4.4/5 - (5 votes)

De nouvelles avancées thérapeutiques offrent aujourd’hui des résultats encourageants dans le traitement du cancer du rein. L’immunothérapie présente en effet de bons résultats face à cette pathologie qui connaît habituellement un pronostic défavorable. Voici les informations essentielles à retenir.

 

Cancer du rein : quelques généralités

Le cancer du rein touche environ 15 000 personnes chaque année en France. La majorité des malades touchés par cette pathologie sont des hommes. On estime en effet que 67 % des nouveaux diagnostics concernent les hommes à la moyenne d’âge de 67 ans. Chez les femmes, la moyenne d’âge est de 70 ans au moment du diagnostic.

Le cancer du rein est une maladie qui évolue lentement. Chez les hommes, il est classé au 5e rang des cancers les plus fréquents. Chez les femmes, il se classe en revanche au 9e rang.

Le cancer du rein n’a pas vraiment d’origine clairement identifiée (certaines formes héréditaires existent). Il est souvent le plus souvent découvert de façon fortuite, lors d’un bilan pour des douleurs abdominales par exemple. La tumeur est alors visualisée à l’échographie ou au scanner. Toutefois, certains facteurs de risque sont reconnus comme pouvant augmenter les chances de développer une tumeur rénale. Parmis eux, on peut citer :

  • le tabac ;
  • l’obésité ;
  • l’hypertension artérielle ;
  • le traitement de dialyse instauré depuis plus de 3 ans.

Le facteur génétique est quant à lui imputable à 2 à 3 % des cancers du rein diagnostiqués.

 

Cancer du rein

 

Diagnostic du cancer du rein

Certains symptômes doivent alerter et motiver une consultation auprès de votre urologue. C’est notamment le cas en présence d’une douleur persistante au niveau des flancs, de fatigue, de fièvre, d’une perte d’appétit inexplicable et de la présence de sang dans les urines. Toutefois, ces signes cliniques ne sont pas uniquement engendrés par un cancer et peuvent tout à fait évoquer une autre maladie.

Afin de déceler la présence d’un cancer du rein, un bilan comprenant plusieurs examens est nécessaire.

Celui-ci peut comprendre :

  • la recherche d’hématurie (sang dans les urines) ;
  • un bilan d’imagerie médicale.

La difficulté majeure de la prise en charge thérapeutique des différents types de cancer du rein est que la maladie est souvent détectée à un stade déjà avancé. C’est le cas pour environ un tiers des patients. Or, il est absolument nécessaire de diagnostiquer la maladie au plus tôt, à un stade encore précoce, afin d’avoir toutes les options de traitement possibles pour la combattre plus efficacement.

Cependant, la faible proportion de cancers du rein au sein de toutes les maladies cancéreuses ne justifie pas aujourd’hui la mise en place d’un dépistage organisé, comme c’est le cas pour d’autres cancers. Par ailleurs, il n’existe pas encore de biomarqueurs pour repérer la maladie dans le sang ou l’urine. Les avancées thérapeutiques dans le traitement du cancer du rein sont donc importantes, et nécessitent une détection précoce de la maladie afin d’être performantes.

Pendant très longtemps, le cancer du rein a été de mauvais pronostic. La forme la plus fréquente de la maladie (80 %), le carcinome à cellules claires, répond mal au traitement de chimiothérapie. L’immunothérapie par interféron alpha et interleukine présente de bons résultats, mais les effets secondaires indésirables sont trop importants pour ouvrir son utilisation à un grand nombre de patients.

 

Les avancées de l’immunothérapie dans le cancer rénal

Le traitement par immunothérapie consiste à booster notre système immunitaire pour qu’il puisse combattre plus efficacement les pathologies tumorales. L’immunothérapie agit donc non pas sur le ciblage des cellules tumorales, mais sur la restauration de l’immunité du patient pour que son corps lutte contre la maladie. L’objectif principal de ces essais est d’obtenir une réponse complète (c’est-à-dire, qu’il n’existe plus de trace visible de la maladie) chez des patients porteurs d’un cancer du rein métastatique.

Les scientifiques travaillent sur la mise en place :

Le traitement d’immunothérapie, fréquemment employé chez les personnes atteintes de carcinome rénal à cellules claires, ne connaît pas toujours une très bonne réponse en matière d’efficacité. Une nouvelle découverte réalisée par les chercheurs du Francis Crick Institute, du Royal Marsden NHS Foundation Trust et de l’UCL au sujet des cellules immunitaires dans les tumeurs pourrait aider à prédire si le traitement d’immunothérapie sera efficace ou non pour les patients touchés par un cancer du rein.

 

Cancer du rein : l’efficacité relative de l’immunothérapie

L’immunothérapie est un traitement couramment prescrit pour traiter une tumeur rénale. Or, il n’est pas toujours très efficace, et certains patients ne retirent aucun bénéfice de ce traitement. La principale difficulté est qu’il est impossible de prédire à l’avance l’efficacité de l’immunothérapie, et donc, le bien-fondé de son utilisation dans le cadre de la prise en charge thérapeutique du cancer du rein.

Les scientifiques ont publié les résultats de cette étude dans la revue Cancer Cell. Pour arriver à leurs conclusions, ils ont analysé pas moins de 115 échantillons de tissu tumoral provenant de 15 patients atteints de carcinome rénal à cellules claires métastatique. Tous ces patients ont été traités par Nivolumab, un traitement d’immunothérapie prodigué dans le cadre de l’essai clinique ADARTeR.

 

En quoi consiste l’étude ADARTeR ?

ADARTeR est une étude prospective de phase II ayant pour objectif de comprendre le processus de réponse thérapeutique de patients atteints de carcinome rénal à cellules claires et traités par Nivolumab (anti-PD-1). Elle concerne 115 échantillons de tumeurs multirégionaux prélevés sur 15 patients. Cela signifie que des prélèvements-biopsies ont été réalisés à divers endroits dans la zone tumorale pour chaque patient touché par la maladie.

Les analyses génomiques conduites ne montrent pas de corrélation entre les caractéristiques moléculaires de la tumeur et la réponse au traitement. En revanche, elles indiquent que la réponse clinique serait indirectement liée à l’expression du rétrovirus endogène humain spécifique du carcinome rénal à cellules claires.

Le co-auteur principal de l’étude, le Dr Lewis Au, oncologue et chercheur associé au Cancer Dynamics Laboratory du Crick, explique que l’étude de différents échantillons de tissus est primordiale. Ils doivent provenir de plusieurs zones différentes de la tumeur rénale, ainsi que des métastases présentes dans d’autres parties du corps. Il précise qu’un seul échantillon de tissu tumoral ne permet pas de recueillir toutes les informations nécessaires à une étude complète, puisque les informations moléculaires du cancer rénal sont disséminées un peu partout au sein de la tumeur.

 

L’importance des échantillons multiples de tissu tumoral

Pour obtenir une analyse complète, les chercheurs ont prélevé des échantillons de tissu tumoral dans différentes zones de la tumeur initiale et des localisations à distance, ainsi qu’à divers stades du traitement contre le cancer du rein. Ils ont ainsi observé plusieurs données concernant les tumeurs et pu mesurer la réponse immunitaire afin de trouver une corrélation avec l’immunothérapie.

Grâce à ces analyses, ils ont pu observer qu’un grand nombre de récepteurs spécifiques « clonaux » des lymphocytes T, des protéines à la surface des lymphocytes T au sein de la tumeur avant traitement, était étroitement lié à une plus forte probabilité de réponse positive au traitement d’immunothérapie. Si ces récepteurs étaient maintenus durant tout le traitement, alors il pourrait s’agir de l’indicateur le plus probant de l’efficacité de l’immunothérapie.

 

Un mécanisme de défense étonnant des lymphocytes T

Le coauteur principal de l’étude explique que chez les patients qui connaissent une bonne réponse thérapeutique à l’immunothérapie, il existe un groupe de lymphocyte T qui semble avoir déjà reconnu la tumeur à l’aide de récepteurs spécifiques. Ces cellules sont potentiellement capables de détruire les cellules tumorales. Mais pour que le processus de destruction se mette en place, elles ont besoin du médicament d’immunothérapie.

Si les lymphocytes T présentent ces récepteurs spécifiques et détruisent la tumeur, il est possible de les voir s’accumuler dans la tumeur. Si, en revanche, ces récepteurs spécifiques ne reconnaissent pas les cellules cancéreuses, ils sont remplacés par d’autres lymphocytes T porteurs d’autres récepteurs. Le système immunitaire essaie en effet de trouver un moyen de reconnaître et d’éliminer la tumeur.

Cette étude sur la prédictibilité de l’efficacité de l’hormonothérapie dans le cancer du rein métastatique aide à mieux comprendre les mécanismes de réponse immunitaire. Elle permet de savoir pourquoi le traitement fonctionne chez certaines personnes, et non chez d’autres.

Il existe bien un processus spécifique des lymphocytes T face à la tumeur, capable d’assurer l’efficacité de l’immunothérapie.

L’étude confirme donc qu’il est possible d’obtenir des résultats très encourageants dans les essais qui visent à étudier de manière approfondie la biologie des cancers. Elle pourrait être le point de départ d’autres études visant à élaborer des thérapies cellulaires ou combinées pour augmenter l’efficacité des traitements du cancer, et donc, les chances de survie des patients.

 

L’étude des biomarqueurs

Par ailleurs, une grande étude académique française visant à étudier l’expression des gènes des tumeurs rénales afin de mieux adapter les traitements est en cours. La recherche de biomarqueurs spécifiques au cancer du rein permettrait de mieux guider les médecins dans le choix de leur stratégie thérapeutique pour chaque malade atteint de cette pathologie.

Aujourd’hui, le choix de la prise en charge se base sur les facteurs de risque pronostic comme l’état général du patient, certains taux présents dans le sang (calcium, hémoglobine…), le délai de prise en charge entre le diagnostic et le début des traitements, etc.

Toutes ces avancées offriraient donc aux malades porteurs d’un cancer du rein un espoir pour le traitement et l’amélioration de leur qualité de vie.