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Les tumeurs malignes de la vessie touchent habituellement les patients âgés de 50 à 70 ans. Chez les jeunes patients, les chances de développer un cancer de la vessie sont très faibles, mais tout de même présentes.

Le cancer de la vessie chez les jeunes adultes est difficile à prendre en charge, car ses caractéristiques et son évolution restent mal connues. Chez certains patients, la tumeur est de bon pronostic. Chez d’autres, le profil évolutif de la lésion est similaire aux patients plus âgés. Plusieurs particularités semblent néanmoins se dessiner à travers les données disponibles dans la littérature.

 

Diagnostic du cancer de la vessie chez les jeunes adultes

La principale difficulté réside dans le retard de diagnostic du cancer de la vessie. Le dépistage chez les patients âgés de moins de 40 ans n’est pas systématique, en raison de la rareté de l’apparition de ces tumeurs. De fait, le temps écoulé entre les premiers symptômes et le diagnostic peut être long, malgré une symptomatologie évocatrice. Chez les patients présentant un risque élevé de cancer de vessie, un bilan urinaire complet pourrait pourtant éliminer les doutes sur la présence d’une tumeur maligne.

Les symptômes principaux qui peuvent motiver la réalisation d’un bilan urologique complet afin de poser le diagnostic du cancer de la vessie sont :

  • une hématurie macroscopique (sang dans les urines, visible à l’œil nu) ;
  • une pollakiurie (fréquente envie d’uriner, de jour ou de nuit) ;
  • des impériosités mictionnelles (besoin urgent d’uriner).

 

Cancer de la vessie chez les jeunes adultes : particularités histologiques

Sur le plan histologique, deux tendances apparaissent selon le type de tumeurs. Lorsqu’il s’agit d’une tumeur urothéliale de vessie (qui touche l’urothélium, le tissu superficiel qui tapisse les voies excrétrices urinaires), le cancer de vessie reste superficiel, de stade faible (Ta), bien différencié et unifocal (un seul foyer cancéreux). En revanche, lorsque la tumeur est infiltrante, on constate que le cancer est, bien souvent, de forme très agressive.

Ces résultats ont pu être observés grâce à l’analyse de plusieurs études publiées dans les revues françaises et anglo-saxonnes. On découvre également que la majorité des cancers de la vessie chez les jeunes adultes est de forme superficielle, essentiellement de stade Ta. La variation du stade semble coïncider avec l’âge des patients : le taux de tumeur Ta serait d’environ 95 % chez les moins de 20 ans, et de 77 % à partir de 40 ans.

Quelques auteurs semblent également retrouver la présence de carcinome in situ isolé, mais la prévalence reste extrêmement faible.

En analysant les résultats des différentes séries publiées, on constate que les tumeurs infiltrantes représentent environ 13 % des tumeurs stadifiées, dont 61 % de stade > T3 (la tumeur s’est développée en dehors de la vessie).

Les tumeurs multifocales représentent, quant à elles, un faible pourcentage des tumeurs de vessie chez les sujets de moins de 40 ans. Cette particularité permet de déterminer le pronostic de la tumeur, et explique le faible taux de récidive chez les plus jeunes.

 

Facteurs de risque du cancer de la vessie chez les jeunes adultes

Les facteurs de risque du cancer de la vessie chez les jeunes adultes sont mal connus. On sait que le tabagisme, ou l’exposition prolongée à des substances nocives dans un cadre professionnel présentent des risques de survenue de cancer de la vessie chez les patients plus âgés. Or, chez les plus jeunes, il est difficile de confirmer ces constatations, car les patients n’ont pas été exposés à ces facteurs pendant une très longue durée.

Les antécédents familiaux doivent être évoqués lors de l’interrogatoire conduit lors de la consultation. Plusieurs études rétrospectives ont mis en évidence un taux plus élevé d’anomalies sur certains chromosomes. Des analyses complémentaires sont nécessaires afin de confirmer ces résultats.

Le cancer de la vessie semble être également prédominant chez les hommes dans cette tranche d’âge, comme c’est déjà le cas chez les patients plus âgés.

 

Évolution du cancer de la vessie chez les sujets jeunes

Chez ces jeunes patients, les tumeurs superficielles semblent évoluer différemment selon l’âge : avant 30 ans, le cancer de vessie est d’évolution lente, avec un risque de récidive faible. Après 30 ans, le profil évolutif ainsi que le risque de récidive semblent être similaires aux tumeurs présentes chez les patients âgés. Concernant les tumeurs infiltrantes, elles sont en revanche plutôt de forme très agressive, avec un mauvais pronostic.

Le taux de récidive ainsi que la progression tumorale semblent donc augmenter avec l’âge au moment du diagnostic de cancer de vessie. Chez les patients âgés de moins de 20 ans, on ne note pas de cas de progression.

Le pronostic des tumeurs urothéliales de la vessie chez les jeunes adultes avant 30 ans est généralement meilleur que chez les sujets plus âgés. Les tumeurs infiltrantes, au contraire, semblent très agressives, et de pronostic plus péjoratif. Il est donc primordial d’établir le diagnostic du cancer de la vessie le plus rapidement possible pour assurer une meilleure prise en charge thérapeutique.

 

Sources :

Étude de cas et données comparatives de la littérature : https://www.urofrance.org/base-bibliographique/tumeurs-de-vessie-du-sujet-jeune-propos-de-26-cascomparaison-aux-donnees-de-la