastases à distance au moment du diagnostic.

 

Quelles sont les causes de cette augmentation de l’incidence chez les jeunes hommes ?

Les scientifiques ont envisagé plusieurs raisons possibles pour expliquer l’augmentation de l’incidence du cancer de la prostate chez les patients âgés de moins de 55 ans.

 

Une amélioration face au sous-diagnostic

Les tumeurs prostatiques étaient rarement envisagées chez les patients jeunes, ayant pu entraîner un sous-diagnostic et une mauvaise estimation du nombre de cas. Les méthodes diagnostiques mises en place ces dernières années ont pu contrer ce problème.

 

L’apparition du dosage du PSA

Le dépistage de l’antigène spécifique du cancer de la prostate a été introduit pour aider au diagnostic des patients âgés de plus de 50 ans. Mais aucune recommandation officielle n’incite les AJA à pratiquer ce dosage aux États-Unis. En France, le dosage du PSA fait parti des outils diagnostics de référence pour le dépistage du cancer prostatique.

 

Un surdiagnostic

La multiplication des examens diagnostic peut possiblement détecter des tumeurs de bon pronostic, qui seraient passées inaperçues jusqu’alors. Plus de tumeurs de prostate sont ainsi retrouvées, ce qui peut contribuer à l’augmentation de l’incidence chez les AJA.

 

L’infection au papillomavirus humain (HPV)

Un lien a été confirmé concernant le virus HPV et l’apparition de certains cancers, notamment les cancers anogénitaux chez les femmes comme chez les hommes. La prévalence d’une infection à HPV ayant augmenté chez les jeunes hommes, il est possible que cela affecte directement l’incidence.

 

Les antécédents personnels ou familiaux

L’origine ethnique peut avoir une incidence sur l’apparition de certaines tumeurs. C’est le cas chez les hommes afro-américains qui ont plus de chances de contracter la maladie. Par ailleurs, les patients dont un membre proche de la famille a été touché par un cancer de la prostate ont aussi plus de risques de voir apparaître une tumeur prostatique.

homme afro américain cancer prostate

Les autres facteurs de risque du cancer de la prostate

D’autres causes sont susceptibles de faire augmenter l’incidence du cancer de la prostate chez les adolescents et les jeunes adultes :

On peut également supposer qu’un accès plus facile aux spécialistes comme les urologues et les oncologues ont permis d’augmenter les diagnostics chez les patients AJA.

Ce qu’il faut retenir :

  • L’incidence du cancer de la prostate est en augmentation presque partout dans le monde, à tous les âges et aussi chez les hommes jeunes.
  • Pour ces jeunes patients, les tumeurs sont parfois sous-évaluées, sans détecter la présence de métastases.
  • La cause principale capable d’expliquer cette augmentation de l’incidence est pour l’heure incertaine. Toutefois, certains facteurs de risque peuvent cependant contribuer à l’augmentation des cas du cancer de la prostate (infection au HPV, surdiagnostic…).
  • D’autres investigations plus poussées permettront de connaître les différences entre les tumeurs des hommes jeunes et celles des patients plus âgés.

 

Bibliographie

Prostate cancer in young men: An emerging young adult and older adolescent challenge – Archie Bleyer MD,Filippo Spreafico MD,Ronald Barr MD – https://acsjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/cncr.32498