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Une équipe de scientifiques du National Cancer Institute de Vilnius (Lithuanie) a publié début 2022 les conclusions d’une étude faisant état d’une augmentation du risque de décès par maladie cardiovasculaire chez les patients traités par hormonothérapie pour leur cancer de la prostate. Les résultats sont parus dans la revue Aging Male et recommandent aux hommes de réaliser un dépistage systématique des pathologies cardiovasculaires possiblement présentes avant de prendre un traitement d’hormonothérapie du cancer de la prostate.

Effet secondaire hormonothérapie : augmentation du risque des maladies cardiovasculaires chez les hommes

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Certaines études ont déjà, par le passé, mis en évidence un lien entre hormonothérapie et un risque accru de décès par maladie cardiovasculaire. D’autres, à l’inverse, n’ont pas vraiment pu clairement identifier une telle relation. L’équipe de chercheurs lithuaniens confirme ce lien chez un groupe de patient et suggère une augmentation du risque de décès par maladie cardiovasculaire chez les patients porteurs d’une tumeur de la prostate et traitée par hormonothérapie (vs d’autres thérapies).

Pour arriver à de telles conclusions, les chercheurs ont mené leur étude sur 13 343 hommes âgés de 40 à 79 ans, touchés par un cancer de la prostate et selon une surveillance de 4 ou 5 ans. Le diagnostic de cancer prostatique a été établi entre 2012 et 2016 chez ces patients. L’analyse s’est concentrée sur l’observation du risque de décès par pathologie cardiovasculaire chez le groupe d’hommes ayant reçu une hormonothérapie, à savoir 3 797 patients face à l’autre groupe d’hommes (9 546) n’ayant pas été traités par hormonothérapie.

Leurs observations ont ainsi montré une augmentation très marquée du risque de décès par pathologie cardiovasculaire chez les hommes traités par hormonothérapie de l’ordre de plus du double. Le risque est plus élevé dès la seconde année qui a suivi le diagnostic de la maladie. Il est jusqu’à 5 fois plus haut chez les hommes âgés de 70 à 79 ans traités par hormonothérapie par rapport aux hommes qui n’ont pas reçu ce traitement.

Parmi les différents troubles cardiovasculaires, les chercheurs ont pu mettre en évidence un risque de décès par AVC augmenté de 42 %, et un risque de décès par maladie coronarienne augmenté de 70 % dans le groupe traité par hormonothérapie, comparativement au groupe non traité par hormonothérapie, ce qui représente les deux pathologies cardiovasculaires les plus à risque d’augmenter le nombre de décès.

Le risque de décès par maladie cardiovasculaire chez les hommes traités par hormonothérapie est donc bien plus marqué chez les patients plus âgés et à partir de la seconde année qui suit le diagnostic de cancer de la prostate.

 

Hormonothérapie du cancer de la prostate & effets secondaires : des résultats à interpréter avec prudence

Le cancer de la prostate est une pathologie que l’on découvre le plus souvent chez des hommes plus âgés. Beaucoup de ces hommes ont déjà des antécédents de maladie cardiovasculaire, ce qui peut représenter un facteur de risque accru d’altération de l’état de santé général et d’apparition d’autres pathologies, comme le cancer.

Les chercheurs lithuaniens précisent donc que les résultats retrouvés au cours de leurs investigations pourraient encourager les spécialistes du cancer à améliorer la prévention et la prise en charge des pathologies cardiovasculaires. Cela pourrait être une composante clé de l’élaboration du plan personnalisé de traitement des patients atteints d’un cancer de la prostate, notamment pour les hommes plus âgés.

 

Hormonothérapie du cancer de la prostate : généralités

Hormonotherapie cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est le type de cancer le plus fréquent chez l’homme. En France, il est découvert chez environ 50 000 nouvelles personnes chaque année et représente la 3e cause de décès par cancer.

Lorsque le cancer de la prostate est diagnostiqué à un stade précoce, son pronostic est plutôt favorable. On estime que seuls 10 % des cancers prostatiques hormono-dépendants sont repérés à un stade déjà avancé, voire métastatique, ce qui signifie que la tumeur est agressive et que le pronostic est plus sombre.

L’hormonothérapie est un traitement fréquent du cancer de la prostate. On parle aussi de traitement par suppression androgénique. La particularité des tumeurs prostatiques est que leur croissance est directement favorisée par les hormones masculines, notamment la testostérone. L’hormonothérapie permet de stopper cette stimulation des cellules cancéreuses pour ralentir ou arrêter l’évolution du cancer prostatique.

La privation hormonale peut être réalisée par voie chirurgicale ou par le biais de médicaments afin de réduire les taux d’hormones, comme la testostérone, susceptibles de favoriser le développement du cancer de la prostate.

Si l’utilisation des médicaments d’hormonothérapie traditionnelle a pendant longtemps été le traitement de référence, d’autres associations thérapeutiques ont vu le jour ces dernières années, comme l’utilisation concomitante de médicaments d’hormonothérapie de nouvelle génération ou de la chimiothérapie du cancer de la prostate par docetaxel. La radiothérapie externe a elle aussi bénéficié d’avancées majeures, améliorant la prise en charge thérapeutique des patients, notamment ceux porteurs d’un cancer de la prostate de stade avancé.