Des chercheurs américains ont mis en évidence dans une étude de cohorte rétrospective les bénéfices de la néphrectomie mini-invasive par rapport à la néphrectomie classique (ouverte) dans le cadre du traitement du cancer du rein. Les résultats ont été publiés dans Jama Network Open courant 2022.
Chirurgie du rein : un nouveau mode opératoire par néphrectomie mini-invasive
La néphrectomie est l’un des traitements de référence du cancer du rein. Cette chirurgie peut consister à retirer la totalité du rein et du tissu autour (néphrectomie radicale élargie) ou à enlever seulement la partie du rein touchée par le cancer avec une marge de tissu sain autour (néphrectomie partielle), en fonction des caractéristiques de la tumeur.
La chirurgie mini-invasive a connu un essor retentissant pour traiter le cancer du rein. Bien que la néphrectomie par voie d’abord laparoscopique soit largement utilisée, le recours à la néphrectomie partielle a mis plus de temps à être adopté. Cela peut s’expliquer par différentes causes, comme la nécessité de compétences diverses difficiles à obtenir ainsi que la nécessité de former rapidement les chirurgiens. La chirurgie robotisée a petit à petit fait son chemin et a pu démocratiser l’utilisation de la chirurgie mini-invasive pour réaliser autant la néphrectomie radicale que la néphrectomie partielle.
Néphrectomie partielle ou totale: déroulement de l’étude
Les chercheurs ont analysé les données de 5 104 patients âgés de 18 à 64 ans. Tous avaient subi une néphrectomie entre 2013 et 2018 selon les données recueillies et étaient couverts par une assurance maladie (on rappelle que le système d’assurance maladie aux États-Unis est différent de ce que nous connaissons en France avec la sécurité sociale dont bénéficient automatiquement les travailleurs, demandeurs d’emploi, etc.). Ces patients étaient donc couverts pendant les 180 jours précédant la chirurgie et l’année qui a suivi, de manière continue.
2 639 patients ont été opérés d’une néphrectomie partielle (dont 2 008 hommes par néphrectomie mini-invasive et 631 hommes par chirurgie ouverte). 2 465 patients ont été opérés d’une néphrectomie totale (dont 1816 hommes par chirurgie mini-invasive et 649 patients par chirurgie ouverte).
Les données ont pris en compte l’inflation en dollars américains de 2018.
Chirurgie mini-invasive : ses bénéfices pour traiter le cancer du rein
Les hommes qui ont bénéficié de la néphrectomie partielle ou totale mini-invasive étaient hospitalisés moins longtemps que ceux ayant subi une chirurgie classique. Le séjour des patients opérés d’une néphrectomie partielle était en moyenne de 2,45 jours contre 3,78 jours habituellement. Celui de ceux opérés d’une néphrectomie totale était lui aussi réduit, avec un séjour moyen de 2,82 jours contre 4,62 jours.
Par ailleurs, les dépenses de santé impliquées par ces gestes chirurgicaux étaient moins élevées avec la chirurgie mini-invasive, mais seulement pour la néphrectomie radicale. Pour la néphrectomie partielle, en revanche, le coût de l’intervention était plus élevé avec l’utilisation de la chirurgie mini-invasive.
Un autre avantage du recours à la chirurgie mini-invasive du rein est l’amélioration et la simplicité du suivi post-chirurgie. Les hommes ayant été opérés par chirurgie mini-invasive présentaient des taux de réadmission plus faibles après un an. Le nombre de consultations externes postopératoire était lui aussi moins élevé.
De plus, les suites opératoires sont plus simples et moins marquées avec une chirurgie mini-invasive. Le nombre de jours d’arrêt de travail était ainsi réduit par rapport à la néphrectomie par chirurgie ouverte, peu importe qu’il s’agisse d’une néphrectomie partielle ou totale.
Au total, les dépenses cumulées liées à la chirurgie mini-invasive égalaient celles de la chirurgie ouverte lorsqu’il s’agissait d’une néphrectomie partielle (environ 300 dollars de différence seulement). Elles étaient cependant moins importantes dans le cas de la néphrectomie totale (gain de plus de 11 000 dollars).
Conclusion : néphrectomie ouverte ou chirurgie mini-invasive ?
Les auteurs de cette étude ont donc mis en évidence des dépenses totales cumulées de la chirurgie mini-invasive inférieures ou similaires à celles de la chirurgie ouverte classique sur un suivi d’un an après le geste opératoire et la sortie de l’établissement de soins. Ces résultats laissent penser que les dépenses effectuées autour du geste en lui-même (comme le suivi, l’hospitalisation…) ainsi que les ressources utilisées devraient être prises en compte avant de choisir la méthode chirurgicale à adopter pour réaliser une néphrectomie.
On rappelle que les deux méthodes chirurgicales présentent toutes les deux une bonne efficacité dans le cadre du traitement du cancer du rein. Les différences peuvent se mesurer dans l’apparence des cicatrices, la durée de convalescence, la reprise plus rapide des activités socioprofessionnelles et les complications postopératoires rarissimes éventuelles. La chirurgie mini-invasive présente donc des avantages pour le patient comme pour le chirurgien.

Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.