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Les traitements personnalisés, dans le cadre de la surveillance active des petites tumeurs rénales, auraient un impact plus élevé sur l’espérance de vie de certains patients. C’est ce que rapporte une étude récente réalisée par des scientifiques de l’Université de New-York. Cette analyse ouvre de nouvelles perspectives quant à la prise en charge thérapeutique du cancer du rein, et notamment de ces petites tumeurs rénales qui restent encore souvent difficiles à diagnostiquer.

On rappelle que le cancer du rein est un des cancers les plus fréquents, et touche en majorité les personnes âgées de plus de 64 ans. Si son incidence continue d’augmenter lentement dans toutes les tranches d’âge, le taux de survie des patients s’améliore progressivement.

Les petites tumeurs rénales sont généralement asymptomatiques, et très souvent découvertes de façon fortuite, c’est-à-dire à l’occasion d’un examen prescrit pour une autre pathologie. Elles représentent néanmoins entre 40 et 60 % des cancers du rein. Les progrès effectués en matière d’imagerie médicale permettent aujourd’hui de détecter de plus en plus de petites tumeurs rénales (< 4 cm de diamètre) à un stade encore précoce.

 

Cancer du rein : les traitements de référence

Le choix de la prise en charge thérapeutique pour un cancer rénal est discuté lors d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) qui regroupe plusieurs médecins de spécialités différentes : oncologue, radiothérapeute, urologue, radiologue…).

Le traitement dépend de plusieurs facteurs :

  • l’âge du patient ;
  • ses antécédents héréditaires et personnels ;
  • la présence d’autres pathologies ;
  • le stade et grade de la tumeur ;
  • sa localisation ;
  • sa taille ;
  • son extension…

Les deux options les plus fréquemment retenues sont néanmoins la chirurgie et la surveillance active. Dans le cas des petites tumeurs rénales, une biopsie détermine le caractère bénin ou malin de la tumeur afin d’orienter le suivi rapproché.

La chirurgie du cancer du rein est la néphrectomie robot-assistée ou classique. Elle peut être totale (ablation de la totalité du rein) ou partielle (exérèse d’une partie du rein affectée par la tumeur) selon les caractéristiques de la tumeur. Les thérapies ciblées peuvent compléter cette intervention chirurgicale en cas de propagation des cellules cancéreuses à d’autres localisations (métastases).

La surveillance active est proposée aux patients qui ne peuvent être opérés en raison de leur âge avancé, de leurs autres problèmes de santé, ou dans le cas des petites tumeurs rénales de bon pronostic. Elle repose sur des consultations régulières, et la réalisation d’examens de contrôle afin de suivre la progression de la tumeur. Un suivi personnalisé adapté à chaque patient est alors mis en place. L’équipe médicale peut choisir cette option devant la lente évolution d’une petite tumeur rénale.

Cependant, les chercheurs soulignent la sous-utilisation de la surveillance active au profit de la néphrectomie. Les protocoles resteraient encore mal cadrés, et l’évaluation des traitements personnalisés difficile. Pourtant, l’étude menée par les scientifiques américains révèle le potentiel élevé de la surveillance active en termes de bénéfices pour le patient.

Bénéfices du traitement personnalisé pour les petites tumeurs rénales

L’étude réalisée par les chercheurs de l’Université de New-York, publiée récemment dans Radiology, repose sur la simulation informatique d’une population cible afin d’étudier l’impact des différents traitements dans le cadre de la prise en charge du cancer rénal. Ces simulations informatiques ont pour but de comparer l’efficacité du traitement personnalisé dans la surveillance active des petites tumeurs rénales (< 4 cm) face à l’option chirurgicale fréquemment retenue (néphrectomie partielle).

Les scientifiques ont donc constitué une population diversifiée simulée par programme informatique. Celle-ci intègre à la fois des patients atteints de cancer du rein avec une fonction rénale normale, et des patients porteurs de cancer du rein qui présentent une insuffisance rénale chronique ainsi que d’autres pathologies rénales susceptibles d’aggraver le pronostic vital.

Sur un million de simulations effectuées, l’étude a révélé :

  • l’efficacité de la néphrectomie partielle sur l’espérance de vie chez les patients de tout âge avec une fonction rénale normale ;
  • l’impact significatif du traitement personnalisé chez les patients porteurs d’insuffisance rénale chronique (versus une néphrectomie), permettant de prolonger l’espérance de vie de ces patients ;
  • l’utilité non négligeable de l’IRM dans le cadre de la surveillance active, et sa capacité de prédiction des cancers du rein d’évolution lente (carcinome papillaire) qui pourrait inciter plus de médecins à avoir recours au traitement personnalisé.

Par ailleurs, les chercheurs suggèrent que l’efficacité de la biopsie diagnostique pourrait être améliorée afin d’optimiser le diagnostic et la décision thérapeutique.

Les simulations à l’aide de modèles informatiques présentent de nombreux avantages en recherche clinique. Cela permet de mieux appréhender les maladies qui bénéficient le moins d’essais cliniques à cause de leur coût élevé, ou des limites de leur intérêt pour les patients.

L’analyse effectuée fournit donc de précieuses informations quant aux bénéfices/risques de la surveillance active dans le cadre de la prise en charge des petites tumeurs rénales. Les scientifiques évoquent l’importance de la prise en compte des résultats de ces modèles informatiques dans la décision thérapeutique et l’offre de soins. Cela permettrait d’optimiser la prise en charge du patient et augmenter son espérance de vie en fonction de sa pathologie.

 

Sources :