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Des essais cliniques sont en cours pour tester l’impact de l’Olaparib, un médicament utilisé à l’origine pour combattre certains cancers du sein et de l’ovaire, qui pourrait rejoindre l’arsenal des nouvelles thérapies du cancer de la prostate.

Chez 30 % des patients atteints de cancer de prostate avancé, on retrouve certaines mutations génétiques également présentes dans d’autres types de cancers féminins (notamment du sein et de l’ovaire). L’étude, cofinancée par les sociétés pharmaceutiques AstraZeneca et Merck & Co qui fabriquent l’olaparib, a été menée sur 400 hommes atteints de cancer de la prostate à un stade avancé, tous porteurs d’une mutation d’un des gènes pouvant augmenter le risque de certains cancers, comme BRCA1 ou BRCA2.

 

L’Olaparib : un nouveau traitement pour le cancer de prostate ?

L’olaparib est un inhibiteur de la PARP (poly-ADP-ribose-polymérase-1). Ces médicaments sont des molécules qui agissent sur le système de réparation de l’ADN en rapport avec la perte de la fonction de certains gènes (BRCA par exemple) par les cellules tumorales, ce qui provoque une instabilité génétique et la mort des cellules. Ces traitements sont généralement utilisés dans le cancer du sein et de l’ovaire.

L’Olaparib a été approuvé aux États-Unis, par la Food and Drug Administration, pour traiter les cancers ovariens et mammaires. Cette autorisation n’est pas encore donnée pour le cancer de la prostate, mais pourrait représenter une amélioration dans le traitement de précision des cancers prostatiques de stade avancé.

Le traitement du cancer de prostate repose aujourd’hui sur une prise en charge globale incluant une chirurgie, une chimiothérapie ou radiothérapie. L’hormonothérapie est aussi souvent prescrite afin de faire baisser le taux d’hormones masculines. Cependant, certains patients sont moins réceptifs à ces traitements. Le cancer prostatique peut être de pronostic moins favorable chez ces hommes.

 

Cancer de prostate et mutation génétique : des premiers résultats encourageants

La phase III de l’essai clinique a porté sur la comparaison entre le traitement classique, aujourd’hui administré dans les cas de cancers prostatiques avancés, et ce nouveau traitement par Olaparib. Selon leurs mutations génétiques, les patients ont été divisés en deux groupes : 245 porteurs d’une mutation fréquemment associée au cancer du sein et de l’ovaire (BRCA 1 et 2, ATM), et 142 porteurs d’autres mutations génétiques. Le traitement par Olaparib a été administré chez deux tiers des malades de chaque groupe.

La tendance générale indique que la progression de la maladie est moins forte chez les hommes qui ont bénéficié du traitement par Olaparib versus une hormonothérapie classique. Selon Maha Hussain, oncologue à la faculté de médecine Feinberg de la Northwestern University à Chicago et auteur principal de l’étude, les résultats enregistrés à un an indiquent que :

  • pour le traitement d’Olaparib, 22 % des patients traités n’ont présenté aucun signe d’évolution cancéreuse ;
  • pour le traitement classique, 13,5 % des patients n’ont présenté aucun signe de progression.

 

De plus, la différence est plus marquée dans le groupe d’hommes qui étaient porteurs des mutations BRCA1, BRCA2 et ATM avec un total de 28 % sans signe d’évolutivité tumorale (contre 9,4 % avec le traitement standard).

On notait également une diminution du volume des tumeurs pour un tiers des patients du groupe BRCA/ATM qui ont reçu l’Olaparib (contre 2,3 % des patients sous traitement classique).

Les scientifiques ont par ailleurs pu mettre en évidence une stabilisation de la douleur chez 80 % des patients porteurs de BRCA1/2 ou ATM, après un an de traitement par Olaparib (vs 40 % avec le traitement standard).

Des effets secondaires ont été signalés chez presque tous les patients, qu’ils aient été traités par hormonothérapie classique ou Olaparib, à savoir : nausées, fatigue et anémie. L’anémie était toutefois plus marquée chez les bénéficiaires de l’Olaparib, et on notait la présence d’effets secondaires plus importants chez ces patients.

Les premiers résultats sont encourageants, mais nécessitent d’être poursuivis pour mesurer l’impact réel sur la survie globale des patients. Les travaux devraient continuer en début d’année 2021.

Ces essais cliniques, s’ils s’avèrent concluants à plus long terme, permettraient de proposer des traitements plus ciblés et mieux adaptés au stade avancé de certaines tumeurs.

L’Olaparib pourrait apporter un réel bénéfice aux patients, face à l’hormonothérapie classique. Il pourrait aussi être bénéfique dans la phase de dépistage du cancer en conduisant plus d’hommes à consulter pour obtenir un bilan génétique avec recherches de mutations. Ce qui n’est, pour l’heure, pas systématique.

 

Sources :