Une équipe de chercheurs américains a mis en évidence deux nouveaux types de cancers de la prostate résistant à la castration. Une découverte qui pourrait contribuer à l’élaboration de nouvelles thérapies dans le cadre du traitement du cancer de la prostate résistant à la castration. Cette catégorie de tumeurs est en effet particulièrement difficile à traiter et généralement de moins pronostic.
Cancer de la prostate résistant à la castration
Le cancer de la prostate résistant à la castration (CPRC) est une forme de cancer qui continue son développement malgré un taux de testostérone inférieur ou égal au seuil de la castration. On parle aussi de cancer de la prostate hormono-résistant.
Le cancer de la prostate non métastatique résistant à la castration est une maladie qui n’a pas envahi d’autres zones du corps d’après les clichés d’examens comme une scintigraphie osseuse ou un scanner.
Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration a quant à lui étendu sa progression aux ganglions lymphatiques ou à d’autres zones du corps pour former des localisations secondaires.
Certaines tumeurs de la prostate peuvent résister à un traitement, mais continuent de dépendre des hormones androgènes pour se développer. D’autres, en revanche, peuvent perdre leur dépendance à ces hormones et adopter une forme agressive de type neuroendocrine.
Les options thérapeutiques de ce type de cancers de la prostate dépendent de la présence ou non de métastases et peuvent reposer sur une hormonothérapie (CPRC non métastatique) ou sur une hormonothérapie +/- chimiothérapie +/- thérapie ciblée (CPRC métastatique).
Mais ce type de cancer est généralement de mauvais pronostic. Les avancées thérapeutiques sont donc précieuses pour augmenter l’espérance de vie du cancer de la prostate pour les hommes touchés par cette maladie en améliorant leur prise en charge.
Découverte de deux nouveaux types de cancers de la prostate
C’est dans ce contexte que des chercheurs américains ont souhaité orienter leurs recherches. Améliorer la prise en charge thérapeutique des patients atteints de cancers de la prostate résistant à la castration représenterait une avancée considérable, non seulement pour ces hommes porteurs d’une tumeur prostatique, mais aussi dans d’autres types de cancers résistant au traitement.
Une nouvelle sous-catégorie de cancer de la prostate a ainsi pu être identifiée par l’équipe d’oncologues du Memorial Sloan Kettering Cancer Center et de la Weill Corneille Medicine à New York. Cette forme n’était jusqu’à présent pas connue. Il s’agit d’un type de tumeurs prostatiques résistant à la castration par hormonothérapie. Les chercheurs ont par ailleurs pu mettre en évidence un ensemble de molécules capables de stimuler son développement. Les résultats ont été publiés dans la revue Science et permettraient non seulement d’élaborer de nouveaux traitements pour combattre cette forme spécifique de cancer prostatique, mais aussi de traiter d’autres types de cancers.
L’équipe de scientifiques s’est basée sur 40 échantillons de tumeurs et d’organites (structures minuscules ressemblant à des organes formés à partir de cellules cancéreuses récoltés chez des patients). L’analyse s’est concentrée sur le plan moléculaire et a notamment porté sur l’ADN, l’ARN, et la compacité de leur ADN (on parle aussi d’accessibilité à la chromatine). Avec l’ensemble de ces éléments, l’équipe a ainsi pu identifier les 2 types de cancers prostatiques résistant à la castration déjà connus, mais aussi deux nouveaux types de CPRC dans cette pathologie, baptisés SCL et WNT d’après leurs voies de signalisation hyperactives.
Sur les données de séquençage de l’ARN de 366 hommes, les résultats montrent que 5 à 7 % font partie de la catégorie WNT et 22 à 30 % de la catégorie SCL.
Cancer de la prostate : vers de nouvelles avancées thérapeutiques
Concernant la catégorie de cancer de la prostate SCL, les scientifiques ont mis en évidence 4 protéines capables de favoriser la croissance de la maladie lorsqu’elles deviennent hyperactives : FOSL1, TEAD, YAP et TAZ. Leur hyperactivité perturbe l’accessibilité de la chromatine et accélère la croissance de la tumeur. Ils ont pu par la même occasion isoler deux molécules connues pour perturber le fonctionnement de ces protéines, ce qui permettrait de ralentir ou stopper la croissance des cellules tumorales, mais pas des cellules saines qui dépendent des androgènes. En somme, cela signifie qu’une nouvelle thérapie ciblée du cancer de la prostate est en cours d’étude pour permettre aux équipes médicales de soigner les patients atteints par cette sous-catégorie de cancer.
La particularité de cette voie moléculaire de développement est qu’elle est semblable à d’autres types de cancers, comme dans le cancer colorectal, le cancer du sein ou le cancer du poumon. L’intérêt thérapeutique est donc particulièrement grand, et les scientifiques travaillent déjà à l’élaboration d’un traitement capable de bloquer l’activité de cette voie moléculaire.
Cette découverte est donc très intéressante et va permettre d’ouvrir la voie à de nouvelles solutions de traitement non seulement pour le cancer de la prostate, mais aussi pour d’autres types de tumeurs malignes.
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.