La maladie de Lapeyronie, une affection urologique qui peut sérieusement impacter la qualité de vie des hommes, reste encore entourée de mystère. Bien que les mécanismes exacts de cette maladie ne soient pas entièrement connus, les recherches ont identifié plusieurs facteurs de risque susceptibles de contribuer à son développement. Parmi les causes possibles de la survenue de cette affection, intéressons-nous particulièrement à l’impact de l’âge, des microtraumatismes répétés du pénis et du tabagisme sur la probabilité de développer la maladie de Lapeyronie.
L’impact de l’âge sur la maladie de Lapeyronie : vers un changement de tendance ?
La question de l’âge comme facteur de risque pour la maladie de Lapeyronie est souvent abordée. Traditionnellement, on considère que l’incidence de cette maladie est la plus élevée autour de 50 ans. Cependant, une tendance au rajeunissement des patients atteints de la maladie de Lapeyronie est observée.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
- Accès à l’information : avec internet et les réseaux sociaux, les jeunes patients sont mieux informés et consultent plus tôt lorsqu’ils remarquent une déformation de leur verge.
- Traumatismes sexuels : on note une augmentation des cas de traumatismes sexuels chez les jeunes hommes, qui peuvent déclencher la maladie.
- Facteurs de comorbidité : Les hommes plus âgés développaient auparavant la maladie en raison de comorbidités mal gérées, telles que le tabagisme, le diabète déséquilibré, et d’autres facteurs de risque cardiovasculaires. Avec les progrès de la santé publique et la lutte contre le tabagisme, ces cas sont devenus moins fréquents.
Aujourd’hui, la maladie de Lapeyronie liée aux traumatismes sexuels est la forme la plus courante, ce qui conduit plus fréquemment les hommes jeunes à consulter un médecin.
Déformations du pénis : le facteur de risque le plus probable
La maladie de Lapeyronie peut être déclenchée par des traumatismes, qu’il s’agisse d’un événement isolé ou de microtraumatismes répétés. Ces traumatismes peuvent provoquer un microsaignement dans la tunique albuginée, l’enveloppe des corps caverneux.
Suite à ce saignement, un facteur de croissance tissulaire connu sous le nom de TGF bêta 1 est activé. Ce facteur influence la tunique albuginée, entraînant plusieurs changements :
- Une augmentation de la concentration de fibrine, modifiant la constitution de la tunique albuginée au niveau du traumatisme, réduisant son élasticité. Les fibres d’élastine sont détruites et remplacées par de la fibrine.
- Une diminution de l’activité des enzymes, telles que les collagénases, qui dégradent le collagène et la fibrine.
Ces modifications créent un environnement propice à la disparition des fibres d’élastine, remplacées par du tissu conjonctif non extensible, ce qui mène à la formation d’une plaque. Lorsque cette plaque devient suffisamment volumineuse, elle est composée d’un amas désordonné de fibres de collagène de type 1, normalement absentes de la tunique albuginée, causant la rétraction de la plaque.
Cette rétraction entraîne un raccourcissement du pénis en longueur et en largeur, provoquant une courbure ou une déformation du pénis en sablier. Lorsque la plaque est circulaire ou presque et entoure complètement le corps caverneux, elle contraint les tissus et perturbe la circulation sanguine. Cela explique pourquoi de nombreux hommes ressentent une érection normale jusqu’au niveau de la plaque, mais un manque de rigidité au-delà, car le sang circule mal dans le corps caverneux.
Ainsi, un traumatisme ou des microtraumatismes répétés peuvent aboutir à une perte de souplesse due à la formation de cette plaque, ce qui est à l’origine de la maladie de Lapeyronie.
Les traitements proposés pour la maladie de Lapeyronie ciblent la décomposition du collagène anormal ou la régénération d’un tissu sain et souple. C’était le cas avec le médicament Xiapex qui contient de la collagénase, une enzyme qui brise le collagène. Les injections de Vérapamil et de PRP (plasma riche en plaquettes) visent, quant à elles, à stimuler la formation d’un nouveau tissu élastique. Ces approches thérapeutiques sont conçues pour restaurer la flexibilité du tissu pénien affecté par la maladie.
L’alcool: un facteur de risque connu
Consommer de l’alcool en grande quantité avant les rapports sexuels peut avoir des conséquences néfastes avec un risque de développer la maladie de Lapeyronie. L’alcool, lorsqu’il est consommé en excès, peut provoquer des blessures à la verge. Ces blessures peuvent ensuite devenir des points de départ potentiels pour le développement de la maladie de Lapeyronie.
Il est donc crucial de prendre en compte ces risques et de consommer de l’alcool de manière modérée, surtout dans le contexte de la maladie de Lapeyronie. Si vous avez des préoccupations concernant votre santé sexuelle ou la consommation d’alcool, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.
Le tabagisme : une influence néfaste sur la santé pénienne
Le tabagisme est reconnu comme un facteur classique contribuant à la maladie de Lapeyronie, notamment chez les patients qui fument régulièrement et en grande quantité, souvent plus d’un paquet de cigarettes par jour.
Cette habitude entraîne un stress oxydatif dans les tissus, y compris ceux de la verge, ce qui peut mener à la formation de tissu cicatriciel en raison d’une diminution de l’oxygénation des tissus. En conséquence, cette réduction de l’oxygène peut provoquer l’apparition de cicatrices, entraînant une déformation du pénis.
Il est primordial, surtout dans la phase aiguë de la maladie de Lapeyronie, de se concentrer sur l’arrêt du tabac. Mais bien que le sevrage tabagique soit essentiel, il n’est pas toujours suffisant pour obtenir un traitement de la maladie de Lapeyronie définitif.
Les autres facteurs de risque associés à la maladie de Lapeyronie
D’autres facteurs seraient impliqués dans les mécanismes de la pathologie.
Des recherches ont révélé que des affections telles que le diabète, l’obésité ou l’hypertension peuvent influencer le développement de la maladie de Lapeyronie.
Des interventions chirurgicales pelviennes, comme la prostatectomie (opération de la prostate), seraient aussi potentiellement liées à un risque accru.
La génétique jouerait également un rôle, notamment via la maladie de Dupuytren, qui augmenterait le risque de Lapeyronie en raison de dépôts de collagène similaires affectant les tendons de la main.
Le Dr André Philippe Davody est Chirurgien Urologue, inscrit depuis 1984 au tableau de l’Ordre des Médecins de la ville de Paris, spécialiste en chirurgie générale, en chirurgie urologique ainsi qu’en chirurgie robotique (Da Vinci). Il est également depuis 1999 expert près la Cour Administrative d’Appel de Paris.