La courbure congénitale du pénis est une affection rare qui peut impacter la qualité de vie et la sexualité des hommes qui en souffrent. Des traitements médicaux et chirurgicaux peuvent permettre d’améliorer le confort et l’esthétique du pénis.
Qu’est-ce qu’une courbure congénitale du pénis ?
Contrairement à la déviation du pénis acquise qui survient au cours de la vie en raison de traumatismes ou de pathologies diverses (comme la maladie de Lapeyronie), la courbure du pénis est dite congénitale lorsqu’elle est présente dès la naissance ou qu’elle est repérée dès l’adolescence.
En effet, c’est souvent à la puberté que la courbure congénitale du pénis est remarquée, lors des premières érections. Le pénis apparaît dévié de l’axe central. La courbure peut concerner toute la longueur de la verge ou une partie, en forme de coude. Elle peut être dirigée vers toutes les directions autour de l’axe central.
Courbure du pénis : quelles sont les causes ?
Dans la plupart des cas, on ne connaît pas la cause exacte d’une courbure congénitale du pénis. Cependant, de nombreux scientifiques émettent l’hypothèse d’une privation transitoire d’androgènes, les hormones masculines, au cours de la grossesse. En effet, la libération d’hormones et de facteurs spécifiques est nécessaire tout au long du développement du fœtus. En présence d’une privation temporaire, les cellules peuvent présenter des troubles de développement.
Dans des cas sévères, l’urètre peut aussi être affecté en plus du tissu érectile du pénis. Il peut par exemple présenter un défaut d’ouverture à l’extrémité du gland, ou un raccourcissement, entraînant des restrictions très invalidantes. Au cours d’une érection, l’orifice de l’urètre subit alors une tension et une rétention possiblement très douloureuse.
Chez de nombreux patients, la courbure congénitale montre un défaut de développement du tissu érectile, visible à l’examen clinique. Ce développement anormal peut provoquer un durcissement unilatéral et des déviations de forme, affectant alors l’ensemble du membre.
Les symptômes associés du pénis courbé
La plupart des hommes présentent un pénis légèrement courbé. Ces courbures sont toutefois normales et n’entraînent aucune gêne. Parfois, malgré une courbure importante, la maladie peut passer inaperçue pendant plusieurs années.
Ce n’est souvent qu’à l’adolescence, avec la puberté, que la déviation congénitale du pénis se révèle. La malformation est perceptible pendant l’érection et peut être douloureuse. Dans certains cas, cela impacte fortement les rapports sexuels, les rendant difficiles, voire impossibles pour certains patients.
Mais l’implication psychologique est souvent plus conséquente que l’aspect physique de la courbure du pénis. À l’adolescence, elle peut entraîner une insécurité significative et les jeunes patients ont du mal à trouver un partenaire et à avoir des rapports sexuels satisfaisants. La nervosité, la crainte de se montrer et de ne pas pouvoir satisfaire leur partenaire peut être un frein à une vie sentimentale et sexuelle épanouie. Ces conséquences sont cependant liées à l’insécurité que peut entraîner une telle condition médicale, et pas à la courbure du pénis en elle-même. Il convient toutefois de ne pas négliger cet aspect et de bien prendre en compte les conséquences psychologiques qui peuvent être très importantes.
Diagnostic de la courbure congénitale du pénis
La consultation médicale auprès d’un médecin urologue est indispensable pour diagnostiquer une courbure du pénis et en trouver la cause. Les jeunes patients peuvent être réticents à consulter et il s’agit d’un sujet parfois encore tabou chez les hommes. Pourtant, il est important de connaître l’origine du trouble et son impact sur la vie du patient pour trouver une solution adaptée.
L’examen clinique est la première étape du diagnostic et suffit généralement à établir le diagnostic. Dans certains cas, d’autres examens peuvent être proposés, comme une échographie ou une radiographie, mais ces examens exposent les testicules aux rayonnements et peuvent potentiellement avoir des conséquences à long terme.
Une courbure du pénis de l’ordre de 30° et plus, associée à des douleurs ou à un impact significatif sur la qualité de vie peut justifier d’une prise en charge thérapeutique.
En présence d’une courbure du pénis de plus de 40°, on considère que les rapports sexuels sont impossibles et cela justifie de mettre en place une thérapie plus agressive.
Si la raison est purement esthétique, le traitement est par contre plutôt déconseillé.
Consultez également l’article sur la maladie de Lapeyronie
Pénis courbé : quels sont les traitements ?
La prise en charge chirurgicale dépend de la sévérité de l’atteinte et du niveau de gêne dans la vie quotidienne.
Une désintégration sous échographie peut être envisagée pour traiter le tissu conjonctif durci.
Un traitement chirurgical peut être aussi proposée à certains patients. L’opération consiste à retirer ou compenser le tissu conjonctif durci par sutures sur le côté opposé. D’autres techniques sont aussi disponibles en fonction de l’atteinte, des habitudes du chirurgien urologue et des préférences du patient.
Toutefois, la chirurgie du pénis pour courbure est généralement réservée aux cas les plus sévères, car elle entraîne des suites opératoires importantes et des risques de complications (inflammation, saignement, cicatrices, troubles de la fonction érectile, douleurs…).
Consultez également notre article sur le traitement chirurgical de la Maladie de Lapeyronie selon 3 patients
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.