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Des scientifiques américains et irlandais ont conduit une étude prometteuse pour le traitement du carcinome rénal. En effet, la combinaison de médicaments et d’un peptide induit par l’enzyme ACE2 permettrait d’améliorer la survie et de maximiser les effets du traitement chez des souris atteintes d’un cancer du rein fréquent : le carcinome rénal à cellules claires.

 

Carcinome rénal : quelques chiffres

  1. Le carcinome à cellules rénales fait partie des 10 cancers les plus courants chez les patients.
  2. 80 % de ces cancers sont des carcinomes rénaux à cellules claires.
  3. On dénombre pas moins de 403 000 nouveaux cas de carcinome rénal à travers le monde.
  4. Cette pathologie est par ailleurs responsable de 175 000 décès.  Le taux de survie pour ce type de cancer n’est que de 12 % à 5 ans.

Le dépistage du cancer du rein permet de déployer un protocole de traitement qui pourra inclure en fonction des cas, une chirurgie du rein, avec en complément des traitements additionnels comme la radiothérapie, la chimiothérapie et l’immunothérapie.

L’ACE2 : une molécule protectrice du cancer du rein

L’équipe de chercheurs a découvert que l’expression de l’enzyme ACE2 dans le carcinome à cellules rénales chez l’homme serait un facteur de bon pronostic. L’ACE2 est une nouvelle molécule protectrice dans le carcinome rénal. La négativité de l’expression de l’ACE2 pourrait contribuer à une résistance aux traitements du cancer. L’ACE2 appartient au système rénine-angiotensine (SRA)

De façon tout à fait semblable, elle est aussi le récepteur de la protéine de pointe du SRAS-CoV2. Cela implique que sa régulation négative par le virus provoque la progression (souvent vers une issue fatale) du syndrome de détresse respiratoire aiguë chez les individus touchés par le Covid-19.

 

Les traitements actuels du carcinome rénal

Aujourd’hui, on utilise des inhibiteurs de facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) (Avastin, Sutent, Zaltrap, Cyramza, Nexavar…) ainsi que des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) des voies de la mort programmée-ligand 1 (PD-L1) pour traiter ce type de cancer. Toutefois, la plupart des patients deviennent résistants aux traitements au fil du temps. Il est donc primordial de tenter de nouvelles approches et associations thérapeutiques afin de réduire cette résistance.

 

L’enjeu de l’étude sur le rôle de l’angiotensine (1-7)

Les recherches effectuées par l’équipe de chercheurs menées par Bhatt et Walther soulignent la corrélation entre une expression plus élevée de l’ACE2 et l’amélioration du taux de survie globale. Ces résultats se basent sur l’étude de données de 533 tumeurs de cancers des cellules rénales à cellules claires dans des modèles précliniques.

Les résultats laisseraient penser qu’une trithérapie (association de 3 médicaments à la fois) comprenant des traitements classiques et de l’angiotensine (1-7) (un peptide généré par l’ACE2) permettrait d’améliorer la réponse des patients au traitement du cancer en renforçant l’ACE2. Cette hypothèse suppose donc également une augmentation du taux de survie chez ces patients.

Ces découvertes impliquent donc que l’angiotensine (1-7) pourrait être utilisée afin de contrôler la croissance de la tumeur, comme dans leurs modèles précliniques. Chez les patients dont la tumeur comprend une expression plus élevée de l’ACE2, la durée de survie était améliorée. L’intervalle sans progression était également augmenté.

D’autres études suggèrent que la surexpression de l’ACE2 ralentit également la formation de la tumeur cancéreuse (dans les modèles in vitro et in vivo).

L’équipe de chercheurs a aussi mis en évidence la tendance qu’ont les inhibiteurs du VEGF à diminuer l’expression de l’enzyme ACE2, que ce soit au sein des cellules tumorales en culture ou dans les tumeurs des modèles précliniques. Ces expériences pourraient expliquer pourquoi ce type de tumeurs rénales deviendrait résistant aux traitements.

D’autres analyses suggèrent quant à elles que l’association du peptide angiotensine (1-7) + inhibiteurs du VEGF + anti PD-L1 dans le cadre d’une trithérapie serait plus efficace que le traitement de référence actuel (inhibiteurs du VEGF + anti PD-L1) pour combattre la maladie.

Avec le recueil de toutes ces informations, les auteurs de l’étude ont mis en évidence l’effet médiateur important de l’angiotensine (1-7) et de son rôle antitumoral dans les modèles précliniques.

On peut espérer que ces trouvailles pourraient, dans les mois ou années à venir, ouvrir la voie à des essais cliniques chez les patients, permettant de proposer à l’avenir des traitements plus efficaces.

L’option thérapeutique de la trithérapie s’avère donc prometteuse pour augmenter les chances de survie des malades atteints de carcinome rénal à cellules claires.

Bibliographie :

Promising Triple Therapy Approach Identified for Renal Cell Carcinoma